Noah, la bonne paye
Jusqu'en fin de saison dernière, Thierry Henry pointait très largement en tête de ce classement qui n'a rien de sportif. Alors joueur du FC Barcelone, l'ancien capitaine de l'équipe de France de football percevait 18,8 millions d'euros annuel (contrats de publicité compris), selon une étude publiée par le Financial Times, relayée par L'Equipe mag. Mais "Titi" étant désormais en "pré-retraite" dans le championnat nord-américain avec les Red Bull de New York, le malheureux ne touche plus que 5,6 millions de dollars (4,35 millions d'euros), derrière David Beckham (6,5 millions de dollars), le joueur de Los Angeles Galaxy étant le mieux payé de la Ligue...
En quelques mois, une petite révolution s'est opérée, car désormais, le basket rapporte visiblement plus que le football. De là à dire que la polémique sur les salaires des footeux est terminée... A 25 ans, Joakim Noah "pèse" 8,7 millions d'euros (hors contrats publicitaires). Pour arriver à ses fins, le joueur n'a pas hésité à faire monter les enchères, exigeant dans un premier temps 65 millions de dollars, et la rumeur d'un transfert à Denver, à peut-être accélérer les choses. Mais le fiston de Yannick ne fait finalement que profiter d'un système devenu complètement fou, la faute aux annonceurs, aux médias, ... Le sport rapporte, et les investisseurs l'ont bien compris. Alors si un joueur a du talent -ce qui est le cas de Noah avec une moyenne de 14,8 points et 13 rebonds par match lors des deux derniers play-offs- son salaire peut atteindre ces sommes délirantes.
Ce qui est le plus fâcheux dans cette situation, est que l'esprit du sport, tel qu'on l'entendait il y a encore quelques années, y a perdu énormément d'un point de vue éthique. Rappelez-vous le dernier Mondial de basket qui a eu lieu en septembre dernier. En pleine négociation avec son club, Noah avait fait preuve d'une certaine franchise en expliquant qu'il avait décliné la sélection en équipe de France, afin d'éviter tout risque de blessure... Et le même discours avait été tenu par Tony Parker. Le basket étant moins médiatisé dans l'hexagone, ces absences étaient presque passées inaperçues. Aurait-on apprécié de voir en 1998 Zinedine Zidane décliner une sélection pour une Coupe du monde, en expliquant qu'il se trouvait en pleine négociation pour son contrat ?
Les footballeurs ne sont donc plus les seuls à placer leurs intérêts personnels avant ceux de l'équipe nationale. Le constat est identique, voire plus flagrant dans le monde du tennis. Roger Federer, qui a pourtant tout gagné, décline trop souvent des sélections pour disputer la Coupe Davis. Les joueurs du Top 10, que ce soit sur le circuit féminin, ou masculin, sont curieusement souvent absents lors de ces rendez-vous internationaux. C'est pourtant lors de ces rendez-vous que l'esprit du sport se trouve transcendé, que nos chères petites têtes blondes se mettent à rêver. Et sans ce rêve, le sport aura beaucoup à perdre, y compris les sportifs professionnels.
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