Chicago : Joakim Noah, tout à gagner
Juin 2007. Dans la foulée de la Draft qui vient d’envoyer Joakim Noah chez les Bulls, Rick Morrissey, un journaliste du Chicago Tribune, rédige Avec le trophée de meilleur défenseur de l’année dans la poche, il pouvait aussi se targuer d’être la tour de contrôle du jeu offensif de Chicago, que Thibodeau a principalement construit autour de Noah pour profiter de sa taille et de ses qualités de passeur.
Ainsi, malgré le retour -espéré en force- de Derrick Rose et la venue de Pau Gasol dans le cinq de Chicago, difficile de croire que Noah sera soudainement réduit à son rôle de défenseur energizer. L’intérieur espagnol, l’un des plus doués offensivement au monde, va forcément lorgner sur les responsabilités de ‘Jooks’ en attaque. Mais le Français n’en a cure. Entre un troisième All-Star Game d’affilée et un plus joli parcours en playoffs que l’an passé (élimination au premier tour face aux Wizards), le Français n’hésitera pas à une seconde : il troquera le premier pour le second.
Joueur de collectif avant tout, il sait aussi que ce soutien accru dans le roster des Bulls lui permettra de souffler un peu avant les grand rendez-vous des phases finales, où le niveau de fatigue joue un rôle crucial. Avant l’Euro, aussi? On imagine mal comment l’idée ne peut pas déjà trotter dans son esprit. Noah a pris ses distances avec la sélection depuis la finale européenne de 2011, et si ses derniers refus lui ont forgé une réputation peu enviable, l’organisation de la compétition en France, avec tout le reste de la "génération Parker", dont TP himself, ne peut que le tenter.
Provoc' et "brutalement honnête"
Saura-t-il toutefois faire fi de l’ambiance hostile qui s’installe dès qu’on place ‘Noah’ et ‘équipe de France’ dans une même phrase? Là encore, le Français a l’habitude. Aux Etats-Unis aussi, il ne s’est pas fait que des amis : pendant ses années NCAA à Florida, il était déjà l’ennemi numéro un, celui qui n’avait jamais le droit à l’erreur. Certes, parfois, il le cherche… En 2010, par exemple, il avait fait savoir à quel point il trouvait la ville de Cleveland ennuyante ("qui irait en vacances là-bas?"), s’attirant les foudres de LeBron James et de ses supporters. Noah, c’est comme le paternel. Direct et sans filtre : lors de ses tests pré-drafts à Chicago, sans scrupule, il avait fait savoir aux dirigeants qu’il avait grandi en adorant les Knicks, et donc en détestant Michael Jordan…
Provocateur, "brutalement honnête", comme aime le décrire son manager Gar Forman, Noah reste une idole à Chicago, où le public, fidèle et exigeant, l’adule comme peu d’autres joueurs des Bulls. Profondément attaché à la ville, le Français a créé une fondation (Noah’s Arc Foundation) dans laquelle il s’investit tous les étés, pour promouvoir des initiatives positives -tournois sportifs, ateliers artistiques- dans les violents quartiers sud de Chicago. Plus besoin pour cela de faire la demi-heure de route qui sépare la banlieue de Bannockburn, où il vivait jusqu’alors, jusqu’à ‘Chi-town’ : le Tricolore a déménagé cet été, s’offrant un 700m² en plein centre de la ville. Au plus près de ses soutiens, où il se sent porté, au seul endroit, peut-être, où sa franchise et son énergie sont appréciées à leur juste valeur.
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