Collet, le bâtisseur de l’ombre
Il a récupéré une équipe de France de basket en friche. Il en a fait une championne d’Europe historique quatre ans plus tard. Lorsque Vincent Collet prend les Bleus en main au printemps 2009, Parker et sa bande restent sur une décevante 8e place à l’Euro 2007. Une position qui les prive des JO 2008 et les oblige à passer par un tournoi de qualification pour participer au Championnat d’Europe 2009. Titré sur tous les bancs où il est passé, l’ancien arrière a déjà décroché deux titres de champion de France avec Le Mans et l’Asvel (2006 et 2009) lorsqu’il est désigné sélectionneur national. Ses débuts à la tête de la formation tricolore confirment cette réputation de gagneur. Collet qualifie ses hommes pour l’Euro 2009. En Pologne, les Tricolores gagnent leurs 6 matches inauguraux mais butent sur l’Espagne, futur lauréate, en quart de finale. Cinquième de la compétition, ils assurent leur présence au Mondial 2010 et à l’Euro 2011. Le début d'une lente reconstruction, fortifiée par une médaille d'argent européenne il y a deux ans et achevée avec un premier titre international dimanche.
Collet a fait changer Tony Parker
« Nous nous sommes effacés devant ces stars (Parker et les joueurs NBA français, ndlr) mais ça ne nous empêche pas de les coacher. » Une phrase révélatrice de la méthode Collet. A son arrivée, Tony Parker flambe sans résultat. Dans l’ombre, l’ancien adjoint d’Alain Weisz au Mans réinvente donc le costume du meneur de jeu des Spurs chez les Bleus. « Tony attend les consignes, il me demande les systèmes (de jeu), il a besoin de ça », confie le coach Normand. Tout triple champion NBA qu’il est, TP écoute son entraîneur et se force à faire confiance à des coéquipiers au talent offensif bien moins abouti que le sien. La finale face à la Lituanie dimanche en est l’aboutissement. Malgré la confortable victoire française (80-66), Parker n’a marqué que 12 points. S’il a maintenu la France à flots en quart et en demi-finale, c’est lors de son passage sur le banc que ses équipiers sont revenus sur les Espagnols.
Autrefois perdus sans lui, les autres membres de l’équipe de France se sont responsabilisés sous l’ère Collet, à l’image d’un Boris Diaw prolifique comme jamais sous le maillot frappé du coq (10,4 pts de moyenne en Slovénie). « Coach Collet avait le plan parfait (pour la finale). Il m’a dit : « ce soir, fais confiance à tes coéquipiers. Ils vont doubler sur toi, ils vont sortir dur sur le pick-and-roll, il faut que tu fasses confiance à tes coéquipiers (…). Tu as porté l’équipe jusque-là. Maintenant, c’est à l’équipe de te porter », explique le protégé de Gregg Popovich depuis 2001 à San Antonio. Un mentor auquel il compare Vincent Collet. « Il (Collet, ndlr) est une des raisons pour lesquelles je reviens en équipe de France. C'est mon "Pop" européen (surnom de Popovich), celui qui sait comment me préserver », affirme le MVP des Finals NBA 2007. Convaincant aux yeux de son leader, le technicien de 50 ans, élu entraîneur de l’année 2001 et 2004 en Pro A, s’est également attiré les grâces de la génération montante incarnée par Nicolas Batum. « Vincent Collet est le meilleur coach français actuel, l’un des meilleurs de toute l’histoire du basket hexagonal », clame le joueur qu’a fait débuter Collet au Mans.
Collet, tacticien hors pair et passionné
Les choix payants de celui qui a ramené les Bleus aux JO l’an dernier, 12 ans après leur médaille d’argent, donnent du crédit aux propos de Batman. En quart de finale, il confie le marquage de Goran Dragic, meilleur joueur slovène, à son ancien poulain dans la Sarthe. Et en demie, il fait souffler Tony Parker durant la moitié du 3e quart-temps pour lui permettre d’arriver frais dans le money-time. « Techniquement, il a su varier les jeux, les systèmes, faire les bonnes rotations… Il a été parfait tout au long du tournoi. Il a évolué en tant que coach depuis que je le connais. Aujourd’hui, il est dans le top européen », poursuit Batum. De son côté, Joffrey Lauvergne, nouveau venu chez les Bleus, loue « l’amour du basket» d’un coach qu’il décrit comme «un vrai passionné, qui comprend très bien le basket.» Un mordu de balle orange qui n’a pas hésité à traverser l’Atlantique pour participer aux camps d’été des Cleveland Cavaliers comme assistant en 2007. Un homme devenu coach-adjoint dès la fin de sa carrière, à 38 ans. Et un entraîneur qui reprendra la saison de Pro A avec Strasbourg dans deux jours. « On pense que c’est l’homme de la situation », déclarait Parker après la défaite contre l’Espagne en ¼ de finale des JO à Londres. Son contrat prolongé jusqu’aux JO 2016, Vincent Collet guidera l’équipe de France sur les trois prochaines compétitions internationales. Avec pour obsession de bâtir sur des fondations désormais solides.
Vidéo: Collet savoure la victoire et analyse le tournoi de son équipe en Slovénie
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