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Armstrong déchu

L'Union cycliste internationale (UCI) a décidé de suspendre à vie Lance Armstrong, et lui a retiré son palmarès depuis août 1998, effaçant de ce fait les sept victoires du Texan du palmarès du Tour de France. C'est donc sans véritable surprise que l'UCI a choisi de suivre l'Agence antidopage américaine (Usada), sans faire appel au Tribunal arbitral du sport (TAS).
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
Lance Armstrong (GABRIEL BOUYS / AFP)

Pat McQuaid: "Armstrong n'a aucune place dans le cyclisme"

"Je dois dire et admettre, qu'en tant (qu'ancien) cycliste et étant issue d'une famille de cyclistes, j'ai été écoeuré par ce que j'ai lu dans le rapport de l'Usada", a indiqué McQuaid lors d'une conférence de presse à Genève. "Le cyclisme a vécu des heures très très dures après le rapport de l'USADA", a-t-il poursuivi. "Ce n'est pas la première fois que le cyclisme est confronté à une telle situation, mais les fans doivent être rassurés que le sport va prendre un nouveau tournant". "Armstrong n'a aucune place dans le cyclisme", a ajouté le patron de l'UCI. Les décisions qui ont été prises ne concernent que le coureur américain, l'affaire du docteur Ferrari "n'étant pas au centre des débats du jours". "La lutte contre le dopage reste ma priorité. Je veux changer cette culture du dopage. Le cyclisme a changé. Il y a des preuves que cette culture du dopage a changé et je suis conforté dans ce sentiment que ces pratiques ont changé. Je ne veux pas démissionner de mes fonctions", a-t-il ajouté.

Pas de preuve impliquant l'UCI avant 2005

"A la fin des années 1990, le vélo a énormément changé. A cette période là, nous n'avions pas les éléments pour prendre une telle décision", a expliqué MCQuaid, alors interrogé sur le rôle de l'UCI. Car selon l'Usada, l'UCI aurait même aidé Armstrong à camoufler un contrôle positif à l'EPO en 2001. "Je n'étais pas président à l'époque et je ne peux donc savoir ce qui s'est passé, mais si je dois m'excuser au nom de l'UCI, je le fais, je m'excuse", a déclaré McQuaid. Pour prendre sa décision, l'UCI s'est donc appuyée sur un rapport de l'Usada comportant 202 pages accompagnés de quelque 1000 pages de témoignages et études. "Avant 2005, il n'y a pas de preuve évidente impliquant l'UCI", a expliqué l'avocat de l'UCI.

L'UCI doit statuer sur la réattribution des titres

"Nous sommes responsables de la promotion et du développement du vélo dans le monde entier, et nous allons continuer à utiliser les têtes d'affiche pour promouvoir notre sport. Évidemment, cette affaire est très triste pour notre sport et on ne sait jamais, cette affaire pourrait toucher dans l'avenir d'autres stars", a admis le patron de l'UCI. Si les sept titres du Tour de France (1999, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004 et 2005) sont d'ores et déjà retirés à Lance Armstrong, l'UCI doit encore statuer sur les titres laissés vacants et l'éventuelle réattribution de ces titres à un autre coureur.

Prudhomme: "Il doit y avoir un palmarès en blanc"

Du côté d'Amaury Sport Organisation (ASO), la société qui gère la Grande Boucle, le message est clair. "Nous souhaitons qu'il n'y ait pas de lauréat sur ces éditions. La décision formelle doit être prise par l'UCI mais pour nous, très clairement, il doit y avoir un palmarès en blanc", a affirmé le patron du Tour de France, Christian Prudhomme. Quoi qu'il en soit, l'UCI vient donc de clore définitivement "l'un des chapitres les plus sordides de l'histoire du sport", selon les termes de l'Usada.

