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Groupes électrogènes, roues abandonnées, pas de tri sélectif... Le rallye Dakar critiqué pour son impact sur l'environnement

La lourde logistique du rallye fait débat. De nombreux déchets sont abandonnés le long des pistes et des routes.

Article rédigé par Guillaume Battin - Laurent Macchietti
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des cars de l'organisation du rallye Dakar, en Arabie saoudite, le 15 janvier 2020. (LAURENT MACCHIETTI / RADIO FRANCE)

Le rallye Dakar 2020 a été particulièrement critiqué cette année, parce qu’il se déroule en Arabie saoudite, un pays où de nombreux opposants au royaume et militants des droits de l’homme sont en prison. La seconde critique est récurrente : les sports mécaniques polluent. C'est d'autant plus marquant lorsqu’ils se déroulent dans un décor féérique et que les concurrents se disent amoureux de la nature, voire des défenseurs de la planète comme l’aventurier à peine rentré d’Arctique, Mike Horn, dont la présence dans le bivouac a de quoi étonner.

Plus de 2 500 personnes se retrouvent chaque soir après l’étape sur le bivouac du Dakar. Un village fermé où les écuries démontent et réparent les motos, quads, autos, SSV (Side by Side) et camions engagés dans la course. L’ambiance est aux bruits de moteurs qui rugissent mais aussi aux nombreux groupes électrogènes individuels et collectifs, qui tournent 24 heures sur 24, aux cars à couchettes dont les moteurs fonctionnent en permanence pour assurer chauffage et lumière. Un nuage de fumée mêlée de poussière et de gaz carbonique recouvre le camp. Un avion de ligne aux deux rotations quotidiennes a été affrété pour suivre les concurrents. Une flotte de dix hélicoptères embarque la direction de course, cameramen, médecins, VIP et photographes.

Le plus beau désert du monde, une décharge à ciel ouvert

Les fans de sports mécaniques et de rallye-raid se régalent. L’Arabie saoudite possède l’un des plus beaux déserts au monde. "Monsieur Dakar", le Français aux 13 victoires Stéphane Peterhensel est dithyrambique : "Par rapport aux déserts mauritanien et algérien, ici, c’est puissance 10."

Pourtant, les pistes et les dunes sont jonchées d’ordures. Le bord des autoroutes est constellé de bouteilles et de bidons en plastique, de pneus de camions, d’engins de chantiers ensablés à proximité des puits de pétrole. Des centaines de milliers de litres de carburant sont brûlés par des véhicules de course surpuissants (non équipés de filtres à particules) et par les camions et 4X4 d’assistance qui leur emboîtent le pas. Derrière son passage, le Dakar laisse des roues crevées en plein désert.

Il n'y a pas de tri sélectif sur le site du rallye. (LAURENT MACCHIETTI / RADIO FRANCE)

Le bilan carbone du Dakar est de 40 000 tonnes de CO2, d’après l’ONG française Agir pour l’Environnement, dont 15 500 tonnes pour son impact direct (organisation, logistique) selon Amaury Sport Organisation. À la cantine, où près de 80 000 repas sont servis pendant toute la durée du rallye, le tri sélectif auquel tout le monde s’était habitué au Pérou en 2019 a disparu. Les restes des plateaux, plastiques, assiettes en carton et cannettes de soda sont vidées dans la même poubelle.

ASO promet des changements dès l’an prochain. La société française organisatrice du rallye-raid envisage de lancer prochainement de nouvelles catégories : véhicules électriques, hybrides et aux moteurs à hydrogène. "Dès l’année prochaine, nous aurons des actions conjointes sur la sécurité routière, sur la préservation du désert et sur le tri sélectif, affirme à franceinfo Yann Le Moenner, directeur général d’ASO. Nous avons bien conscience que le Dakar doit évoluer et la maîtrise de son impact écologique fait partie de son évolution."

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