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Basket universitaire : ferveur, petits poucets, folie, brackets... 4 questions pour comprendre la "March Madness"

Les États-Unis ont sombré dans la folie depuis le 14 mars : la "March Madness" a débuté à Indianapolis pour trois semaines de basket parmi les plus attendues de la saison outre-Atlantique. Elles restent pourtant encore bien méconnues en France. Bracket, système à élimination directe.... Voici ce qu'il vaut savoir pour comprendre la "March Madness".
Article rédigé par Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
La March Madness NCAA (ici lors d'un match le 20 mars 2019) est l'un des événements sportifs les plus suivis aux États-Unis. (PATRICK SMITH / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

• La March Madness, qu'est-ce que c'est ?

Tous les ans, le championnat universitaire de basket-ball connaît son dénouement aux États-Unis autour de Pâques. La phase finale de la saison de NCAA, le nom de l'association qui organise les compétitions sportives universitaires, se déroule sur une période condensée entre les meilleures facs du pays au terme de la saison régulière.

Celle-ci se déroule en majeure partie durant le mois de mars, jusqu'à la finale nationale, qui se déroulera cette année dans la nuit du 5 au 6 avril en France. Comme de nombreuses compétitions, la Covid-19 a contraint la March Madness à quelques ajustements. Après avoir été purement et simplement annulée en 2020, elle aura lieu cette année pour la première fois en une seule ville, à Indianapolis, l'un des berceaux de la balle orange. 

• Comment cela se passe ?

Au terme de la saison régulière, 68 universités sur les 350 que compte la première division sont retenues pour disputer la March Madness. Traditionnellement, les 32 équipes victorieuses de leurs conférences sont qualifiées, les 36 autres étant repêchées par un comité de sélection en fonction de nombreux critères plus ou moins flous (classement, difficulté du calendrier, qualité de jeu, etc..). Une fois le tour préliminaire disputé, les 64 équipes qualifiées se voient attribuer un rang, une tête de série, puis elles s'affrontent ensuite lors de quatre tournois régionaux.

Ces tournois se déroulent comme une coupe : match à élimination directe, le premier tour voyant s'affronter la tête de série numéro 1 contre la numéro 16, la numéro 2 contre la numéro 15, etc… Jusqu'à ce que chaque tournoi désigne son vainqueur. Les quatre équipes restantes se disputent ensuite le titre national lors d'un Final Four, là aussi à élimination directe.

• Pourquoi ce nom de "folie de mars" ?

La March Madness, littéralement la "folie de mars" en français, est un des événements qui porte le mieux son nom dans le sport international. Le sport universitaire, notamment le basket, est une part importante de la culture sportive aux États-Unis. Les universités gèrent leurs équipes sportives comme des clubs à part entière. Les plus prestigieuses facs possédant des budgets près de deux fois supérieurs à celui de l'ASVEL, club de Jeep Élite le mieux loti financièrement (environ 18,5 millions de dollars pour Duke en 2020, 11,9 millions pour l'ASVEL en 2020-2021). Certaines d'entre elles évoluent au quotidien dans des salles aussi grandes que le Palais omnisports de Paris-Bercy, jusqu'à 22 000 spectateurs en moyenne dans la salle de Syracuse. 

Imaginez maintenant cette atmosphère étudiante, la foule en délire, les fanfares et tout le décorum du monde universitaire mélangés à l'intensité d'une saison de basket… mais réduite à trois semaines de compétition. La March Madness offre tous les ans des grands moments et des "Cinderella Stories", ces histoires de petits poucets et de joueurs qui ne feront jamais carrière en professionnel mais qui, le temps de 40 minutes, deviennent des héros en faisant tomber des mastodontes de la NCAA. Rares sont les événements sportifs à concentrer autant d'émotions et de ferveur sur une telle période de temps.

Surtout que la fibre patriote se ressent aussi quand on évoque les facs aux États-Unis. Être passé par une université signifie souvent en supporter les équipes sportives, que l'on aime ou non le sport. Les conséquences sont énormes. Les rencontres de la March Madness sont diffusées sur les plus grandes chaînes nationales, qui versent près d'un milliard de dollars par an et dépêchent le temps de la compétition leurs commentateurs vedettes. Le basket universitaire va jusqu'à perturber l'économie toute entière. Une étude menée en 2017 chiffre à 6,3 milliards de dollars les pertes financières à cause des heures de travail perdues durant la March Madness par des employés en arrêt, ou trop concentrés sur les rencontres et leurs tableaux, les brackets.

· Les brackets, késako ?

Les pronostics et autres paris sont légion dans le monde du sport. Mais peu prennent une ampleur comparable à celle des brackets de la March Madness. Les brackets, les tableaux finaux de la compétition, donnent lieu à d'intenses débats tout au long de la saison, au point d'être devenues une science, la "bracketology", dont le but est de deviner quelles vont être les équipes qualifiées et avec quelle tête de série. La discipline a même un temps été enseignée à l'université de Saint Joseph's, en Pennsylvanie, et sanctionnée d'un diplôme. 

Une fois le bracket officiel de la March Madness connu, les concours sur les résultats finaux sont une institution. Du premier tour jusqu'à la finale, les amateurs doivent deviner le dénouement exact de 63 matches, une chimère qui peut rendre chèvre mais prise très au sérieux. L'exercice était même devenu une tradition de la part des Présidents américains, filmés tous les ans à remplir leur tableau, jusqu'à l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

Les principaux sites sportifs et de paris ont recensé plusieurs dizaines de millions de brackets remplis avec des compétitions rapportant jusqu'à un million de dollars à son vainqueur. L'homme d'affaires Warren Buffett, une des plus grandes fortunes du monde, lance tous les ans aux employés de ses entreprises le pari de signer le bracket parfait, récompensé par un million de dollars par an au vainqueur. Que le magnat se rassure, la plus longue série de l'histoire, réalisée lors de la dernière March Madness en 2019, s'est arrêtée à 49 bonnes prédictions.

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