Coronavirus : des cyclistes amateurs s'improvisent livreurs de médicaments dans l'arrière-pays niçois
Depuis maintenant plus de 15 jours, ils pédalent pour la bonne cause. Ils sont quatre cyclistes amateurs à arpenter les vallées des Alpes-Maritimes pour livrer des médicaments aux personnes les plus isolées. Parmi eux, Cédrick Dubois, coureur cycliste de 45 ans, de l’équipe Granfondo France et spécialiste des cyclosportives - des courses similaires aux étapes du Tour de France, endurantes au profil alpin - et Julien Amadori, cycliste de 27 ans de l’équipe guadeloupéenne CSCA propreté 2000. Les deux Azuréens ont répondu à l’appel lancé par un pharmacien de l’Escarène (Alpes-Maritimes), Thibault Tchilinguirian, et ami de Cédrick Dubois. “Il nous a proposé de l’aider à livrer des médicaments pour le soulager face à la forte demande de livraisons. Dans les Alpes-Maritimes, il y a beaucoup de personnes âgées qui habitent dans des lieux assez isolés et un peu montagneux. L’accès y est facile en vélo et nous on connaît bien le terrain”, explique Cédrick Dubois.
“Faire du vélo pendant le confinement, ce n’est pas très bien vu, même pour aller au travail”
Son ami pharmacien lui a donc fait un contrat de travail bénévole, comme il est possible de le faire dans l’agriculture par exemple, et qui permet aux cyclistes d’être couverts et d’avoir accès à un justificatif de déplacement. “Faire du vélo pendant le confinement, ce n’est pas très bien vu, même pour aller au travail, indique Cédrick Dubois. Il a d'ailleurs fallu que je m'explique une fois avec les gendarmes qui m’ont contrôlé sur un des trajets de livraison. Ils ont jugé que ma tenue était trop sportive. Ils sous-entendaient que je m'entraînais”, poursuit le coureur et... policier de profession.
Des livraisons tous les jours
L’organisation mise en place par le pharmacien est simple. Les clients passent commande par téléphone directement à la pharmacie. Les livreurs, eux, se coordonnent grâce à un fichier en ligne sur lequel est indiqué les livraisons à effectuer. Ils s’inscrivent ensuite suivant les disponibilités de chacun. “Nous effectuons des livraisons tous les jours. Après avoir pris connaissance de la trame de livraison, nous étudions le meilleur circuit pour ne pas perdre de temps. Car la zone de l’arrière-pays niçois est assez étendue avec des vallées, et quelques villages peuvent se situer à 600 ou 700 mètres d’altitude”, explique celui qui a l’habitude des cyclosportives. Cédrick Dubois peut faire jusqu’à une centaine de kilomètres dans une journée de livraison.
Julien Amadori, lui, effectue en moyenne quatre livraisons par jour pour des trajets oscillant entre 30 et 80 kilomètres. Employé à mi-temps à la mairie de L’Escarène, ses après-midis sont depuis quelques semaines rythmés par ces livraisons. “Il est important d’aider nos anciens. On sait pédaler, alors autant rendre ce service”, explique celui dont le palmarès est déjà bien garni avec une victoire d’étape au tour du Togo, au tour de La Réunion, ou encore un maillot du meilleur grimpeur au tour du Sri Lanka.
Des gestes barrières respectés
Ces livreurs bénévoles prennent soin de respecter les gestes barrières et s’assurent de ne pas être en contact avec les clients. “Quand on arrive sur place, soit on sonne à leur porte, soit nous les appelons pour leur dire qu'on est là et qu'on leur dépose leurs médicaments vers le portail ou la boîte aux lettres. Et bien sûr, nous sommes munis d'un masque et de gel hydroalcoolique”, précise Cédrick Dubois.
Les contacts avec les clients sont donc compliqués et pour beaucoup d’entre eux, ils ne savaient pas que ces livreurs étaient à vélo. “Depuis qu'il nous ont vus dans le journal local, ils savent que nous nous déplaçons à vélo et même, nous attendent. Mais ils ne réalisent pas qu’on peut faire jusqu’à 100 km par jour”, sourit Cédrick Dubois. Avec la crise du coronavirus, ce policier est à mi-temps, ce qui lui libère du temps pour les livraisons. “Peut-être qu’avec le déconfinement je vais réduire les jours de livraisons mais je vais continuer au-delà du 11 mai pour ne pas que les plus fragiles s’exposent”, assure-t-il. Une volonté partagée par Julien Amadori. “On va continuer jusqu’au 11 mai et même au-delà. Tant qu’il y a aura de la demande, nous serons là.”
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