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Courons sous la pluie !

Après deux semaines et demie de soleil et de chaleur, le peloton change radicalement de registre pour l’ultime étape pyrénéenne. C’est en effet sous la pluie et le froid que les coureurs affrontent, pour la deuxième fois en trois jours, le Col du Tourmalet. Des conditions climatiques difficiles à gérer et qui peuvent opérer une véritable sélection naturelle.
Article rédigé par franceinfo
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Il est 11h10, au village départ de Pau, quand Jérôme Pineau descend du bus de la Quick Step. Bonnet vissé sur la tête. Après la canicule des deux premières semaines, cette image a de quoi interpeller. "Les coureurs vont endurer une baisse de près de vingt-cinq degrés lors de l’étape du jour, explique Gérard Guillaume, médecin de la FDJ. Cela va être une dure épreuve pour des organismes déjà bien fatigués". Dans ces conditions, les cols de Marie-Blanque, du Soulor et du Tourmalet ne sont pas des parties de plaisir. Les coureurs doivent donc être vigilants. Notamment en s’habillant de manière adaptée. "Il faut bien préparer son sac de pluie, confirme Jean-Patrick Nazon, vainqueur de deux étapes sur le Tour de France en 2003 et 2004. On y met des gants, un imperméable, un gilet, un bonnet. Il faut en prévoir deux afin d’en mettre un dans chaque voiture de course". Cet équipement est primordial pour éviter le coup de froid. Un coup de froid qui peut être avant tout musculaire. "Dans ce type de conditions climatiques, les muscles peuvent de refroidir et se contracter. Du coup, on a les jambes dures et les efforts deviennent douloureux, souligne Stéphane Goubert, professionnel entre 1994 et 2009. Pour empêcher ça, les coureurs peuvent mettre de petites jambières ou appliquer du gel chauffant".

Le principal problème des coureurs face au froid réside dans leur physique. Comme l’explique Mathieu Guilbaud, médecin de la formation française Cofidis : "Les coureurs ont très peu de masse grasse, ils n’ont donc pas beaucoup de gras pour les protéger du froid. C’est pour cette raison qu’ils doivent être vigilants et se couvrir rapidement quand les conditions se dégradent". Au-delà des précautions vestimentaires prises avant le départ, les coureurs ont également de petits gestes pour mieux supporter la baisse des températures. "Avec les bidons d’eau, on nous donne aussi un peu de thé chaud", confirme Jean-Patrick Nazon. Et Gérard Guillaume, médecin de la FDJ, d’ajouter : "Certains utilisent également du papier journal pour se couper encore un peu plus du froid". Pour lui, si les étapes de montagne sont bien évidemment difficiles quand le climat fait des siennes, "le plus compliqué à gérer sont les descentes. D’abord parce que, quand il pleut, les risques de chute sont très importantes, mais aussi parce que le coup de froid guette en raison de la vitesse et du vent". L’humidité peut effectivement "ramener de la route des microbes qui passent alors par les voix nasales ou les yeux", rappelle Mathieu Guilbaud. "C’est un risque majeur, estime pour sa part Gérard Guillaume. Et j’espère ne pas récupérer de "bronchiteux" à la fin de l’étape".

Si le physique peut être mis à mal, le mental est également malmené quand les conditions climatiques se durcissent. "C’est désolant, pas motivant !", lâche Jean-Patrick Nazon. Mais pour Jérôme Pineau, "le cyclisme est un sport d’extérieur et le temps est difficile pour tout le monde … même si certains encaissent mieux que d’autres". Avant de conclure avec un franc sourire : "Les coureurs, c’est comme les agriculteurs, ça pleure tout le temps. Il faut juste un peu de courage et penser qu’on est à Paris, sur les Champs-Elysées, dans deux jours. Ca remotive immédiatement !"

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