Oscar Pereiro: "Que toute l'UCI démissionne"

Les réactions ne se sont pas faites attendre dans le monde du cyclisme après la décision de l'UCI. Dans un entretien accordé à l'AFP, Oscar Pereiro n'y va pas par quatre chemins. "Après tant d'années et avec plus de 10 millions d'euros gagnés, le fait qu'Armstrong soit sanctionné à partir de témoignages d'anciens coéquipiers et  non à travers d'autres preuves est très frustrant", a confié à l'AFP Pereiro,  qui a remporté sur tapis vert le Tour 2006. "Et si les accusations des anciens compagnons de Lance se révèlent exactes, comme quoi on les appelait pour les prévenir des contrôles, eh bien, l'UCI aussi est mêlée. Que toute l'UCI démissionne", s'est insurgé l'ancien coureur de 35 ans. "La sanction de l'UCI est cohérente d'un côté, mais triste de l'autre parce  qu'elle démontre que son système ne fonctionne pas. Ca me rend très triste pour  ce sport qui m'a tout donné", a-t-il révélé.

La FFC demande la radiation à vie de Bruyneel

De son côté, la Fédération Française de cyclisme "salue" cette décision. "La FFC considère cette décision comme un message très fort envoyé aux tricheurs et plein d’espoir pour l’immense majorité des coureurs qui pratiquent leur sport sainement", indique le communiqué. Mais la FFC veut aller encore plus loin et fustige notamment le rôle de Johan Bruyneel. La FFC "se se réjouit, par ailleurs, que Johan BRUYNEEL, ait été également écarté du monde du cyclisme professionnel, et souhaite, eu égard à sa très forte implication dans le système révélé par l’USADA, que ce dernier fasse également l’objet d’une radiation à vie".

Marc Madiot renchérit

Pour Marc Madiot, grand artisan de la lutte anti-dopage, cette décision n'est "qu'une étape". "Nous ne pouvons pas nous contenter de la tête d'Armstrong", a ainsi lancé le président de la Ligue nationale de cyclisme. "Cette histoire, c'est le passé. Le présent, ce sont l'affaire Puerto qui doit être jugée en Espagne et celle de Padoue révélée la semaine dernière", a-t-il ajouté. "Nous devons connaître la vérité des deux affaires en cours pour y voir plus clair. Il faut s'attaquer aux systèmes de dopage comme l'Usada vient de le faire pour Armstrong", a poursuivi le patron de la formation FDJ. "L'avenir du cyclisme passe par la conclusion des affaires pour repartir du bon pied et je pense qu'il s'agira de la dernière occasion. Cela signifie que les instances dirigeantes ne peuvent plus avoir la main qui tremble et quand je parle des instances, je pense à l'UCI, aux organisateurs des grandes courses et à la police."

Laurent Jalabert reste admiratif

Alors que le monde de la petite reine se délecte de voir Lance Armstrong jeté en pâture, le sélectionneur français Laurent Jalabert a estimé sur les ondes de RTL que le coureur texan reste un "immense champion". "L'issue devait être celle-là. Il était difficile pour l'UCI de réagir autrement. Il semble que cette décision était attendue. (...) La question que je me pose aujourd'hui c'est 'Comment a-t-il pu gagner 7 Tour de France pour qu'on apprenne maintenant que ce n'était  pas normal?' ", a indiqué l'ancien champion du monde du contre-la-montre. "Armstrong, quoi qu'il en soit, c'est un immense champion", a-t-il dit. "Il a pu prendre quoi que ce soit, des coureurs de son niveau, il n'y en avait pas tant que cela. C'est quand même quelqu'un qui  avait un talent énorme et qui a toujours un talent énorme. Il a un mental  énorme. Il a fauté, il a été attrapé, il est suspendu pour ça, mais quoi qu'il en soit c'était quelqu'un qui était hors norme au niveau de ses capacités". Evoquant un "parcours atypique", Jalabert pense que l'Américain "a quand même des qualités physiques et mentales qui sont  au-dessus de la moyenne. On ne peut pas le nier. Après, il a été certainement très attiré par le pouvoir, et cela l'a poussé à la faute", a-t-il admis.

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