Cipollini rattrapé par l'affaire Puerto
2002. Une grande année pour Mario Cipollini. Victoires lors de Milan-San Remo et Gand-Welvegem, six succès d'étape et le classement par points du Giro, trois étapes sur la Vuelta et surtout le titre de champion du monde à 35 ans, le tout ponctué du Vélo d'or honorant le meilleur coureur de la saison. Mais le mythe s'est écroulé, samedi, à la une de la Gazzetta dello Sport.
Transfusion, EPO et hormones
"Maria" ou "MC". C'est ainsi que l'homme de Lucques apparaît dans les fichiers du docteur Eufemiano Fuentes, tel que le révèle le quotidien sportif italien, document exclusif à l'appui. La Repubblica avait déjà fait part des soupçons dès août 2006 car un "Pavarotti" – une référence à son statut de ténor du sprint - apparaissait dans les premiers fichiers saisis chez Eufemiano Fuentes, médecin au coeur d'un vaste réseau de dopage sanguin démantelé lors de l'opération Puerto cet été-là.
Numéro de fax de sa résidence, des codes à gogo sur les fichiers et les poches de sang retrouvées, des virements : les preuves avancées par la Gazzetta sont accablantes à défaut d'avoir été infirmées par le principal intéressé. Comme Jan Ullrich, Ivan Basso, Alejandro Valverde et tant d'autres, Cipollini aurait donc eu recours aux services du médecin espagnol. Jusque-là, l'Italien aux 189 victoires, retraité définitivement en 2011, avait échappé aux sanctions et poursuites, bien que son nom ait déjà été évoqué dans les affaires entourant Michele Ferrari, l'autre médecin du dopage. Si le procès qui se tient à Madrid pour "crime contre la santé publique" ne concerne nullement les affaires de dopage, l'image, souvent glamour, de Cipollini va en prendre un coup.
Un titre mondial bien préparé
La Gazzetta présente notamment un tableau tenu par le Dr Fuentes. L'auto-transfusion n'est pas la seule pratique interdite que la Gazzetta attribue à Super Mario. Mois après mois, jour après jour, la fusée transalpine aurait reçu des injections d'EPO, d'hormones et de stéroïdes. Les doses, les taux d'hématocrite, tout était scrupuleusement noté par Fuentes qui indiquait également les périodes de compétition et les intervalles de jour où le coureur ne devait rien prendre. L'absence de contrôle inopiné à l'époque facilitait le suivi sur l'année.
Mais les documents de la Guardia Civil mettent également en avant une manipulation du Toscan. Alors qu'il avait annoncé à la surprise générale sa retraite en juillet 2002, il avait en fait commencé sa prise de stéroïdes anabolisants deux semaines auparavant avant d'enchaîner avec une prise d'hormones et une nouvelle transfusion en fin de mois. Il avait alors pris part à la Vuelta début septembre avant d'abandonner pour préparer les Mondiaux. C'est-à-dire de se faire réinjecter du sang propre entre le 20 et le 24 septembre 2002, trois semaines avant d'endosser le maillot arc-en-ciel à Zolder, et une dernière transfusion le 9 octobre à Salice Terme juste avant de s'envoler pour la Belgique.
La Gazzetta dello Sport a souhaité obtenir une réponse de Cipollini, mais celui-ci souhaite voir les documents avant de se prononcer. Dans la soirée de samedi, l'avocat de Cipollini - Giuseppe Napoleone - a tenu à démentir ces accusations: "Je démens catégoriquement les accusations absurdes et infondées contre mon client. Cipollini est prêt à toute confrontation hématologique avec les 99 sacs (de sang) qui restent à identifier (par la justice)".
La Guardia Civil avait découvert 206 poches de sang dans l'appartement madrilène du docteur Fuentes. 99 ont été identifiées dont une majorité de coureurs. Mais des joueurs de tennis ainsi que des footballeurs pourraient avoir fait appel aux services du médecin. Le procès qui se tient à Madrid a déjà mis en évidence des liens entre le club de la Real Sociedad et Fuentes. Le premier pas avant le grand déballage.
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