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A la chasse aux points

Alors que le mercato devrait être synonyme de recherche de la perle rare, depuis quelques années maintenant, il a comme mesure étalon non plus le talent mais le point UCI. Des points décernés aux coureurs en fonction de leurs victoires. Du coup, les équipes qui souhaitent rester parmi l'élite, et qui doivent alors justifier du plus de points possibles, sont engagées dans une véritable course. A l'image de la formation française AG2R-La Mondiale.
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Un règlement stupide

"Soit on gagne, ce qui n'est pas notre cas, soit on trouve des solutions. J'ai donc décidé de m'attacher à trouver des coureurs qui gagnent des courses", explique Vincent Lavenu, ce mardi, dans le colonnes de L'Equipe. Et cette quête est un job à plein temps. Pour faire court : sans ces victoires, donc sans les précieux points, plus d'élite. Et pour AG2R-La Mondiale, seule équipe française du Pro Tour, faire partie des 15 meilleures équipes mondiales est primordiale. Un statut pour lequel Lavenu a donc décidé de tout faire pour le conserver. "Notre sponsor et moi-même avons la volonté de rester en Pro-Tour l'an prochain".

Du coup, il a "passé toutes [ses] vacances" sur un logiciel qui répertorie tous les coureurs et leur total de points UCI. Par exemple, pour Anthony Ravard, coureur le plus prolifique d'AG2R, le bilan est de 75 points grâce à trois victoires cette saison. En vue d'éviter la relégation, Lavenu a alors dû procéder à un petit ménage. Il a ainsi décidé de se séparer de Dimitri Champion, qui ne compte aucun succès depuis maintenant deux ans. En revanche, il a choisi de s'accorder les services du Français Jimmy Casper (6 victoires en 2011) et de l'Italien Manuel Belletti (4 victoires en 2011). Histoire de faire remonter sa côte.

"L'aspect sportif au second plan"

Si Lavenu, un peu résigné, ne peux qu'agir dans ce sens, certains coureurs ne cachent pas leur désaccord. A l'image d'Anthony Ravard qui dénonce un système inégal. "L'aspect sportif passe au second plan. Que penser d'un équipier qui sera sacrifié toute la saison pour son leader et qui arrivera en fin de contrat sans le moindre point ?, interroge le Nantais dans L'Equipe. On oubliera son travail et on prendra à sa place un coureur avec des points venu de je ne sais où !".

Pour Maxime Bouet, ce système est tout à fait regrettable : "Il va falloir hiérarchiser sous peine de dérive. Sinon, les managers iront se servir tous les ans parmi les meilleurs de ces classements continentaux au détriment de jeunes coureurs pourtant aptes à passer chez les pros, mais vierges de points". Ce mode de fonctionnement pourrait en effet finir par enrayer un processus de détection qui jusque là fonctionnait bien. Et qui permettait de mettre au jour de nouveaux talents. Au lieu de fureter dans les viviers de jeunes et de miser sur des coureurs encore inconnus mais qui ne demandent qu'à faire leurs preuves, Vincent Lavenu a tenté d’enrôler l'Iranien Medhi Sohrabi, leader du classement Asia Tour avec pas moins de 14 victoires au compteur cette saison. Ce dernier a finalement décliné l'offre. Au grand dam de Lavenu.

Priorité aux gros budgets

Aujourd'hui, le mercato impose un constat simple : en raison de la stupidité du règlement UCI, les équipes ne s'intéressent plus qu'aux cadors. Pas surprenant donc de les voir se disputer rageusement  les Thor Hushovd, Philippe Gilbert et autre Mark Cavendish. Au risque de creuser encore un peu plus les écarts entre les stars et les "besogneux" qui oeuvrent pour les stars. Entre les équipes à gros budgets et les autres. Au risque surtout de décourager les jeunes qui n'attendent qu'une chose : qu'on leur donne, un jour, leurs chances parmi l'élite. Et enfin, au risque peut-être d'encourager le dopage dans un système où seule la victoire compte.

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