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Critérium du Dauphiné : Egan Bernal, pas si bluffeur que ça

Seulement 14e de la 3e étape du Dauphiné ce vendredi, Egan Bernal a perdu un peu de temps face à ses principaux rivaux pour le classement général. A trois semaines du Tour de France, le tenant du titre n’a probablement pas encore atteint sa forme optimale mais, contrairement à l’an dernier, il ne dégage pas une impression de surpuissance.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (GUILLAUME HORCAJUELO / EPA)

Décalé à des dates inédites, dans un contexte inédit, le Critérium du Dauphiné n’a pas troqué son habituel rôle de baromètre des états de forme avant le Tour de France. Bien au contraire, l’épreuve alpine attire cette année bien des regards intéressés après plus de quatre mois d’interruption des courses. Libéré de la concurrence du Tour de Suisse, le Dauphiné affiche un des plateaux les plus denses de son histoire puisqu’il fourmille de prétendants affamés à un potentiel sacre sur la Grande Boucle en septembre.

En retrait face au monstre Roglic

Après ses trois premières étapes, la course a déjà révélé quelques enseignements. Le plus évident concerne l’état de forme effrayant de Primoz Roglic et plus largement de son équipe, la Jumbo-Visma. Jeudi, le Slovène n’a même pas eu à se lever de sa selle pour faire exploser le groupe des favoris au sommet du Col de Porte. Ce vendredi, il a encore maté ses principaux rivaux au classement général, consolidant son maillot jaune. Roglic est aujourd’hui considéré par les bookmakers comme le grand favori du Tour.

Il faut dire qu’il sort tout juste d’un Tour de l’Ain auréolé d’un succès au classement général et de deux victoires d’étapes en trois jours de course. Le vainqueur de la dernière Vuelta a tout simplement donné la leçon à Ineos et surtout à Egan Bernal, celui qu’il considère comme étant son “principal rival” sur la prochaine Grande Boucle. Dimanche dernier, sur les pentes du Grand Colombier, il s’était amusé à descendre au niveau d’un Bernal en queue de groupe pour lui montrer qu’il veillait au grain.

  (LAURENT THEVENOT / MAXPPP)

Après avoir donné l’impression d’être au rupteur, le Colombien avait finalement placé une attaque dans le final et seulement concédé quatre secondes sur la ligne face à Roglic. Bluffait-il ? Peut-être, peut-être pas. Mais ce vendredi, sur la troisième étape du Dauphiné, le leader du Team Ineos a livré un premier signe tangible de faiblesse, décrochant du groupe des favoris à 500 mètres de l’arrivée. Si l’image a échappé aux caméras, focalisées sur l’arrivée triomphale du solitaire Davide Formolo, c’est une silhouette dégingandée, meurtrie par l’effort, qui a coupé la ligne à Saint-Martin-de-Belleville.

12 favoris devant lui ce vendredi

Egan Bernal a tout fait pour limiter les dégâts et il est finalement arrivé 14e de l’étape, 13e parmi les favoris placés au classement général. S’il ne perd que neuf secondes sur la ligne, le Colombien a terminé derrière son coéquipier Pavel Sivakov, qui ne l’a pas attendu, et il compte déjà 31 secondes de retard sur le leader Primoz Roglic. A deux étapes de la fin du Critérium du Dauphiné, le natif de Zipaquira se contente d’une 7e place au classement général, derrière Pinot, Buchmann, Martin, Landa et Martinez.

Egan m’a dit qu’il ne se sentait pas très bien aujourd’hui. Il a eu une journée difficile mais ce n’est pas un problème (...). Il reste encore beaucoup de chemin jusqu’au Tour, particulièrement pour la troisième semaine. On a le temps, ça ne sert à rien de stresser ou de s’inquiéter”, fort d’un succès convaincant sur le Tour de Suisse. Rohan Dennis, le seul adversaire ayant pu se mêler à la lutte pour le général, s’était incliné de 20 secondes face au prodige colombien, en dépit de deux contre-la-montre. En cette année 2020, très particulière, le grimpeur de 23 ans a été contraint à revoir son programme. Depuis le 1er août, Ineos l’a aligné sur la Route d’Occitanie, sur le Tour de l’Ain et donc sur le Dauphiné : en bref, un programme très lourd.

Egan Bernal est d’ailleurs le seul à avoir couru les trois courses parmi les favoris, aux côtés de Richie Porte. Cet enchaînement pourrait en partie expliquer l’impression de fatigue ressentie devant les images de la retransmission télé. Il pourrait aussi expliquer pourquoi le Colombien a été asphyxié par le train imprimé par son coéquipier Michal Kwiatkowski dans le Col de Porte jeudi.

Deux défis se présentent au Team Ineos : aider Egan Bernal à être au meilleur de sa forme sur le Tour de France, mais aussi trouver un moyen de rivaliser puis de prendre le dessus sur le train impressionnant de la Jumbo-Visma. Bernal a besoin de soutien en montagne et la hiérarchie dans son équipe n’est pas encore claire. Geraint Thomas et Chris Froome ne sont plus (ou pas en ce moment) des premiers choix. En plus de lutter avec une pléiade de favoris, il va devoir parfaire son entente avec Pavel Sivakov ce week-end.

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