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Péages urbains : à Toulouse, l'hypothèse ne fait recette ni auprès des habitants, ni auprès des élus

À Toulouse, les habitants et les commerçants ne voient pas d'un bon oeil le projet de péages à l'entrée de la ville. De toutes façons, il n'est pas envisagé par la majorité municipale qui le juge "discriminatoire".

Article rédigé par franceinfo, Stéphane Iglésis - Stéphane Iglésis
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le périphérique de Toulouse en mars 2012 (illustration).  (REMY GABALDA / AFP)

Le gouvernement veut faciliter l'implantation de péages urbains à l'entrée des grandes villes, afin de limiter la pollution. Les tarifs seraient plafonnés à 5 euros pour les plus grandes villes. À Toulouse, cette proposition du gouvernement entraîne une levée de bouclier des habitants et des élus de la majorité municipale.

Un budget en plus pour le client

À Toulouse, même si les habitudes évoluent, prendre sa voiture pour aller en ville, travailler ou se divertir, reste une habitude, d'autant que l'agglomération est très étendue. Alexis, un habitant de Revel, à près de 60 km du centre-ville, assure qu'il ne viendra plus dans l'agglomération s'il doit franchir et payer un péage. "Quand on a un petit budget, c'est trop. Si on vient pour les loisirs, on va peut-être se payer un café ou s'acheter quelque chose. Et on a déjà l'essence pour le trajet", argumente-t-il. Ce choix dans les dépenses et les destinations, c'est justement ce qui inquiète Guillaume, un commerçant du centre de Toulouse.

Ça va faire une désertification des centres villes, nos clients ne vont plus venir.

Guillaume, commerçant toulousain

à franceinfo

Thierry n'a pas de voiture, ce qui ne l'empêche pas d'estimer la mesure injuste. Il dit surtout compatir avec les automobilistes qui n'ont pas beaucoup d'argent et qui "vont devoir débourser pour venir travailler en ville". C'est "l'octroi" d'une autre époque, lance-t-il. Gwenaël, pourtant cycliste, souligne lui aussi le caractère punitif de la proposition. "Ceux qui n'ont pas les moyens de vivre en centre-ville, dit-il, habitent la ceinture et ce sont encore eux qui vont payer", déplore-t-il. 

D'autres solutions envisagées

À Toulouse, les transports en commun ont du mal à absorber environ 15 000 habitants de plus chaque année. Pour autant, la ville et la métropole ne veulent pas de péage urbain. D'abord pour des raisons pratiques. Jean-Michel Lattes, premier adjoint au maire de Toulouse, en charge des déplacements, décrit une ville dont la surface est équivalente à Paris, très étalée, avec donc "des moyens qui permettraient le contournement du péage urbain". Et sur le fond, la majorité municipale est contre.

La pratique serait discriminatoire par rapport aux habitants de la banlieue. On estime que ce serait aussi une rupture de l'égalité de l'accessibilité au centre urbain.

Jean-Michel Lattes

à franceinfo

À la place du péage urbain, la ville de Toulouse propose des zones à faible émission où les voitures les moins polluantes pourraient circuler à vitesse réduite, mais cela ne concernerait que quelques quartiers et l'hyper centre de la Ville rose.

Péages urbains : une option qui semble déplaire aux habitants, autant qu'aux élus de Toulouse - un reportage de Stéphane Iglésis

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