Cyclisme : Vingegaard et Pogacar intouchables, des outsiders en rodage, les Français en souffrance... Le baromètre du début de saison
Paris-Nice et Tirreno-Adriatico, épreuves d'une semaine, ont marqué la fin de la première partie de la saison. Voici un baromètre des acteurs qui ont animé ces premiers mois, pour le meilleur et pour le pire, alors que le premier Monument de la saison, Milan-San Remo, aura lieu samedi 16 mars.
Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar hors catégorie
Toujours plus fort. Jonas Vingegaard (Team Visma Lease a bike), seul au monde à Tirreno-Adriatico, où il a remporté les deux étapes les plus dures et le classement général, a déjà levé les bras sept fois en 2024. C'est mieux qu'il y a un an (cinq victoires), quand le Danois avait choisi Paris-Nice plutôt que la Course des deux mers. Modeste, il a affirmé, dimanche 10 mars, qu'il n'aurait "pas gagné" sans ses coéquipiers. A voir.
"Vingegaard a été le seul à me devancer à Gran Camino, fin février, confie à franceinfo: sport le jeune grimpeur de Groupama-FDJ, Lenny Martinez. Il va encore passer un cap et sera plus fort cet été". On reverra le double maillot jaune du Tour de France début avril, au Pays basque.
Son seul rival, Tadej Pogacar (Team UAE Emirates), lui, revient. Fin février aux Strade Bianche, qu'il avait déjà gagnées en 2022, le Slovène était sur un nuage, laissant son premier poursuivant à près de 3 minutes. "Personne, sans doute, ne s'attendait à ce que j'attaque aussi tôt", avait-il estimé. Toujours en Italie, il sera l'un des grands favoris de Milan-San Remo, premier Monument de la saison, samedi, au même titre que Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck), déjà vainqueur l'an dernier.
Remco Evenepoel, Primoz Roglic, Egan Bernal : des outsiders pas (encore) au niveau
Mauvaise foi ? Le champion du monde s'est dit "très content" de sa semaine à Paris-Nice (deuxième au général, une victoire d'étape, une deuxième place, deux fois quatrième, maillot à pois et maillot vert). Il a d'ailleurs rappelé que l'an dernier, Vingegaard s'y était classé troisième avant d'enlever la Grande Boucle. Mais conscient de la tâche qui l'attend cet été, le Belge a réclamé la présence de Julian Alaphilippe à ses côtés sur les routes françaises, ce qui n'est pas prévu à ce jour.
Discret pour ses débuts avec Bora-Hansgrohe, Primoz Roglic ne s'est jamais remis des 50 secondes perdues lors du chrono par équipes de la 3e étape et s'est contenté d'une dixième place. "Nous devons encore apprendre à travailler ensemble", a convenu le Slovène, qui espère toujours ajouter une Grande Boucle à sa collection de grands Tours (un Giro, trois Vuelta). "Au début de Paris-Nice, Evenepoel et Roglic faisaient peur et on se demandait à quelle sauce ils allaient nous manger", confie Julien Jurdie, directeur sportif de l'équipe Decathlon-AG2R La Mondiale, à franceinfo: sport. Mais le Belge a été "un peu en dessous" tandis que le compatriote de Pogacar n'était "pas à 100%".
Sur les routes françaises, Egan Bernal (Ineos Grenadiers) s'est accroché (9e) mais n'a pas pu prendre d'initiatives. Son retour parmi les coureurs qui comptent sur des épreuves de trois semaines reste incertain. Faut-il ajouter Matteo Jorgenson (Team Visma Lease a bike) à la liste des outsiders pour la suite de la saison ? Sa victoire finale dans la Course au soleil, à seulement 24 ans, lui offre peut-être des perspectives."Je ne suis pas Jonas Vingegaard, je reste dans la réalité et je garde les pieds sur terre", a-t-il nuancé. Mais rien ne l'empêche d'espérer marcher dans les pas de Sepp Kuss, son compatriote qui a triomphé en 2023 à la Vuelta, tout en restant, le plus souvent, au service de Vingegaard.
Français : David Gaudu et Julian Alaphilippe en chute libre, Lenny Martinez en sauveur ?
Le contraste est douloureux. Deuxième de Paris-Nice en 2023, David Gaudu (Groupama-FDJ) a quitté la course en raison de douleurs consécutives à une chute. Jusqu'à son abandon, il s'était à peine montré. Annoncé depuis plusieurs années par son patron Marc Madiot comme le successeur de Thibaut Pinot, il peine toujours à confirmer les attentes placées en lui.
Julian Alaphilippe (Soudal Quick-Step) vogue dans la même galère. Attaqué par son patron Patrick Lefevere, l'ancien chouchou a chuté à Het Nieuwsblad puis à Tirreno, terrible métaphore du déclin qui semble rattraper le double champion du monde. A moins que Milan-San Remo, qu'il a gagné en 2019, marque le début d'un progrès.
Dans le ciel bleu, la principale éclaircie du premier trimestre 2024 est venue de Lenny Martinez (Groupama-FDJ), deux victoires (Classic Var et Trofeo Laigueglia) puis une huitième place encourageante aux Strade Bianche. "Répondre aux attentes dès le début de saison m'a libéré et permis de courir plus léger", apprécie le fils du champion olympique de cross-country, Miguel Martinez, et dont le Tour d'Espagne constitue l'objectif principal. Il y a déjà porté le maillot rouge de leader l'an dernier, avant de se classer 24e au général.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.