Lakers, le scénario catastrophe
Il n’y a qu’Hollywood pour offrir pareil dénouement à un tel synopsis. En août dernier, les Lakers montaient l’un des effectifs les plus prestigieux jamais vus en NBA : au duo Kobe Bryant - Pau Gasol, architecte des titres 2009 et 2010, se greffaient le quatrième passeur le plus prolifique de l’histoire (le vétéran Steve Nash, double MVP en 2005 et 2006) et le meilleur pivot de toute la ligue (Dwight Howard). Sur le papier, une machine à gagner au moins autant qu’à faire des sous.
Huit mois plus tard, le constat est désastreux. Steve Nash, Steve Blake, Metta World Peace (ex-Ron Artest) et Jodie Meeks, tous blessés, n’ont même pas participé à l’élimination des leurs cette nuit, balayés par la bande à Parker. Kobe Bryant non plus : investi dans la course au playoffs, la star californienne n’a pas compté les minutes ni écouté son corps au bord de la rupture, et s’est brisé le tendon d’Achille à une semaine des phases finales. Dwight Howard a joué toute la saison avec des douleurs au dos, tandis que Pau Gasol a navigué entre des blessures au pied et un rôle de remplaçant qu’il ne mérite pas. Quant au meneur canadien, il n’a jamais réussi à diriger le collectif angelinos, gêné par les pépins physiques, le poids des années et celui des égos de ses coéquipiers.
Les raisons d’un fiasco
« Cette saison était un cauchemar, un mauvais rêve dont tu ne te réveilles jamais », a reconnu ‘D12’ cette nuit, à l’issue d’un match dont il a été expulsé en début de deuxième mi-temps. « Dès le départ, rien n’a marché ». Comme en pré-saison, où les Lakers n’ont pas remporté la moindre victoire en huit matches, avant de se débarrasser de leur coach après cinq rencontres (quatre défaites) de saison régulière. Remplacé par Mike d’Antoni, roi de l’attaque et du « run and gun » (courir et shooter à tout va), Mike Brown a vu son successeur se casser les dents sur un effectif en or incapable de suivre sa philosophie de jeu, comme l’avaient fait les Suns de Phoenix quelques années plus tôt.
En manque d’automatisme et de cohésion, irréguliers dans le jeu, bousculés par les sorties médiatiques d’un Dwight Howard capricieux et d’un Kobe Bryant qui cultive depuis le début de sa carrière une violente haine de la défaite, les Lakers ont plus gagné (45) que perdu (37) en saison régulière, mais n’ont que trop rarement joué juste. Et puis, les blessures ont cadencé la saison des Lakers qui se sont embourbés dans un faux rythme, forcés à d’incessants ajustements. L’explosion d’Earl Clark, joueur jusqu’alors confiné au bout du banc propulsé titulaire et « valeur sûre » de l’effectif est, avec le recul, paradoxalement symptomatique de l’incapacité de la franchise à s’être reposée sur son « Big 4 » comme l’a fait Miami et son « Big 3 ».
Mike d’Antoni, fin tacticien mais piètre psychologue, n’a pas su gérer les individualités pour faire du roster mis à sa disposition l’incroyable collectif attendu. Critiqué à demi-mot par ses propres joueurs, il a été érigé comme le principal responsable de l’atmosphère délétère des vestiaires du Staples Center. Celle-là même qui a fait de l’exercice 2012-2013 des Lakers un véritable cauchemar, du premier au dernier match.
Et maintenant ?
Avec une masse salariale colossale bien au-delà du plafond fixé par la ligue (plus de 100 millions de dollars, record NBA), les Lakers ne possèdent qu’une marge de manœuvre très limitée pour reposer des bases plus saines en vue de la saison prochaine. Or, tous les contrats pourpre et or s’achèvent cet été ou l’an prochain, et les inconnues sont nombreuses. Dwight Howard s’apprête à devenir agent libre, et s’il semble inconcevable qu’il ne re-signe pas en Californie où il n’a passé qu’une saison et où il recevra un contrat maximal, le pivot a annoncé qu’il souhaitait tester le marché pour balayer toutes les opportunités susceptibles de s’offrir à lui.
L’Espagnol Pau Gasol, annoncé sur le départ en février, pourrait bien faire ses bagages, frustré de n’être utilisé que comme la « troisième, quatrième ou cinquième option de l’équipe », a-t-il lui-même reconnu en conférence de presse. Steve Nash, qui a signé pour deux ans en juillet dernier, ne bougera pas mais risque fort de terminer sa carrière sans titre de champion si son corps continue de réagir aussi mal au rythme des matches. Quant à Kobe Bryant, il n’est pas encore certain de débuter la saison prochaine : aussi travailleur et obstiné soit-il, on ne se remet pas d’une telle blessure aussi facilement à 35 ans.
Pointé du doigt avant tous les autres, Mike d’Antoni a déjà été confirmé pour la saison prochaine. Le public, lui, continue de chanter « we want Phil [Jackson] », exhortant le ‘Zen Master’ à faire son retour à la tête des Lakers. Sauf que la franchise ne peut se permettre de payer un troisième coach, dont deux qui ne sont pas en poste. Le début d’un enfer financier, médical et sportif que la cité des Anges n’osait sans doute pas envisager.
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