Duclos-Lassalle, les pavés dans le sang
« Mes deux victoires restent de très grands souvenirs, avec en 1992, le panache du Gilbert (sic) que lon connaissait. En 1993, cest beaucoup plus une victoire à lexpérience, le métier, de ce que lon ne connaissait pas de Gilbert. » Soucieux du regard des autres, il précise quil nétait pas seulement un capitaine. « On disait souvent que jétais capitaine de léquipe Z, de léquipe Gan, de léquipe de France, mais on ne parlait pas de mon sens tactique de la course. Cette année (en 1993), je lai démontré à tout le monde. »
Pour déterminer quelle victoire fut la plus difficile, il a néanmoins un peu de mal à se faire une idée, mais ce dont « Gibus » est sûr, cest que Paris-Roubaix est une course particulière, et pas seulement parce quil sagit de la Reine des Classiques. « Jai deux places de premier, deux places de deuxième. Jai fait quatrième, cinquième, sixième, de nombreuses places dans les premiers, ce qui fait que cétait mon objectif majeur de la saison », tient-il à nous préciser. On comprend un peu mieux pourquoi un pont situé sur le parcours porte le nom de « Pont Gibus ».
Et il suffit de se pencher sur le palmarès de Duclos-Lassalle pour sapercevoir quil se faisait une spécialité des classiques. LEnfer du Nord nest dailleurs pas la seule course du genre inscrite à son tableau de chasse. Paris-Nice en 1980, mais aussi Bordeaux-Paris trois ans plus tard, ou encore le Grand Prix du Midi Libre en 1991 font partie de la bonne cinquantaine de succès du champion français. Duclos-Lassalle garde toutefois une préférence pour les pavés du Nord. « Je voulais toujours réussir Roubaix, la preuve, jen ai fait 17 en 19 ans de carrière, alors la course, je la connais ! ».
Et pour la connaître, Duclos-Lassalle en a effectué des reconnaissances. « Que ce soit à Arenberg ou ailleurs, il faut connaître lapproche, les caractéristiques de lentrée, afin de savoir si lon doit se positionner dans les premiers, si lon peut se permettre de rester au-delà de la 20e place. » Un peu comme sur le circuit de Monaco en Formule 1, il vaut mieux se trouver toujours dans les premiers pour avoir une chance de triompher.
Lorsquil y avait des nouveaux secteurs, Duclos-Lassalle ny allait jamais la veille de la course. « Il faut y aller quelques jours avant, et se donner des repères pour savoir où commencent les sections pavées ». Pour la trouée dArenberg par exemple, il sait quaprès léglise, les pavés débutent 500 mètres plus tard. « Je me repérais à des choses comme ça, à des châteaux deau, des églises, des grosses maisons, ce qui me permettait de me situer par rapport à tel ou tel secteur pavé ». Avec ce genre de détails dans la tête, Duclos-Lassalle est parvenu à simposer, à lissue de sa 14e tentative ! « Connaître un parcours vous permet de moins user de votre influx nerveux au début de la course, ce qui vous permet donc de mieux finir. Cest pourquoi on retrouve toujours les costauds dans le final. »
Et en connaisseur, lancien champion explique que la météo joue évidemment un rôle considérable. « Ce dimanche, avec un temps pareil (un grand soleil), nous aurons de la poussière, il faudra donc que les coureurs soient de véritables rouleaux compresseurs. »
Pour « Gibus », Paris-Roubaix na pas vraiment changé depuis quil y a effectué ses premiers tours de roues. « Les coureurs sont revenus au vélo traditionnel avec des jantes plates, pour éviter de trop frapper, en dehors de ça, il ny pas grand-chose qui a changé », estime le double vainqueur de la compétition.
« On a eu Frédéric Guesdon (en 1997), cette année on aura peut-être Sylvain Chavanel ! », dit-il avec un large sourire. « Je pense que les coureurs français ont pris conscience quils pouvaient gagner des Classiques, et Chavanel leur montre la voie, comme moi, et Bernard Hinault à nos époques. Avec sa deuxième place sur le Tour des Flandres, Chavanel aura un marquage très strict. Cela va se jouer entre léquipe QuickStep et Leopard. Cela peut profiter à un Hushovd ou un Flecha », dit-il impatient dy être déjà.
De notre envoyé spécial Romain Bonte
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