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Ça s'est passé un 22 juin 2000 : Philippe Chatrier, ambassadeur du tennis français, décède des suites de la maladie d'Alzheimer

Un jour sombre pour le tennis. Philippe Chatrier, véritable ambassadeur de ce sport pendant deux décennies, décède à 72 ans des suites de la maladie d'Alzheimer. L'homme a tant fait pour le monde de la balle jaune au cours de sa vie. De la professionnalisation des joueurs à l'essor de la discipline en France en passant par les Jeux olympiques, retour sur l'immense carrière d'un dirigeant qui a marqué sa passion de son empreinte. Si bien que son nom est associé au court central de Roland-Garros depuis 2001.
Article rédigé par Paul Giffard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
  (PIERRE VERDY / AFP)

Le 20 juin 2000, le tennis français et international perd l'un de ces bâtisseurs. Philippe Chatrier est parti rejoindre l'au-delà à l'âge de 72 ans. Il décède à l'hôpital de Dinard (Ille-et-Vilaine) des suites de la maladie d'Alzheimer. Ancien président de la Fédération française de tennis (FFT), il fut, également, président de la Fédération internationale (ITF) et membre du Comitié international olympique (CIO).

Guide, ou encore visionnaire, cet ancien joueur de tennis fait partie des hommes qui ont changé le destin de la discipline. Une vie entière consacrée à la balle jaune et qui sera récompensée par son intronisation au Hall of Fame (temple de la renommée) de son sport. Pour lui rendre hommage, son nom est associé au court central de Roland-Garros en 2001. Retour sur le parcours d'un homme qui a amené le tennis au premier plan.   

Un homme qui a été le court très tôt

L'idylle entre le natif de Créteil (Val-de-Marne) et le tennis n'a rien d'un hasard. Si c'est le cas, il fait bien les choses. Né en 1928, tout comme la construction du mythique Roland-Garros, le jeune Philippe veut s'inspirer des célèbres Mousquetaires - Jacques Brugnon, Jean Borotra, René Lacoste et Henri Crochet - mais va vite se tourner vers une autre carrière. Malgré un titre de champion de France junior en 1947 et une honorable sixième place nationale en 1952, il quitte les courts à seulement 23 ans pour devenir journaliste. "Je pouvais battre n'importe qui dans une partie de château, mais je n'avais pas les nerfs pour jouer la Coupe Davis", se justifie-t-il. Il trouve un poste à Paris-Presse, dans lequel il y restera 10 ans. Mais le tennis n'est jamais bien loin. Il décide de fonder la revue Tennis de France en 1953, la même année où il dispute son dernier Grand Chelem : Wimbledon. 

Il contribue grandement à la professionnalisation de la discipline en 1968, une décision qui a divisé le tennis mondial. Il retrouve les terrains en 1969, mais dans le costume d'entraîneur. Nommé capitaine de l'équipe France de Coupe Davis, il occupera ce rôle pendant trois, tout en étant le vice-président de la FFT avant d'en être le président de 1973 à 1993. 

Le tennis, sa vie, son oeuvre

À travers le tournoi du Grand Chelem sur terre battue, l'ancien journaliste a contribué à populariser le tennis dans l'Hexagone. En 1973, seulement 224 000 Français étaient associés à un club. Lorsque le témoin a été transmis à Christian Bimes, cette discipline recensait 1 350 000 de licenciés. En deux décennies, le nombre de personnes inscrites à cette discipline a été multiplié par six environ. Entre-temps, la victoire de Yannick Noah et le triomphe des descendants des Mousquetaires en Coupe Davis lors de l'édition 1991 ne sont pas anodins dans la démocratisation du tennis.

Le jeu plus que l'argent, telle était la devise de Philippe Chatrier. Président de l'ITF de 1977 à 1991, l'ancien tennisman milite pour le retour de la balle jaune aux Jeux olympiques. Pour ce faire, il propose de revoir les programmes des JO afin que le CIO autorise de nouvelles disciplines tout en conservant l'inflation du nombre de participants. Introduit dès 1981 au programme olympique, le tennis fait officiellement sa réapparition à Séoul en 1988, année dans laquelle le dirigeant devient, par la même occasion, membre du CIO. 

S'il a lutté pour la professionnalisation des joueurs 20 ans auparavant, il n'a pas eu d'autre choix que d'abandonner le circuit masculin vis-à-vis des joueurs et de leurs agents en 1990. Peu avant la fin de sa présidence, il bataille, corps et âme, contre l'amoindrissement de l'ITF au profit de l'ATP et la WTA. En vain. Il se retire de ses fonctions en 1991, après 14 ans à la tête de la Fédération internationale. Pour son accomplissement, il est intronisé au Hall of Fame l'année suivante. Il part définitivement du monde tennistique en 1993 après avoir quitté son poste de président de la FFT. Touché par la maladie d'Alzheimer, il est contraint de réduire ses activités et il y succombera le 22 juin 2000. Pour lui rendre hommage, son nom est, depuis le 25 mai 2001, associé au plus prestigieux court de Roland-Garros. La boucle est bouclée. 

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