Un All-Star Game au doux parfum tricolore
27 juin 2001, New York. Soir de Draft NBA. Sélectionné par les Spurs de San Antonio, le jeune Tony Parker vit un rêve éveillé. A 19 ans, il s'apprête à devenir le troisième Français à jouer dans l'élite du basket américain, après Tariq Abdul-Wahad en 1997 et Jérôme Moïso en 2000. Si son coach, Gregg Popovich, estime qu'un joueur européen ne vaut le coup que si son nom se termine par "ic" (en hommage à la grande génération yougo des années 90) l'adolescent espère quand même grappiller quelques minutes de jeu par match pour sa saison rookie.
Douze ans plus tard, "TP9" joue toujours en NBA, à San Antonio. Couronné sur le plan individuel (MVP des Finales 2007, cinq fois All-Star) et collectif (3 titres NBA entre 2003 et 2007), le trentenaire n'arrête plus de monter en puissance. Longtemps dans l'ombre des grands meneurs américains, il surprend encore en 2013 : Parker n'a jamais délivré autant de passes décisives (7,7 par match), score toujours à outrance (20,7 points) et réalise un début de mois de février canon (27,5 points et 9,8 passes de moyenne en 4 rencontres). Résultat : le Français s'affirme actuellement comme le deuxième meilleur meneur de jeu de la ligue, derrière l'intouchable Chris Paul des Clippers de Los Angeles. Devenu l'un des tauliers de la "Grande Ligue", il honorera ce weekend sa cinquième sélection pour le match des étoiles. Et pour la tout première fois, il affrontera un second Français, Joakim Noah.
L'escouade française de plus en plus imposante en NBA
Il faut dire qu'au fil des années, Parker s'est senti de moins en moins seul dans le microcosme NBA, longtemps ultra-américanisé. Sous l'impulsion de quelques pionniers européens au début des années 90 (l'Allemand Detlef Schrempf, le Néerlandais Rik Smits, le Croate Drazen Petrovic), la ligue s'internationalise et s'ouvre vers les joueurs étrangers. L'Espagne de Pau Gasol et l'Allemagne de Dirk Nowitzki s'affirment comme des représentants solides du Vieux Continent, mais en 2013, le contingent étranger le plus peuplé est tricolore (13 joueurs).
Des petits nouveaux (Evan Fournier et Nando de Colo, arrivés en début de saison), des revenants (Mickaël Gélabale, qui a convaincu la franchise de Minnesota après un passage à Seattle il y a cinq ans), des joueurs solides, et trois superstars dont deux All-Stars. Nicolas Batum, l'ailier des Blazers de Portland en pleine ascension, a échoué aux portes de la sélection pour le match des étoiles. Encore un peu juste mais déjà leader dans l'Oregon, il semble évident que son heure viendra.
"Jooks" hors-norme
Pour Noah, par contre, sa présence à la manifestation annuelle la plus prestigieuse du basket américain ne souffre d'aucune contestation. Sans leur superstar Derrick Rose, toujours convalescent après une rupture des ligaments croisés en mai 2012, les Bulls de Chicago ont pu compter sur le pivot français pour élever son niveau de jeu et prendre en main la franchise de Jordan. Toujours aussi enthousiaste et agressif sur les parquets, Noah a manifestement enrichi sa palette de jeu. Plus régulier, plus altruiste, il est devenu le pivot-passeur le plus prolifique de toute la ligue (plus de 4 caviars par match), un chiffre encore inenvisageable il y a quelques mois. Auteur de ses deux premiers triple-doubles cette saison, le Français affiche une ligne statistique impressionnante (11,8 points, 11,3 rebonds, 4,1 passes et 2 contres de moyenne) et permet aux Bulls d'être bien calés dans la course au Playoffs.
Ce n'est donc pas étonnant si on évoque de plus en plus "Jooks" comme étant le meilleur pivot de toute la conférence Est. Ca l'est davantage lorsqu'on sait qu'au moment d'être drafté, le joueur avait fait l'objet d'un article moralisateur où l'auteur jurait que Noah ne deviendrait jamais un titulaire indiscutable en NBA. Et que s'il se trompait, il mangerait son papier. Depuis, devant les caméras et aux côtés du Français, le journaliste de Chicago a tenu sa parole…
Le grand show du basket américain
La présence des deux Français au All-Star Game semble d'autant plus historique que la concurrence entre les superstars NBA est particulièrement rude cette saison. Deron Williams et Steve Nash, grands habitués du rassemblement, n'ont pas été sélectionnés. La nouvelle star des Warriors Stephen Curry, auteur d'une excellente saison sous le maillot de Golden State, sera lui aussi absent. Même chose pour Paul Pierce (Celtics), Jamal Crawford (Clippers) ou Brandon Jennings (Bucks). Toutes les autres grands noms du basket américain se retrouveront à Houston ce weekend, pour un show toujours très spectaculaire. Et cette année, très frenchy.
Sélection Conférence Ouest :
Titulaires : Chris Paul (Clippers), Kobe Bryant (Lakers), Kevin Durant (Thunder), Blake Griffin (Clippers), Dwight Howard (Lakers). Remplaçants : Tony Parker (Spurs), Russell Westbrook (Thunder), James Harden (Rockets), David Lee (Warriors), Lamarcus Aldridge (Blazers), Zach Randolph (Grizzlies), Tim Duncan (Spurs).
Sélection Conférence Est :
Titulaires : Rajon Rondo (Celtics, blessé), Dwyane Wade (Heat), LeBron James (Heat), Carmelo Anthony (Knicks), Kevin Garnett (Celtics). Remplaçants : Kyrie Irving (Cavaliers), Jrue Holiday (76ers), Luol Deng (Bulls), Paul George (Pacers), Chris Bosh (Heat), Brook Lopez (Nets), Tyson Chandler (Knicks), Joakim Noah (Bulls).
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