Cyclisme / Fraude au moteur : "il faut agir" et contrôler, même en amateur
Que vous inspire la découverte d'une fraude au moteur électrique dans une modeste course amateur ?
Gérard Blondel : "On croit rêver. C'est un coup de massue sur la tête. Parce que bon, la course de Saint-Michel-de-Double, ce sont treize participants, c'était vraiment pas la course du siècle... avec des primes qui n'en valent vraiment pas la peine. Ce sont quelques dizaines d'euros. La 3e catégorie amateurs, c'est quasiment la catégorie la plus basse en amateurs... Pour moi, c'est le refus de décliner, de vieillir. Ceux qui font cela sont des garçons qui ont roulé dans leur jeunesse. C'est vrai que se voir décliner sur le plan sportif, ça fait mal, mais bon, c'est la vie, il faut savoir raison garder. Dans une course locale, utiliser un vélo électrique, à 42 ans, c'est pitoyable..."
Pour autant, on ne tombe pas complètement des nues, on sait que cette pratique du moteur électrique existe dans le cyclisme, non ?
G.B : "On savait que ça existait. Les vélos s'y prêtent davantage. Les cadres sont plus larges, soi-disant parce que c'est du carbone, Donc certains l'utilisent, c'est sûr. Mais pour l'instant, on se focalisait surtout sur le monde professionnel. Moi-même je faisais peut-être l'erreur de focaliser un peu plus haut (niveau). Et bien non, il y en a en bas aussi. C'était pareil avec le dopage, en amateurs, même s'il n'y avait jamais de contrôle au niveau 3. Moi qui suis passé au vélo sur le tard, j'étais conscient à 60 ans de n'avoir pas les jambes d'avant. Mais certains se dopaient, c'était visible: un gars de 70 ans qui est capable de gagner une course à 50 ou 60 partants face à des jeunes de 30-40 ans, à un moment donné il y a quelque chose... Et ça, je l'ai vu !"
Que faire à partir de là ? Contrôler chaque course, à tous niveaux ?
G.B : "Déjà, il va falloir re-convaincre les sponsors pour ce genre de courses. Ca va être compliqué. Pour ce genre de courses, des mairies donnent 500, 600, parfois 1000. Mais à côté, il faut trouver d'autres sponsors. Donc on craint forcément la mauvaise publicité. A Saint-Michel-de-Double, par exemple, ça m'étonnerait qu'on refasse une course l'an prochain... Il va aussi falloir convaincre les jeunes que tout n'est pas noir dans le vélo, qu'il y a des gens qui font du vélo naturellement. C'est dur pour les gamins d'avoir en face de soi un gars de 42 ans avec un électrique. Moi je mise beaucoup sur la réaction de la FFC au niveau national: il faut arrêter de parler, il faut agir. Il faut se donner les moyens fiables de contrôler les vélos plus facilement, pas qu'au niveau professionnel, en amateurs aussi, c'est-à-dire descendre sur des courses comme à St-Michel-de-Double de temps en temps, pour contrôler et empêcher les tricheurs d'agir. Mais ça coûte cher".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.