Cyclisme : Alaphilippe, Covid-19, Slovénie, ce qu'il faut retenir de la saison 2020
• Le cyclisme a bien résisté à la Covid-19
A la veille des Strade Bianche, la première course de l'après-covid le 1er août dernier, le monde du cyclisme nageait dans l'expectative. Le condensé de courses concocté par l'UCI pour sauver la saison 2020 apparaissait même comme une montagne infranchissable. Trois Grands Tours, cinq monuments, des championnats du monde, ainsi que plusieurs classiques et courses par étape, le tout dans un contexte de rebond de l'épidémie dès la fin du mois d'août... Les voyants étaient, au mieux, orange écarlate pour le cyclisme mondial.
Quatre mois plus tard, le bilan est plus qu'honorable : mis à part Paris-Roubaix (annulé), des mondiaux déplacés, des courses un peu rabotées, le pari est réussi. Sur le Tour de France et la Vuelta, il n'y a quasiment pas eu de contaminations. Le Giro a été en alerte pendant quelques heures, mais la course a fini par aller au bout. Quant aux monuments et aux classiques, elles ont presque toutes été organisées et, surtout, ont offert de très beaux moments de sport. Plus qu'en football ou en rugby, les protocoles sanitaires ont permis le bon déroulement de la saison, sans réel accroc.
• Derrière un Alaphilippe historique, les Français ont de la ressource
S'il devait subsister de cette saison une seule image, ce serait celle-là : Julian Alaphilippe, vêtu de son nouveau maillot arc-en-ciel, les yeux levés vers le ciel sur le podium des mondiaux. Le Français a décroché la timbale des championnats du monde en septembre, grâce à une fin de course pleine de panache et d'audace. C'est aussi dans son style qu'il est allé de nouveau chercher le maillot jaune sur le Tour de France en août, et son premier succès sur la Flèche Brabançonne. Parce qu'il ne fait jamais rien dans la demi-mesure, il a également connu d'immenses désillusions en levant les bras trop tôt sur Liège-Bastogne-Liège, avant une terrible chute sur le Tour des Flandres.
Arnaud Démare est l'autre grande satisfaction côté français. Le sprinteur a changé de dimension cette année, en dominant fréquemment les autres pointures du sprint mondial. Quatre victoires sur le Giro, maillot cyclamen en bonus, quatorze bouquets au total - dont deux généraux, sur les Tours de Poitou-Charentes et de Wallonie : Démare a le palmarès le plus fourni de l'année ! Nans Peters, Rémi Cavagna et Benoît Cosnefroy ont montré de belles choses, tout comme Florian Sénéchal.
En revanche, les Français ont globalement déçu sur le général des Grands Tours. Thibaut Pinot et Romain Bardet n'ont pas brillé, entre malchance et contre-performances. Pinot est tombé dès la première étape sur le Tour de France, et, diminué, a terminé la Grande Boucle dans les profondeurs du classement. Toujours blessé, il a dû abandonner dès la 3e étape sur la Vuelta. Bardet est lui aussi tombé sur le Tour, qu'il a dû quitter dès la 13e étape. Seuls Guillaume Martin et David Gaudu se sont distingués : pour le premier, 11e sur le Tour de France, 14e et maillot de meilleur grimpeur en Espagne. Pour le second, une très belle 8e place sur la Vuelta et surtout deux grandes victoires d'étape en haute montagne.
• La Slovénie règne en maître sur le cyclisme
C’est incontestablement la nation de cette année 2020 : à eux deux, Primoz Roglic et Tadej Pogacar ont remporté 21 victoires dont le Tour de France et le Tour d’Espagne cette année, rien que ça. Ajoutez-y la victoire d'étape de Jan Tratnik sur le Tour d’Italie, et vous avez une nation grande comme deux fois la Corse qui a inscrit son nom sur presque toutes les grandes courses du calendrier 2020.
L’un s’est affirmé comme l'un des patrons du cyclisme mondial (Roglic), l’autre a tout fracassé pour sa deuxième année chez les pros (Pogacar), allant même jusqu’à remporter la veille de ses 22 ans la plus grande course du monde, le Tour de France, devant… Roglic. On pensait la colonie colombienne (Quintana, Uran, Bernal, Lopez) prête à tout dévorer, il faudra désormais compter sur un redoutable duo slovène dans l’équation.
• Les classiques à la croisée des chemins entre ancienne et nouvelle génération
Cette année 2020 a également marqué un tournant sur les classiques : les inoxydables Peter Sagan (une victoire en 2020) et Alejandro Valverde (aucune victoire) ont semblé accuser le coup. Il n’en fallait pas plus à Marc Hirschi (victoire sur la Flèche Wallonne, une étape sur le Tour de France) et Remco Evenepoel (bien placé sur le Tour de Lombardie avant sa terrible chute, vainqueur de 4 courses par étapes) pour venir donner un coup dans la fourmilière.
Wout Van Aert (Milan - San Remo, Strade Bianche, 6 victoires en 2020) et Mathieu Van der Poel (Tour des Flandres, BinckBank Tour) ont eux définitivement apposé le sceau de leur statut de meilleurs coureurs de classiques du peloton. Un statut qu'ils partagent avec un certain Julian Alaphilippe, malheureux sur le Tour des Flandres, mais ivre de bonheur avec son maillot de champion du monde.
• Ineos est rentré dans le rang mais continue à gagner
Ces dernières années, les pronostics du futur vainqueur du Tour de France portaient davantage sur les différents coureurs d’Ineos que sur les autres coureurs du peloton : Bernal ? Thomas ? Froome ? Cette année, pour la première fois depuis 2014, la Grande Boucle est sortie du territoire de la couronne britannique. Inférieure collectivement à Jumbo-Visma, la formation Ineos est rentrée dans le rang en 2020, laissant la place d’alpha du peloton à la formation néerlandaise.
Mais Ineos a de la ressource, et même plus que ça. Les hommes de Dave Brailsford ont arraché in extremis un Grand Tour grâce à la victoire surprise de Tao Geoghegan Hart sur le Giro. Avec 19 victoires, elle se classe sixième équipe sur la saison, une progression de trois rangs. Après la reprise, les trois leaders n’ont pas été à la hauteur de leur statut, mais Ineos a pu compter sur Filippo Ganna (champion du monde du chrono, quatre étapes sur le Giro), Michal Kwiatkowski (une étape sur le Tour de France) et Richard Carapaz (2e du Tour d’Espagne).
Par Théo Gicquel et Guillaume Poisson
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