Coupe du monde de basket : Mathias Lessort, un renfort à point nommé pour les Bleus
À la fin de l'entraînement dans la salle annexe de l'Indonesia Arena de Jakarta (Indonésie), samedi 26 août, Mathias Lessort défie son coéquipier Guerschon Yabusele en un-contre-un. Bien qu'on ne sache pas le résultat de ce duel improvisé, les rires fusent entre les deux intérieurs. La veille, dans le marasme de l'équipe de France contre le Canada (65-95) en ouverture de la Coupe du monde, le premier nommé a été l'une des rares notes positives de la soirée avec Evan Fournier. Auteur d'une solide prestation, il devra la répéter face à la Lettonie, dimanche, pour éviter que les Bleus ne prennent déjà la porte.
Son activité, son agressivité et ses sept points en moins de deux minutes à cheval sur le premier et le deuxième quart-temps ont permis aux Bleus de prendre, à ce moment-là, une légère avance au score. "Quand je suis rentré sur le terrain, je voulais juste trouver où je pouvais aider l'équipe. J'ai réussi à avoir quelques opportunités, et en faire de bonnes choses", a-t-il analysé vingt-quatre heures plus tard. De quoi confirmer la confiance placée en lui par Vincent Collet. Le sélectionneur avait fait un pari audacieux en décidant de l'emmener dans ses valises alors qu'il n'avait pas joué une seule minute des sept matchs amicaux.
Victime d'une entorse de la cheville gauche avant le rassemblement du groupe France à Pau, fin juillet, l'intérieur a été handicapé pendant l'intégralité de la préparation. Il a multiplié les allers-retours avec Athènes pour que son nouveau club ces deux prochaines années, le Panathinaikos, puisse évaluer son état physique et donner son feu vert à une participation au Mondial. L'ombre de l'incertitude de Mathias Lessort planait alors sur la préparation des Bleus. Au point que Vincent Collet avait rappelé Yoan Makoundou et Vincent Poirier pour pallier un éventuel forfait de dernière minute.
Seul avec sa X-Box
Cependant, jamais le sélectionneur n'a douté de son choix, qu'importe que le Martiniquais n'ait pas joué depuis le 22 juin et le titre acquis en Ligue adriatique avec le Partizan Belgrade. "On considère qu'il a des qualités qu'on n'a pas forcément dans le groupe et qu'il est complémentaire des autres intérieurs", expliquait le coach vice-champion olympique 2021 avant la Coupe du monde.
"Mes coéquipiers me disent depuis longtemps qu'ils ont envie que je vienne, ils pensent que je peux apporter quelque chose de bien à l'équipe, a-t-il apprécié. Rien que ça, ça m'a mis en confiance avant même de jouer, de savoir que le coach voulait vraiment m'utiliser."
Pendant un mois, le médaillé de bronze au Mondial 2019 a traversé successivement une période de rééducation, de réathlétisation avant de reprendre l'entraînement collectif il y a une douzaine de jours. C'était avec l'ancien club de Victor Wembanyama et de Vincent Collet, les Metropolitans de Boulogne-Levallois, pendant que ses compatriotes effectuaient leur dernier stage au Japon. Il est ensuite arrivé dès lundi dernier dans la moiteur et la pollution de Jakarta, la capitale indonésienne. Seul avant l'arrivée du reste de l'équipe de France, un jour plus tard. "C'était long !, rigole-t-il sur le site de la Fédération française de basketball. J'ai beaucoup joué à la X-Box."
L'an passsé, le joueur de 27 ans est devenu l'un des meilleurs intérieurs en Europe. Auteur d'une saison à 12 points et 7,1 rebonds de moyenne en Euroligue (C1), il a été récompensé par une nomination dans le cinq majeur de la compétition. Passé par Chalon-sur-Saône, son club formateur, Nanterre, l'Etoile rouge de Belgrade, Malaga, le Bayern Munich et le Maccabi Tel Aviv, le vainqueur de l'Eurocoupe (C2) avec Monaco en 2021 a changé de dimension cette année.
Adulé au Partizan Belgrade
Sous les ordres de la légende du coaching aux neuf titres d'Euroligue, le Serbe Zeljko Obradovic, le Tricolore est devenu dominant. "On sentait que c'était quelqu'un de très prometteur, se souvient Pascal Donnadieu, son ancien entraîneur à Nanterre et actuellement coach assistant en équipe de France. Il a gardé ce qui faisait sa force : la vitesse, l'explosivité, la détente. C'est un joueur mature, en pleine force de l'âge, qui est capable de bien analyser les situations."
Malgré son passage dans le club rival de la capitale serbe, il est adulé par les supporters du Partizan Belgrade, parmi les plus fervents du Vieux continent. Un exemple ? L'un d'entre eux lui a demandé d'être son témoin de mariage. "C'était le chouchou absolu du public, confirme Ivona, supportrice du club. Grâce à sa personnalité, parce qu'il a appris la langue, qu'il donnait tout sur le terrain pendant le match et restait chanter avec nous après."
S'il est autant apprécié, c'est que le natif de Fort-de-France a grandement participé à la saison réussie des Serbes : vainqueurs de la Ligue adriatique et éliminés au match décisif en quart de finale de C1 par le Real Madrid. Une série pendant laquelle Mathias Lessort avait été suspendu une rencontre pour un mauvais geste lors d'une impressionnante bagarre générale au match 2.
Cela ne l'a pas empêché d'attiser les convoitises pour la saison prochaine. Il rejoindra finalement la Grèce et le projet du Pana, six fois champion d'Europe, qui aspire à retrouver les sommets après trois saisons consécutives sans playoffs. "On ne fixe pas de limites à ce type de joueurs", conclut Pascal Donnadieu.
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