Cet article date de plus d'un an.

NBA : armes à feu, violences policières, racisme... Comment LeBron James est devenu l'un des sportifs américains les plus engagés

Le meilleur marqueur de l'histoire de la NBA a fustigé le manque de régulation des armes à feu aux Etats-Unis, mercredi, après une fusillade à Las Vegas.
Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
LeBron James en Floride (Etats-Unis), le 12 septembre 2020. (MICHAEL REAVES / GETTY IMAGES NORTH AMERICA via AFP)

"La possibilité de se procurer une arme et de perpétrer ces choses encore et encore... Il n'y a eu aucun changement, c'est ridicule." Au lieu d'évoquer la demi-finale du nouveau In-Season Tournament de NBA à laquelle participe son équipe des Los Angeles Lakers, jeudi 7 décembre à Las Vegas (Nevada), LeBron James a commenté un tragique événement. À moins de trois kilomètres à l'est de la T-Mobile Arena où se déroule le tournoi, un tireur a ouvert le feu sur un campus universitaire de Las Vegas, mercredi, et fait trois morts et un blessé.

"Continuer de perdre des vies innocentes n'a aucun sens, sur des campus, dans des écoles, des magasins, des cinémas, c'est ridicule. C'est même devenu plus facile de posséder une arme, c'est stupide", a-t-il poursuivi, regard aussi noir que son pull et visage encapuchonné.

Si LeBron James a été interrogé à ce sujet en conférence de presse, ce n'est pas un hasard. Le quadruple champion NBA qui fête ses 39 ans à la fin du mois avait déjà pointé la libre circulation des armes comme un problème majeur aux Etats-Unis. "Il n'y a pas de place pour les armes à feu, disait-il en 2015. Il y a tant d'armes en circulation. S'il y a des règles qui sont édictées, des lourdes amendes ou même des lois, les gens réfléchiront à deux fois." Rien que cette année, l'organisation Gun Violence Archive, qui fait référence dans le pays, a recensé plus de 600 attaques ayant fait au moins quatre blessés ou morts et 40 000 décès causés par des armes à feu – en majorité des suicides.

"Donner une voix aux gens qui n'en ont pas"

Au-delà des armes à feu, LeBron James est devenu depuis des années l'une des voix qui portent de la NBA et du monde du sport américain. Le déclic a lieu en 2012 après la mort de Trayvon Martin, un jeune afro-américain de 17 ans tué en Floride par un homme qui effectuait une ronde de voisinage. Membre de la Ligue depuis neuf ans, il avait alors publié une photo où ses coéquipiers du Miami Heat et lui portaient un pull à capuche noir, symbole d'injustice raciale car porté par la victime lors des coups de feu. "Mon destin est de donner une voix aux gens qui n'en ont pas", déclarait-il en 2022, interrogé par ESPN sur cet acte fondateur.

Il s'est aussi engagé contre les violences policières, qu'il dénonce dans les pas de Colin Kaepernick. Ce dernier, footballeur américain, avait décidé de s'agenouiller lors de l'hymne national entonné avant chaque rencontre pour protester contre les violences raciales de la police. Au prix de sa carrière puisqu'il avait été, en réaction, ostracisé par les propriétaires des équipes de NFL.

Comme plusieurs autres joueurs de NBA, LeBron James avait enfilé à l'échauffement un t-shirt "I can't breathe", les derniers mots d'Eric Garner, asphyxié par un officier new-yorkais lors d'une arrestation en 2014, ou encore "Black Lives Matter" après la mort de George Floyd en 2020.

"Tais-toi et dribble"

"Le King", son surnom, a également été l'un des détracteurs les plus célèbres de Donald Trump pendant son mandat de président des Etats-Unis, de 2017 à 2021. Le natif d'Akron (Ohio), avait annoncé qu'il n'effectuerait pas la traditionnelle visite à la Maison-Blanche en cas de titre NBA. En réponse à ses commentaires, la journaliste de Fox News Laura Ingraham lui avait lancé : "Tais-toi et dribble !"

"On ne va absolument pas se taire et dribbler, lui avait-il rétorqué. Je représente tellement pour la société, pour la jeunesse, pour de nombreux enfants qui ont l'impression de n'avoir aucune échappatoire et qui ont besoin d'aide pour les sortir de cette situation."

En plus d'être l'un des plus grands joueurs de l'histoire de ce sport - certains le placent même au sommet -, LBJ a repris le flambeau du boxeur Mohamed Ali, du footballeur américain Jim Brown ou des basketteurs Kareem Abdul-Jabbar et Bill Russell, tous autant militants que sportifs. Une manière, aussi, de se démarquer d'un certain Michael Jordan, longtemps critiqué pour son silence en dehors du parquet et à qui il est sans cesse comparé.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.