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Romain Grosjean : "L'Indycar, une bouffée d'oxygène !"

La Formule 1 reprend sans lui, ce weekend à Bahreïn. Une première depuis 2012. Romain Grosjean profite de quelques jours en famille avant de partir aux Etats-Unis. Quatre mois seulement après son accident, il s’apprête à découvrir l’Indycar. Un nouveau monde, après 179 Grand Prix et 10 podiums en F1. Pandémie oblige, rencontre à la frontière franco-suisse, dans un palace propice aux confidences…
Article rédigé par Gael Robic
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Miraculé de la F1, Romain Grosjean poursuit sa carrière en IndyCar (ANTONIN VINCENT / DPPI Media / DPPI via AFP) (ANTONIN VINCENT / DPPI MEDIA)

Avant toute chose, comment allez-vous ?
Romain Grosjean
 : "Physiquement, les choses avancent bien. Ma main gauche porte encore quelques séquelles, mais avec de la crème et du travail – et en évitant le froid !- ce n’est pas si mal ! Je peux vivre normalement, faire des câlins à mes enfants et conduire une voiture d’Indycar !"

La notion de retraite vous a-t-elle effleuré l’esprit depuis cet accident ? Qu’il fallait peut-être arrêter là-dessus ?
RG
 : "Non. Je l’ai fait croire aux gens une semaine! A Bahreïn, sur mon lit d’hôpital, l’objectif était d’être de retour pour le Grand Prix suivant à Abu Dhabi. Jamais l’idée d’arrêter n’a été vraiment là. Plus j’y repense, plus c’était clair dès le début."

"Aujourd’hui, à 85%, je suis sûr que ça va bien se passer !"

Vous avez découvert l’Indycar le mois dernier. On aurait aimé voir votre visage, sous le casque, après le premier tour… ?
RG
 : "(Grand sourire) J’appréhendais un petit peu. La première journée d’essais, nous étions plus dix voitures en piste, je me suis demandé comment cela allait se passer avec d’autres concurrents autour de moi. C’était LA question. Finalement, il n’y a pas eu de problème. Maintenant, au départ du premier Grand Prix, lancé avec 24 voitures, comment je vais me sentir, ça reste une question. Il se peut que j’ai peur. Si c’est le cas, je ramènerai la voiture aux stands et je leur dirai que je n’ai plus envie. Si j’ai peur, je n’ai plus envie. Aujourd’hui, à 85%, je suis sûr que ça va bien se passer."

Lors de ces essais, vous portiez le casque dessiné par vos enfants, que vous auriez dû porter pour votre dernier GP en F1. C’était une façon de tourner la page ?
RG : "C’était une façon de les impliquer au maximum. Je n’en ai pas beaucoup parlé, mais ne pas porter ce casque à Abu Dhabi a été l’une des choses les plus difficiles à accepter. Je leur ai promis que si je re-roulais, je le porterai. Ce sera le cas pour ma première course d’Indycar, et après je le ramène à la maison, où il aura une place de choix ! Ils ont vu l’accident en direct. Pour eux, leur papa n’était pas dans une bonne situation. Ils ont 7,5 et 3 ans, ils sont petits. On parle beaucoup, on a beaucoup discuté. C’est leur casque, c’était important pour eux de le voir rouler dans une voiture de course."

« En F1, j’étais arrivé au bout du chemin »

Quand on passe de la Formule 1 à l’Indycar, c’est un peu rendez-vous en terre inconnue !?
RG
 : "C’est çà ! C’est totalement différent. Ça reste du sport automobile, une voiture avec quatre roues, mais ça n’a rien à voir. C’est une vraie bouffée d’oxygène. Il y a du positif et du négatif. En termes de technologie, c’est des années de retard par rapport à la Formule 1, mais ils n’en veulent pas plus. Il y a une super entente entre les pilotes. Une bonne atmosphère, même si on ne se fait pas de cadeau en piste. Tout est ouvert, accessible. En F1, il faut tout cacher, c’est l’obsession absolue. En Indycar, ils s’en moquent ! Les voitures sont les mêmes pour tous. Si tu veux regarder, copier, vas-y. Et que le meilleur gagne en piste ! Les voitures n’ont pas de direction assistée, il faut se battre pour aller vite. C’est cool. Les pilotes vont vraiment vite, il va falloir faire sa place. Je ne regrette rien de ma carrière en F1. J’ai eu la chance de faire ce que j’aimais, faire des podiums avec des bonnes voitures. Mais j’étais arrivé au bout du chemin."

Cette saison, c’est un coup pour voir ?
RG : "Tout est ouvert. L’accident m’a appris une chose : aujourd’hui, j’ai le droit, le choix de dire non. Quand vous êtes en Formule 1, vous y restez à n’importe quel prix. Vous vous accrochez. Quel bonheur de pouvoir choisir. J’ai bien gagné ma vie, j’ai envie de faire un truc qui me plaît. Si je m’amuse, si ça se passe bien, si je gagne des courses…L’idéal, ce serait de faire l’Indycar et les trois grandes courses d’endurance américaines : Daytona, Sebring et Petit Le Mans."

A la suite de votre accident, Mercedes vous a proposé d’essayer sa voiture. La proposition tient toujours ?
RG : "Oui. J’ai récemment reçu un email pour venir mouler mon siège à l’usine !"

Vous le dites, vous êtes « l’homme qui est sorti des flammes ». Le genre de personnage de roman dont raffolent les Etats Unis ?
RG
 : "Même Spielberg n’a jamais fait ça, dans aucun de ses films (rires) !!! A moi d’écrire la suite de l’histoire, et là, on aura une vraie belle success story à l’américaine !"

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