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Ça s'est passé un 23 mai 1978 : Michel Hidalgo est victime d'une tentative d'enlèvement avant de partir au Mondial en Argentine

Après 12 ans d’attente, l’Équipe de France de football retrouve enfin les phases finales de la Coupe du monde 1978. Un évènement que Michel Hidalgo, alors à la tête de la sélection, a bien failli manquer. Le 23 mai, la veille du départ pour l’Amérique du Sud, le patron des Bleus est victime d’une tentative d’enlèvement près de son domicile en Gironde. Retour sur cette affaire rocambolesque, la plus improbable de l’histoire de l’équipe de France.
Article rédigé par Paul Giffard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (- / AFP)

Mardi 23 mai au petit matin. Nous sommes en Gironde (33) à un jour du grand départ de l’ensemble du staff de l’équipe de France de football vers l’Argentine. Les supporters du Coq retrouvent le plus prestigieux des évènements sportifs planétaires : la Coupe du monde de football. Une compétition qui fuyait les Tricolores depuis le mondial 1966 en Angleterre.

Sélectionneur des Bleus depuis 1976, le regretté Michel Hidalgo - décédé le 26 mars dernier - a décidé de se reposer un dernier week-end dans sa maison, loin de Paris. Mais ce retour à la capitale, avant de s’envoler pour l’Amérique du Sud et Buenos Aires en Concorde, ne va pas se passer comme prévu.

 

Agressé au pistolet

Prévoyant, le patron de l’équipe de France quitte son domicile de Saint-Savin-de-Blaye en milieu de matinée pour se rendre à la gare de Bordeaux. Son train en direction de Paris n’est programmé qu’aux alentours de 12h alors qu'une heure est nécessaire pour parcourir la distance.

Les ennuis commencent sur la commune de Cézac. Quelques coup d'oeil dans le rétro l'alerte. L’ancien joueur de l’AS Monaco et sa femme sont suivis. Peut-être la GS blanche que plusieurs témoins affirmeront avoir vu tourner à Saint-Savin les jours précédents ? La suite, c'est Hidalgo qui la raconte à un journaliste de Sud-Ouest le lendemain à bord de l'avion qui emmène les Bleus en Argentine : "Une voiture blanche qui roulait derrière moi m’a heurté, puis m’a doublé, m’obligeant à stopper. Trois hommes ont surgi, je pense barbus, l’un d’eux tenait un revolver. Je suis descendu. Me braquant l’arme dans le dos, celui qui semblait le chef m’a obligé à marcher le long de la route… . . On va faire un tour dans le bois", me dit-il.

Proche de la démission

Les hommes parlent avec un accent espagnol à couper au couteau. Presque trop gros... Hidalgo ne fait pas le lien avec le "Mundial" sud-américain, trop occupé à trouver une issue heureuse à cette situation désarmante. Il se dit que son heure est peut-être arrivée... Dans le journal télévisé du soir, le sélectionneur des Bleus relate son dialogue avec les agresseurs : "Dites-moi ce que vous voulez !" Pas de réponse tandis que son assaillant braque toujours son arme dans son dos.

Une 2cv bleue débarque devant la scène au même moment. Hidalgo profite de la diversion pour passer à l'attaque. Il se retourne et désarme son agresseur. Plus prompt à ramasser le calibre .38, Hidalgo renverse la situation à son avantage. Le pistolet est à présent dans ses mains. Surpris par la situation, les malfaiteurs s’en vont rapidement. "C’est après, que je me suis aperçu que le revolver n’était pas chargé, ajoute-t-il dans Sud-Ouest. Ce n’était pas des professionnels, je n’avais jamais désarmé un homme, mais cela n’a pas été difficile et je n’ai aucun mérite à l’avoir fait."

Si cette tentative d’enlèvement est un véritable fiasco, le sélectionneur en ressort marqué psychologiquement. Au point d’avoir pensé un temps à présenter sa démission pour protéger sa famille. Ayant raté son train, et après avoir déposé plainte chez les gendarmes, il effectuera le trajet en avion pour rejoindre l’ensemble des membres de l’équipe de France. Cette fois sous bonne escorte.

Un climat de tension

L’agression qu’a subie Michel Hidalgo n’est pas due au hasard. L’Argentine est le pays hôte de cet événement planétaire. Dans un contexte particulier, lié à un régime politique totalitaire, la question de participer à la Coupe du monde se pose. Sous dictature depuis mars 1976, le pays est dirigé par Jorge Videla. D'une main de fer, le gouvernement argentin instaure une véritable terreur en assassinant ses opposants politiques et les contestataires de tous bords. Des milliers de personnes sont abattues, d’autres portées disparus. L'armée n'hésite pas à pratiquer la torture à quelques mètres de l'Estadio Monumental de Buenos Aires, lieu où se disputera la finale.

Ayant voté pour le pays organisateur avant le Coup d’État, la FIFA préfère rester silencieuse à ce sujet, tout comme la grande majorité des participants. "La politique est une chose, le sport en est une autre", déclare même le sélectionneur des Bleus. Dans le groupe du pays hôte, de l’Italie et de la Hongrie, l’équipe de France sera finalement éliminée dès le 1er tour.

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