EuroBasket : Les cinq leçons françaises du premier tour
La France dans le trio de tête
Vincent Collet et ses joueurs l’ont répété à l’envi : les Bleus devaient, pour donner le ton avant les huitièmes, terminer premiers d’une groupe A faiblard où ils faisaient figure d’immenses favoris. En ce sens, l’équipe de France a accompli sa première mission. Mieux : bien que bousculés (voir plus bas), ils n’ont pas lâché la moindre rencontre. "D’un point de vue comptable c’est parfait", se félicite Boris Diaw. "Le contrat est rempli", renchérit Batum. Les Tricolores intègrent ainsi un club sélect de nations invaincues après cinq matches dans le tournoi. Les Serbes, favoris au même titre que les Français, ont survolé un groupe B ultra-relevé en battant coup sur coup la Turquie, l’Espagne et l’Allemagne ; vendredi, ils se sont même permis de corriger l’Italie au terme d’une véritable démonstration. La Grèce s’est montrée tout aussi impressionnante en sortant invaincue du groupe C, où ils ont tout de même battu la Slovénie (83-72) et la Croatie (72-70). Deux formations supérieures au plus redoutable adversaire des Bleus durant cette phase de poules.
Des relâchements coupables
Si le bilan comptable est impeccable, l’irrégularité affichée par les Français durant ses premiers matches incite à la prudence. Le sélectionneur a successivement reproché à ses joueurs de faire preuve de "suffisance" (après le match contre la Finlande où ils ont cessé de jouer durant les sept dernières minutes), de "manquer d’adresse" (dans la foulée d’une victoire à l’arrachée contre la Pologne) et de ne "pas jouer avec la bonne intensité" (lors d’un succès qui a mis du temps à se dessiner face à la Russie). Tony Parker n’a pas hésité à dire de la défense tricolore, l’arme première de cette équipe, qu’elle était "nulle" le weekend dernier. Puis, une fois les réglages défensifs réalisés, c’est l’attaque qui est tombée en panne, encourageante par moment mais éteinte sur de trop longues séquences. Faut-il s’en inquiéter ? Durant tout le premier tour, les Bleus ont semblé s’adapter au niveau de leur adversaire. Vincent Collet parle d’un "phénomène de gestion inconsciente". Même la dernière victoire, jeudi contre une équipe B d’Israël, ne s’est définitivement dessinée que dans les tous derniers instants du match. Heureusement, le ton va vite monter. "On en a gardé sous le coude", promet le capitaine Boris Diaw.
Voir sur Twitter
Un mot d’ordre : gestion
C’est sans doute la plus belle victoire de Vincent Collet au premier tour : aucun joueur français n’a joué plus de 25 minutes par match. Trois titulaires (Boris Diaw, Rudy Gobert et Nicolas Batum) se situent même sous la barre des 22 minutes de jeu. Un travail d’orfèvre d’autant plus admirable que le sélectionneur n’a pas actionné des leviers aussi grossiers qu’Israël – dont les trois meilleurs joueurs ont tout simplement été mis au repos face à la France hier – et que les Bleus ont souvent dû lutter jusque dans le quatrième quart-temps pour s’imposer. Collet a souvent tenté des combinaisons atypiques, comme contre la Russie où c’est en alignant un cinq "spécial" (De Colo, Kahudi, Gelabale, Lauvergne, Gobert) que les Bleus ont fait la différence en fin de match… tout en faisant reposer Parker, Batum et Diaw. Grâce à cette gestion, Parker (24mn50) a moins joué que toutes les autres stars de la compétition : Vassilis Spanoulis (26mn02), Jonas Valanciunas (26mn55), Milos Teodosic (26mn57) ou Pau Gasol (28mn01).
De Colo et Gobert, au-delà des espérances
Dire que Nando De Colo est la révélation de ce premier tour serait faire insulte à son parcours, et notamment à sa dernière saison, excellente, au CSKA. Le Nordiste est un incroyable joueur de collectif, ce n’est pas nouveau. Mais intégré au cinq de départ, dans un rôle qui lui sied visiblement à merveille, De Colo joue depuis une semaine avec une impressionnante justesse. Deuxième marqueur (11,6 points), troisième passeur et troisième rebondeur des Bleus, "le moniteur" est le Français au plus gros volume de jeu. Celui aux plus longs bras, c’est Rudy Gobert, et il les utilise à bon escient. Numéro un aux rebonds et aux contres, la tour de contrôle du Jazz a donné une nouvelle dimension défensive à l’équipe de France. "Il est arrivé à défendre deux joueurs en même temps sur pick&roll", remarquait Collet après le match contre la Pologne. Charles Kahudi et Joffrey Lauvergne, efficaces et toujours remontés comme des pendules, sont les deux plus belles satisfactions tricolores en sortie de banc.
Voir sur Twitter
Batum et Fournier, parfois à contre-sens
Dans un rôle différent de celui des deux dernières années, "davantage dans la mobilité que dans la finition" (en d’autres termes : moins de points et moins de temps de possession avec la balle en main), Nicolas Batum avait abordé cet EuroBasket "libéré". Mais après cinq matches, l’ailier de Charlotte n’est pas dans le coup : cinquième marqueur des Bleus avec 9,4 points de moyenne (Joffrey Lauvergne, en sortie de banc, score davantage), "Batman" manque d’agressivité et d’adresse. Derrière l’arc, il est perdu (2/16) et si Collet n’en fait pas son "problème majeur", la montée en puissance de Batum sera déterminante lors des matches couperets. Evan Fournier semble lui l’avoir déjà entamé contre Israël (4/6 longue distance), et heureusement, car l’arrière avait commencé le tournoi sur des bases bien timides. Des choix offensifs discutables et une incapacité à scorer près du cercle (1/11 à deux points !) plombent celui qui, censé être l’attaquant numéro un en sortie de banc, ne peut se permettre de stagner sous les 5 points de moyenne (4,8). D’autant que lorsqu’il brille, cela permet de décaler De Colo à la mène… et donc de faire souffler Tony Parker. D’ailleurs, dans une moindre mesure, TP (12,4 points) devra prendre garde à ne pas transformer son envie de bien faire en tendance à jouer les solistes. Mais on chipote.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.