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Contador à l'économie

Alberto Contador devrait encore gagner le Tour de France mais cette fois, il était moins fort. L'Espagnol n’a pas remporté d’étape et a reconnu samedi avoir souffert ces trois semaines pour arriver sur les Champs-Elysées avec 39 secondes d'avance sur Andy Schleck. Moins fort que les années précédentes, l'Espagnol a usé de la guerre psychologique pour anesthésier ses rivaux. Le coureur de 27 ans a parfaitement géré ce Tour.
Article rédigé par franceinfo
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Ce n'est pas le coureur souverain des années 2007 et 2009 qui s'est exprimé sur les routes de la Grande Boucle 2010. Ses attaques n'ont pas eu le tranchant habituel en montagne. Il n'a pas remporté d'étape. Pour creuser un écart décisif, il a profité d'un incident mécanique d'Andy Schleck dans la montée de Port de Balès pour reprendre les 39 secondes de retard, ce qui est exactement l'écart à l'arrivée. D'habitude brillant et instinctif, l'Espagnol a dévoilé des facettes encore plus inquiétantes pour la concurrence: la roublardise et l'opportunisme. Son emprunte sur la course était si forte qu'un seul coureur l'a vraiment agressé, Schleck en l'occurrence. Clairement moins en jambe, il a su déjouer tous les pièges. Avec le brin de réussite en plus du champion.

Coureur le plus complet du peloton, Contador a cependant cru, lors du contre-la-montre Bordeaux-Pauillac, qu'il devrait céder son maillot jaune au Luxembourgeois à l'issue de ce qui a été pour lui la plus dure journée de vélo de l'année. "Je n'étais vraiment pas bien, j'ai mal dormi, j'avais mal au ventre", a-t-il dit samedi. "Pour être honnête, on m'a dit qu'Andy n'était plus qu'à cinq secondes (au classement général virtuel) et j'ai commencé à paniquer. Je me suis dit "Mon dieu, mon dieu, c'est fichu". J'ai eu des doutes jusqu'à l'arrivée."

"Cette année, il y a eu des moments où je n'étais pas vraiment bien. C'était le cas aujourd'hui. Mais cette année, ça n'a pas été facile du tout." Plusieurs fois cette saison, Contador a souffert de problèmes respiratoires en raison d'allergies, notamment lors du Critérium International en mars et même durant le Tour. Ces problèmes expliquent en partie la course de gestionnaire menée par l'Espagnol. A ses yeux, il n'y a pas de doute: c'est l'une des raisons de sa baisse de régime cette année, ainsi qu'une préparation perturbée juste avant le Tour. "J'étais sous antibiotiques, j'avais pris froid avant les championnats d'Espagne (fin juin), cela a pu avoir une influence (…) Je ne suis peut-être pas arrivé dans la meilleure forme. Il y a des jours où j'ai gagné le Tour et d'autres où j'étais moins bien."

L'écart qui s'est considérablement réduit avec Schleck est donc dû, selon le coureur d'Astana, plus à sa baisse de forme qu'à la progression du meilleur jeune du Tour. "Il est d'un niveau similaire à celui de l'année dernière. C'est moi qui n'étais pas au même niveau que l'année dernière. Mais j'ai la victoire, c'est ce qui compte." Pour le coureur de Pinto, dans la banlieue de Madrid, ce succès est "une libération". D'ailleurs, l'émotion était visible sur le podium de Pauillac. Contador n'était pas au top. Il le savait et seul Andy Schleck parmi la concurrence en était persuadé. "Vous ne pouvez pas imaginer actuellement le soulagement que c'est pour moi", a reconnu Contador. Moins souverain, il a changé de tactique, se montrer plus intelligent et sûr de sa force. "Mentalement c'était compliqué. Il fallait être concentré en permanence. C'était une course à l'économie. On a géré. Choisir les coureurs que je devais suivre, c'est ça le secret de la victoire." (Avec Reuters)

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