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Coupe du monde 2018 : Ben Khalfallah: "Le football en Australie grandit"

"Le football en Australie grandit": le Franco-Tunisien Fahid Ben Khalfallah, qui vient d'achever, à 35 ans, sa quatrième saison professionnelle dans la A-League témoigne de la nouvelle dimension de la discipline sur l'île-continent, confirmée par un nombre record de licenciés.
Article rédigé par Chloé Joudrier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Voilà quatre saisons qu'il joue en Australie. L'ancien joueur de Caen, Fahid Ben Khalfallah, s'est confié à l'AFP sur la place du football sur l'île continent. Ce samedi 16 juin à 12h, les Bleus affronteront les Socceroos pour leur entrée dans le Mondial russe. 

AFP : Comment définiriez vous la place du football en Australie ?

Fahid Ben Khalfallah: "C'est un sport qui compte de plus en plus. Depuis deux ans, c'est même celui qui possède le plus grand nombre de licenciés (1,152 million en juin 2017).  Après, il y a tellement de concurrence avec la Rugby League (XIII), l'AFL (Australian Football League), le cricket, le netball, le tennis... qu'il est difficile d'exister médiatiquement. Mais le football en Australie grandit. Il commence à faire partie du quotidien. On voit de plus en plus d'enfants, garçons et filles, jouer au football dans les parcs. Ce n'est pas encore un phénomène mais c'est en train de le devenir. Et la fédération (FFA) essaie de confirmer cet engouement en faisant venir des joueurs majeurs dans le championnat national (A-League) et en travaillant à son extension". 

Quel regard portez vous sur les projets de la FFA ?

Fahid Ben Khalfallah : "Il faut développer ce championnat: la A-League comporte seulement dix clubs dont un néo-zélandais. Après, se pose toujours le même problème: si c'est l'agrandir avec des équipes qui n'ont pas le niveau, quel est le réel intérêt? Mais c'est une réflexion à mener: passer à quatorze voire seize équipes, créer une deuxième division professionnelle. Il y a plein de choses à faire. La fédération a le mérite d'essayer alors que rien n'est évident dans un pays de cette taille. Si les meilleurs espoirs moins de 15 ans sont à Perth et que Melbourne ou Brisbane veut les recruter, cela signifie les emmener à cinq heures d'avion de chez eux sans pouvoir leur proposer des conditions d'hébergement comme dans les centres de formation en France..."

En proportion, il y a plus de licenciés en Australie qu'en France et pourtant le football est toujours perçu comme un sport mineur...

Fahid Ben Khalfallah : "Je comparerais cette situation avec celle des Etats-Unis: il y a une dizaine d'années, le football n'y existait presque pas. Et ça s'est développé quand le championnat a commencé à faire venir des stars. Là-bas, il y a aussi de la concurrence: NBA, baseball, football américain. Ici, le sport numéro 1, c'est le football australien pour une question de culture. A Melbourne, vous avez une dizaine de clubs d'AFL. Rien que celui de Collingwood compte 80.000 abonnés. C'est dur de lutter contre ça. Financièrement, les clubs d'AFL sont bien plus puissants. Le football, n'est pas le sport avec lequel les Australiens ont grandi. Mais cela évolue: parce que le championnat local se développe, parce que de plus en plus de joueurs commencent à jouer à l'étranger dans des bons clubs". 

Que manque t-il aujourd'hui au football australien ?

Fahid Ben Khalfallah : "En premier lieu, il y a une réflexion à mener au niveau de la formation. Il n'y a pas assez de qualité dans ce secteur. Je viens d'achever ma quatrième saison, le championnat est à peu près toujours resté le même: les joueurs changent de club mais on voit toujours les mêmes têtes. Il faut travailler sur la formation pour amener davantage de jeunes vers le haut niveau. Et puis en parallèle, faire venir des meilleurs joueurs étrangers".

La A-League est-elle considérée à sa juste valeur?

Fahid Ben Khalfallah : "Clairement, non. Des joueurs français ou des agents s'imaginent que le niveau n'est pas bon et qu'il suffit de venir. Le niveau est incomparable par rapport à la Ligue 1 mais il est bon. Il y a des supers joueurs dans toutes les équipes. Souvent, les agents vont essayer d'emmener des joueurs en fin de carrière ou en préretraite, qui veulent simplement profiter. Mais ça ne peut pas marcher. Le championnat est organisé durant l'été austral: il faut jouer par 40 degrés. Physiquement, il faut être prêt. Les Australiens ne vont pas avoir le même niveau technique mais, physiquement, ils sont au top: ils bossent, ils courent, ils sont à l'écoute".

Le parcours des Socceroos en Russie pourrait-il avoir une influence sur la place du football dans le pays ?

Fahid Ben Khalfallah : "Je ne suis pas optimiste. Ils ont connu beaucoup de soucis: leur sélectionneur (Ange Postecoglou) a démissionné  en fin d'année, leur nouvel entraîneur (Bert Van Marwijk) s'en va juste après la compétition et l'équipe est un ton en dessous de ce qui se fait au très haut niveau. Le pays sera à fond derrière l'équipe nationale, c'est clair. C'est toujours le cas ici, quelque soit le sport. Les Socceroos auront cette force. Un beau parcours pourrait peut être contribuer à développer le football en Australie mais je ne pense pas qu'il faille attendre après ça". 

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