Alexandre Pasteur :"Je mesure la caisse de résonance que représente France Télévisions"
Comment allez-vous faire pour adapter votre style au public plus grand public de France Télévisions ?
"C’est une bonne question. On m’a recruté parce que j’ai fait mes preuves à Eurosport durant toutes ces années avec un style, avec un ton. Déjà je n’aurai pas les mêmes consultants. J’avais Jacky Durand et Richard Virenque qui avaient un ton particulier. On était parfois dans la rigolade, détendus, on maniait l’humour avec facilité. Je ne pense pas que je retrouverai ce style avec Laurent Jalabert qui a un côté plus posé, plus sérieux. Il est aussi capable de plaisanter mais ça ne sera pas la même chose. Donc je vais déjà adapter mon style à celui de Laurent et ça va me sortir du cadre dans lequel j’évoluais. Après, c’est vrai que le public n’est pas le même. Le public d’Eurosport est un public de connaisseurs qui va aller chercher un aspect plus technique, une stat… Après, je ne suis pas sûr de changer énormément. Il s’agira davantage d’ajustements. La différence se fera sur la partie patrimoniale qui était négligée sur Eurosport parce qu’on n’avait pas le temps de la préparer. On ne passait pas trois plombes sur le patrimoine. Franck Ferrand est une pointure, un historien géographe qui va prendre en charge 30% du commentaire. Du coup on va se répartir ça intelligemment avec Laurent, avec Marion Rousse aussi. Ça s’est bien passé sur Paris-Roubaix et ça va continuer".
Le fait que toutes les étapes soient diffusées en intégralité vous permettra peut-être de souffler un peu lorsque Franck Ferrand parlera patrimoine…
"C’est ça, exactement. Il y a aura plus d’heures de direct mais pas tant que ça en fait. Il y avait déjà sept ou huit étapes diffusées intégralement notamment les grandes étapes de montagne. Là, ça va rallonger le commentaire d’une heure ou une heure un quart tous les jours. Ce n’est pas incroyable non plus. Ça fait 50 ou 60 km de plus, ce n’est pas énorme. J’espère en revanche que ça ne va pas diluer les audiences notamment sur certaines étapes de plaine où on connaît souvent le scénario à l’avance".
Quels sont les changements pour vous par rapport à l’an dernier ?
"Je dirais les motos. On a les deux motos-son sur la course et ça représente une vraie force que je ne connaissais pas. Je m’en suis aperçu sur Paris-Roubaix. Ça nous permet de voir ce que le réalisateur ne peut pas nous montrer à l’intérieur de la course. C’est un gros plus. C’est plus d’heures d’antenne mais plus de confort".
Comment appréhendez-vous la notoriété supérieure dont vous allez bénéficier chez France Télévisions ?
"Il y avait une petite pression le matin de Paris-Roubaix. C’était ma première et j’étais vraiment dans mes petits souliers. Même si je ne la connaissais pas, je mesure la caisse de résonance que représente France Télévisions. J’étais habitué à des audiences beaucoup plus confidentielles avant. Avant Paris-Roubaix, il y avait aussi tout le stress accumulé les semaines précédentes. Laurent Eric Le Lay m’avait mis en garde sur ma notoriété qui allait changer en passant d’une chaîne privée à une chaîne publique avec des audiences décuplées. Mais c’est terminé. J’ai eu la chance de commenter tous les Tours de France depuis 2011. Je suis assez tranquille aujourd’hui. Après, la caisse de résonance fait qu’il y aura beaucoup plus de critiques, de jugements durs sans doute. Ce sera justifié ou pas, je n’en sais rien, mais il faut que je me prépare car c’est inévitable. Je pense que je vais éviter d’aller trop sur les forums même s’ils sont plutôt favorables pour l’instant (sourire). Je vais me concentrer sur ce que je sais faire te le faire le mieux possible. Le vélo engendre parfois des commentaires excessifs. Les cyclistes sont des gens excessifs, que ce soit au bord de la route, dans les commentaires ou même dans la pratique. Un vrai cyclo va faire 200 bornes parce qu’il veut faire comme les pros. Il va s’acheter un vélo à 10 000 euros même s’il ne gagne que 1000 euros par mois parce qu’il veut le meilleur. Ca engendre des comportements où on est souvent dans l’excès. Et je sais que je parle souvent à des gens plus érudits que moi. Il y aura toujours des spécialistes avec la stat qui tue et j’en ai conscience même si je n’y peux rien".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.