Cet article date de plus de treize ans.

Duclos-Lassalle, les pavés dans le sang

Double vainqueur en 1992 et 1993, Gilbert Duclos-Lassalle compte pas moins de 17 Paris-Roubaix à son actif. La patience fait sans doute partie de ses qualités, lui qui ne triomphera sur les pavés du Nord qu’à sa 14e tentative. A aujourd’hui 57 ans, le Béarnais reste toujours aussi amoureux de la reine des classiques et reste intarissable sur le sujet.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Gilbert Duclos-Lassalle lors de son sacre sur Paris-Roubaix en 1993 (BORIS HORVAT / AFP)

« Mes deux victoires restent de très grands souvenirs, avec en 1992, le panache du Gilbert (sic) que l’on connaissait. En 1993, c’est beaucoup plus une victoire à l’expérience, le métier, de ce que l’on ne connaissait pas de Gilbert. » Soucieux du regard des autres, il précise qu’il n’était pas seulement un capitaine. « On disait souvent que j’étais capitaine de l’équipe Z, de l’équipe Gan, de l’équipe de France, mais on ne parlait pas de mon sens tactique de la course. Cette année (en 1993), je l’ai démontré à tout le monde. »

Pour déterminer quelle victoire fut la plus difficile, il a néanmoins un peu de mal à se faire une idée, mais ce dont « Gibus » est sûr, c’est que Paris-Roubaix est une course particulière, et pas seulement parce qu’il s’agit de la Reine des Classiques. « J’ai deux places de premier, deux places de deuxième. J’ai fait quatrième, cinquième, sixième, de nombreuses places dans les premiers, ce qui fait que c’était mon objectif majeur de la saison », tient-il à nous préciser. On comprend un peu mieux pourquoi un pont situé sur le parcours porte le nom de « Pont Gibus ».

Et il suffit de se pencher sur le palmarès de Duclos-Lassalle pour s’apercevoir qu’il se faisait une spécialité des classiques. L’Enfer du Nord n’est d’ailleurs pas la seule course du genre inscrite à son tableau de chasse. Paris-Nice en 1980, mais aussi Bordeaux-Paris trois ans plus tard, ou encore le Grand Prix du Midi Libre en 1991 font partie de la bonne cinquantaine de succès du champion français. Duclos-Lassalle garde toutefois une préférence pour les pavés du Nord. « Je voulais toujours réussir Roubaix, la preuve, j’en ai fait 17 en 19 ans de carrière, alors la course, je la connais ! ».

Et pour la connaître, Duclos-Lassalle en a effectué des reconnaissances. « Que ce soit à Arenberg ou ailleurs, il faut connaître l’approche, les caractéristiques de l’entrée, afin de savoir si l’on doit se positionner dans les premiers, si l’on peut se permettre de rester au-delà de la 20e place. » Un peu comme sur le circuit de Monaco en Formule 1, il vaut mieux se trouver toujours dans les premiers pour avoir une chance de triompher.

Lorsqu’il y avait des nouveaux secteurs, Duclos-Lassalle n’y allait jamais la veille de la course. « Il faut y aller quelques jours avant, et se donner des repères pour savoir où commencent les sections pavées ». Pour la trouée d’Arenberg par exemple, il sait qu’après l’église, les pavés débutent 500 mètres plus tard. « Je me repérais à des choses comme ça, à des châteaux d’eau, des églises, des grosses maisons, ce qui me permettait de me situer par rapport à tel ou tel secteur pavé ». Avec ce genre de détails dans la tête, Duclos-Lassalle est parvenu à s’imposer, à l’issue de sa 14e tentative ! « Connaître un parcours vous permet de moins user de votre influx nerveux au début de la course, ce qui vous permet donc de mieux finir. C’est pourquoi on retrouve toujours les costauds dans le final. »

Et en connaisseur, l’ancien champion explique que la météo joue évidemment un rôle considérable. « Ce dimanche, avec un temps pareil (un grand soleil), nous aurons de la poussière, il faudra donc que les coureurs soient de véritables rouleaux compresseurs. »

Pour « Gibus », Paris-Roubaix n’a pas vraiment changé depuis qu’il y a effectué ses premiers tours de roues. « Les coureurs sont revenus au vélo traditionnel avec des jantes plates, pour éviter de trop frapper, en dehors de ça, il n’y pas grand-chose qui a changé », estime le double vainqueur de la compétition.

« On a eu Frédéric Guesdon (en 1997), cette année on aura peut-être Sylvain Chavanel ! », dit-il avec un large sourire. « Je pense que les coureurs français ont pris conscience qu’ils pouvaient gagner des Classiques, et Chavanel leur montre la voie, comme moi, et Bernard Hinault à nos époques. Avec sa deuxième place sur le Tour des Flandres, Chavanel aura un marquage très strict. Cela va se jouer entre l’équipe QuickStep et Leopard. Cela peut profiter à un Hushovd ou un Flecha », dit-il impatient d’y être déjà.

De notre envoyé spécial Romain Bonte

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.