Contrôle antidopage, mode d’emploi
La lutte antidopage ne cesse de progresser et tous les observateurs du cyclisme s’accordent à dire que « la situation s’est clairement améliorée depuis quelques années », comme le dit Olivier Banuls. Le manager de la CADF a accepté de nous décrire la procédure d’un contrôle antidopage sur la Grande Boucle, même s’il s’est montré discret sur certains chiffres (comme le nombre total de contrôles effectués sur ses trois semaines).
Des coureurs ciblés
« Les coureurs choisis le sont pour plusieurs raisons », confie Olivier Banuls qui décide de la stratégie à suivre. « Tous les jours, le vainqueur de l’étape et le porteur du maillot jaune sont contrôlés. Après, ça peut être par tirage au sort pour quelques coureurs, mais c’est souvent parce qu’on a des informations », explique-t-il. « On cible certains coureurs. Notre travail est d’utiliser les données fournies par le passeport biologique. On assure un suivi de contrôle. Les coureurs peuvent être contrôlés sur la course et en dehors, à leur hôtel par exemple ».
« Il faut des éléments concrets », poursuit Olivier Banuls. « On ne peut pas contrôler tout le monde à l’aveugle et sans garantie de résultat alors que cela a un coût important (un coût élevé mais confidentiel payé par l’organisateur, ASO, Amaury Sport Organisation) ».
Formulaire de contrôle
Le contrôle proprement dit, qui est en fait une analyse d’urine (même si des tests sanguins peuvent également être menés si besoin), peut alors s’effectuer. « Il y a un protocole à suivre », décortique notre interlocuteur. « Sitôt l’arrivée de l’étape, le coureur a 30 minutes pour venir effectuer son contrôle. S’il n’est pas concerné par la cérémonie protocolaire (s’il n’a pas gagné l’étape ou s’il ne porte aucun maillot distinctif), le coureur est escorté de la ligne d’arrivée directement à l’espace antidopage ». « Lors de la procédure, un médecin préleveur est présent ainsi qu’un agent de contrôle qui établit un formulaire de contrôle. Le coureur peut être accompagné d’une personne de son équipe », souligne Olivier Banuls, très précis dans ses explications.
Deux échantillons pour une éventuelle contre-expertise
Le prélèvement d’urine s’effectue alors. Une fois terminé, « deux échantillons sont gardés, un échantillon A et un échantillon B qui servira éventuellement pour une contre-expertise en cas de contrôle positif », détaille-t-il. « Parfois, il faut attendre un peu car le coureur n’a pas envie d’uriner. Dans ces cas-là, il doit boire un peu d’eau pour accélérer les choses, mais pas trop pour ne pas diluer l’urine prélevée ». Les coureurs sont rodés. Ca fait partie des habitudes.
Résultat dans les 72 heures
Après, il convient d’attendre le verdict pour savoir si le coureur a triché en absorbant des substances illicites (EPO, corticoïdes, amphétamines, stéroïdes anabolisants…etc) : « En règle générale, dans quasiment tous les cas, l’échantillon B confirme l’échantillon A. Si le coureur est positif, cela lui est notifié très rapidement ». « Le résultat du contrôle est connu dans les 72 heures qui suivent », ajoute-t-il, le laboratoire effectuant le test étant habitué (il s’agit le plus souvent du labo de Châtenay-Malabry -département des analyses de l’AFLD, l’agence française de lutte antidopage- mais d’autres labos peuvent être amenés à effectuer des analyses et apporter leur expertise).
« Des analyses standards sont effectuées sur la base d’un menu donné par l’AMA (l'Agence Mondiale Antidopage) mais nous pouvons demander au laboratoire de faire des analyses supplémentaires », conclut Olivier Banuls.
*L'UCI, l’Union Cycliste Internationale, et l'AFLD, Agence Française de Lutte Antidopage, ont signé une convention de partenariat pour quatre grandes courses françaises du calendrier UCI, dont le Tour de France. L'UCI et l'AFLD travaillent donc en étroite coopération pour définir la stratégie antidopage et effectuer les contrôles. La collaboration est excellente.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.