Les Françaises se font piéger
Comment qualifier la sortie des Françaises dans ce quart de finale du Mondial en République Tchèque si ce n'est dire qu'elles ont été héroïques, formidables d'opiniâtreté et d'engagement, avec cette hargne qui leur a valu de faire tomber déjà quelques montagnes. Elles ont mené face à l'Espagne, une des plus grandes nations du basket européen, pendant trente minutes avant de se faire crucifier en fin de partie.
Après une première période disputée sur un faux rythme où les deux se sont longtemps jaugées, les Espagnoles lisant bien les systèmes tricolores, les Françaises ont fait la course en tête, réussissant même un 3e quart temps quasi parfait. Avec de la présence sous les panneaux, une défense de fer, des séquences beaucoup plus posées que leurs adversaires. Mais au basket il faut aussi concrétiser. Et dans ce jeu d'échec, les coéquipières de Céline Dumerc ont manqué de réussite, notamment à l'extérieur, zone qui fut le point fort des Espagnoles qui ont pu compter sur une artilleuse de talent, en la personne de Valdemoro (28 pts) qui arrosait au-delà de la ligne chaque fois que son équipe était en danger. Les Françaises avaient du mal à garder les ballons propres, même si leurs systèmes fonctionnaient, et offraient beaucoup de fautes à leurs adversaires que celles-ci se sont employées à transformer en lancers-francs victorieux.
Alors qu'elles pensaient avoir fait l'essentiel, les Bleues se faisaient in extremis en fin de partie (65-65) et concédait une prolongation qui leur faisait mal mentalement. Elles avaient du mal à garder la cadence et laissait s'échapper le rêve de retrouver les Etats-Unis en demi-finale.
Les Bleues, en l'absence de trois joueuses majeures (Sandrine Gruda, Isabelle Yacoubou, Emilie Gomis) blessées pendant la préparation, ont rempli leur objectif: atteindre les quarts de finale. Mais elles pourront nourrir de gros regrets après avoir entrevu une première demi-finale mondiale depuis 1953.
Les transmissions du redouté triangle Valdemoro-Montanana-Lyttle avaient été soigneusement coupées. Valdemoro s'était retrouvée bien seule avec sa pivot Sancho Lyttle, meilleure marqueuse (19 pts par match) et meilleure rebondeuse (12 rbds par match) de la compétition, neutralisée à 11 points et 9 rebonds par un secteur intérieur présumé affaibli sans Gruda ni Yacoubou mais convaincant avec Endene Miyem (11 pts, 5 rbds), Emmeline Ndongue (14 pts, 6 rbds) et Marielle Amant (12 pts, 4 rbds). Les Bleues, avec Céline Dumerc à la baguette (10 pts, 6 rbds, 7 passes), croyaient bien avoir assommé les Espagnoles. En réussite au tir (43%) et procédant par séries au premier et troisième quart-temps, elles ont compté jusqu'à 13 points d'avance au quatrième quart-temps (56-43, 32e). Mais l'adresse et l'expérience de Valdemoro (34 ans) ont eu raison de la jeunesse de l'équipe de France.
Les Bleues, en l'absence de trois joueuses majeures (Sandrine Gruda, Isabelle Yacoubou, Emilie Gomis) blessées pendant la préparation, ontrempli leur objectif: atteindre les quarts de finale. Mais ellespourront nourrir de gros regrets après avoir entrevu une premièredemi-finale mondiale depuis 1953.
Cette douloureuse expérience leur servira peut-être de leçon en matière de lucidité. En progression constante sur sept matches, les Françaises doivent désormais valider leur belle compétition lors des matches de classement.
Déclarations
Pierre Vincent (entraîneur de l'équipe de France): "On a bien joué tout le match, mais un match, ça doit se finir. J'ai fait des choix, celui de mettre mes meilleures joueuses sur le terrain... Elles ont sûrement perdu trop d'énergie. J'ai fait des choix, ce sont des erreurs parce qu'on a perdu."
Endene Miyem (intérieure de l'équipe de France): "On a tenu les rênes du match. On leur a laissé des paniers faciles et elles sont revenues dans la partie. On le paie à la fin. On avait la place de passer, on a fait des erreurs défensives, raté des lancer-francs faciles, des trucs simples qui auraient pu nous mettre à l'abri. On a peut-être faibli un peu mentalement. On avait la victoire entre les mains."
Céline Dumerc (meneuse de jeu et capitaine de l'équipe de France): J'ai honte vis-à-vis de mes coéquipières de ne pas avoir été à la hauteur, de les avoir fait échouer dans ce quart qui était dans nos mains. Je me sens fautive. On est une équipe jeune, on disait qu'il pouvait nous manquer de l'expérience et c'est la joueuse avec le plus d'expérience qui fait les boulettes. Je suis déçue pour toutes mes coéquipières qui se sont battues et le staff pour tout le travail qu'on avait mis en place. J'avais l'habitude de dire qu'un match se jouait jusqu'à la fin pour renverser la tendance et je me suis fait piéger à mon propre discours. On avait un bon plan de jeu, c'est pour ça qu'on était devant tout le match. Un match, ça se joue sur des détails: des pertes de balle, le contrôle de ses émotions, plein de détails qui ne sont pas purement basket ... Ce soir, sur ça, j'ai été faible. L'Espagne est une équipe qui ne lâche jamais. Elles y ont peut-être plus cru que nous."
Amaya Valdemoro (capitaine de l'Espagne): "On ne renonce jamais, c'est bien. On se bat toujours et on a toujours été tout près de ce dernier carré. On va profiter de cette victoire et contre les États-Unis, on va prendre du plaisir sur le terrain."
Les deux derniers finalistes éliminés Les deux finalistes du dernier Mondial, les championnes en titre australiennes et les Russes, ont été éliminées vendredi dès les quarts de finale de l'édition 2010, respectivement par la République tchèque (79-68) et le Belarus (70-53).
Les deux équipes s'affronteront en demi-finales samedi. L'autre demie opposera les quadruples championnes olympiques américaines, plus que jamais favorites pour le titre après avoir pulvérisé (106-44) les Sud-Coréennes, à l'Espagne.
Les Bélarusses, quatrièmes du dernier Euro qui disputent leur premier Mondial, se sont appuyées sur leurs forces habituelles --Yelena Leuchanka (17 pts, 9 rbds) et leur adresse à trois points-- pour faire tomber les Russes qui restaient sur six victoires en six matches.
Les Tchèques ont créé la deuxième surprise de la journée en sortant les tenantes du titre. Dans un match serré, les locales, emmenées par Hana Horakova (21 pts dont 4 sur 7 à trois points, 3 passes et 8 rbds) et Eva Viteckova (27 pts, 4 rbds), ont muselé les vedettes australiennes Penny Taylor (6 pts à 2 sur 15), Kristi Harrower (8 pts, 1 passe) et Lauren Jackson (13 pts à 3 sur 15, 8 rbds), qui a inscrit ses premiers points dans le jeu à la 27e minute! Australiennes et Russes se retrouveront samedi dans leur premier match de classement pour les places 5 à 8.
Les Etats-Unis ont comme attendu survolé leur quart de finale face aux Sud-Coréennes et ménagé leurs joueuses majeures (Taurasi, Bird, Fowles). Les Américaines sont les seules encore invaincues dans la compétition.
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