Schumacher, aucune classe
Barrichello : "L'une des pires crasses qu'on m'aie faites"
A défaut d'avoir retrouvé son coup de volant, Michael Schumacher a conservé son indiscipline. Connu pour mal accepter la défaite, le champion allemand a tenté le tout pour le tout pour empêcher Rubens Barrichello (Williams) de lui ravir sa 10e place dans la longue ligne droite des stands du Grand Prix de Budapest. Alors que son adversaire le doublait à la régulière, il s'est une première fois déporté sur la droite pour le gêner puis le tasser le long du mur. Le Brésilien a dû terminer sa manuvre dans l'herbe, à quelques millimètres du mur.
"J'aime les duels équitables mais je ne pense pas que ça l'était, a confié Barrichello. C'était vraiment dangereux, du grand n'importe quoi ! C'est l'une des pires crasses qu'on m'aie faites. Mais bon, lui, c'est un habitué de ce genre de manuvres." Loin de minimiser l'affaire, Schumi a même rajouté de l'huile sur le feu, montrant qu'il n'a rien perdu de son arrogance : "Il avait la place de passer. Mais il est certain que je voulais lui rendre la vie aussi difficile que possible. Il y a toujours des pilotes qui se plaignent et Rubens en fait partie."
A l'issue du GP, les commissaires de course ont décidé de sanctionner le pilote Mercedes en le rétrogradant de dix places sur la grille de départ du prochain Grand Prix, en Belgique le 29 août prochain. Une sanction jugée excessive par son Ross Brawn, directeur d'équipe chez Mercedes : "Vous pouvez penser que c'était limite, mais c'est la course. C'était un geste dur de sa part, mais la sanction des commissaires l'est aussi. Vous pouvez voir aussi que juste après, Michael s'écarte de Rubens. Je pense qu'il ne s'attendait pas à ce qu'il soit où il était car la manuvre de Rubens, on l'a fait plutôt près d'un virage pour prendre l'intérieur, pas aussi loin dans une ligne droite. Tout ceci se passe en une fraction d'un seconde."
La colère du pilote brésilien était d'autant plus compréhensible qu'il est un habitué des heurts avec Michael Schumacher. En effet, certains incidents de course durant son contrat chez "Ferrari" lui sont restés en travers de la gorge. "Est-ce que j'étais plus motivé pour aller chercher la dixième place parce-que c'était Michael devant moi ? D'après vous ?" En 2002, au grand-prix d'Autriche, "Rubens" avait été contraint de céder sa première place à quelques mètres de la ligne d'arrivée au Baron Rouge suite à des consignes de Jean Todt. Un geste fortement critiqué, d'autant plus que l'Allemand était alors largement en tête du championnat du monde, sans réel adversaire.
Et depuis son retour à la compétition en 2010, ce mauvais geste n'est pas la première tentative de resquille de l'Allemand. Au grand-prix de Monaco déjà, il avait doublé Fernando Alonso (Ferrari), en sixième position, dans les derniers mètres alors que la course était encore sous le régime d'un drapeau jaune. Une manoeuvre qui avait entraîné sa rétrogradation de six places. Décidément, au village de la F1, Michael Schumacher n'en finit plus d'avoir mauvaise réputation.
Schumacher : "Je ne cherchais pas à le mettre en danger"
Réalisant l'ampleur de son geste après la course, Michael Schumacher a présenté ses excuses lundi, sur son site personnel. "Juste après la course, j'étais encore dans le feu de l'action. Mais j'ai revu l'incident ensuite et je dois dire que les commissaires avaient raison : la manuvre contre Rubens était trop sèche. Je voulais lui rendre difficile le dépassement. Je lui ai clairement montré mais... je ne cherchais pas à le mettre en danger. S'il le pense, j'en suis désolé." Un mea culpa froid, certainement dicté par les dirigeants de Mercedes, mais qui aura le mérite d'apaiser les tensions à l'issue du week-end hongrois.
Schumacher, pilote dangereux ?
Bien sûr, le champion brésilien a de quoi nourrir une certaine rancur contre son ancien coéquipier chez Ferrari. Ses dernières saisons au sein de la Scuderia (entre 2000 et 2005) lui ayant laissées quelques motifs de griefs. Mais ce mauvais geste du champion allemand, plus que limite, rappelle aux observateurs les heures sombres de son glorieux passé. Schumi, pilote dangereux ?
1994 : Australie
Au départ de l'ultime course de la saison, à Melbourne, Michael Schumacher (Benetton) possédait 1 point d'avance sur Damon Hill (Williams). En tête du Grand Prix, l'Allemand commit une faute et endommagea sérieusement sa suspension. Revenant sur la piste avec une voiture à l'agonie, il ira percuter le pilote britannique et provoqua l'abandon des deux hommes, s'adjugeant ainsi son premier titre mondial.
1997 : Grand Prix d'Europe
Le scénario se répéta trois ans plus tard. Une nouvelle fois le pilote allemand (Ferrari) possédait un point d'avance sur son concurrent direct, Jacques Villeneuve (Williams) à l'entame de la dernière manche. Alors que le Québécois essayait de le doubler à l'intérieur, Schumacher le percuta volontairement pour le pousser à la faute avec moins de réussite qu'en 1994. Schumi termina seul sa course dans les graviers tandis que le francophone remporta son seul et unique titre en Formule 1. Outré par un pareil geste, la FIA décida de déclasser le pilote Ferrari du championnat même s'il conserva ses victoires et ses points.
2006 : Monaco
L'un des derniers faits d'armes du Baron Rouge avant sa première retraite. En lutte avec Fernando Alonso (Renault) pour le titre, l'Allemand venait de réaliser le meilleur temps lors de la séance qualificative, synonyme de pole position lorsqu'il décida de s'arrêter dans le virage de la Rascasse pour provoquer un drapeau jaune. Les concurrents derrière lui furent obliger de ralentir, incapables de lui disputer la première place. Le pilote Ferrari fut finalement obligé de s'élancer en fond de grille.
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