F1 : "Lewis Hamilton a face à lui un animal prêt à tout", annonce Cyril Abiteboul, ancien directeur de l'écurie Renault, avant le GP d'Abu Dhabi
Le Grand Prix d'Abu Dhabi, dernier de la saison, sera décisif pour l'attribution du titre de champion du monde entre Max Verstappen et Lewis Hamilton, à égalité de points.
Le Grand Prix d'Abu Dhabi n'a jamais été escorté d'autant d'impatience et de suspense. Placée en fin de championnat depuis son apparition en 2009 au calendrier de la Formule 1, la course disputée sur le circuit de Yas Marina possédait encore un peu d'enjeu pour le titre de champion du monde à quatre reprises seulement (2010, 2012, 2014 et 2016).
Dimanche 12 décembre, pour l'ultime acte de la saison 2021, Max Verstappen et Lewis Hamilton se disputeront le sacre alors qu'ils sont à égalité parfaite au classement. Cyril Abiteboul, l'ancien directeur de l'écurie Renault (devenue Alpine), analyse le GP décisif qui s'annonce.
Franceinfo: sport : selon vous, quelle voiture entre Mercedes et Red Bull le circuit de Yas Marina favorise-t-il ?
Cyril Abiteboul : Historiquement c'était le genre de tracé qui correspondait bien à Red Bull. Avec une sensibilité moteur un peu plus faible, une voiture avec un vrai appui aérodynamique, un empattement (distance entre les axes d'essieux) et un rake (angle d'inclinaison de la voiture, assez élevé chez Red Bull) plutôt type Red Bull. Après, ils ont fait pas mal de modifications du tracé. J'en ai discuté avec Daniel (Ricciardo), je sais qu'il y aura une portion un peu plus rapide, ça change un peu la stabilité. Ça pourrait remettre sur un pied d'égalité Mercedes et Red Bull. Je ne pense pas que ça va se jouer sur la mécanique, très sincèrement. C'est essentiellement dans les gants du pilote que les choses vont se faire et surtout sous le casque car le facteur psychologique sera à son comble.
Qui vous semble le plus solide pour résister à la pression entre Hamilton et Verstappen ?
C'est compliqué. Lewis Hamilton sort de cette très bonne dynamique avec trois victoires de suite qui le mettent en confiance. Ce qui doit cogiter dans sa tête, c'est que l'animal qu'il a face à lui est prêt à tout, imprévisible. Pendant une semaine, on a le temps de ressasser ce qu'il s'est passé, tout ce que le pilote adverse est capable de faire et donc de créer du doute, de l'incertitude sur ce que Lewis Hamilton peut s'attendre de la part de Max (Verstappen). Si Lewis avait gagné facilement dimanche dernier, il se sentirait extrêmement fort et dans les meilleures dispositions pour attaquer Abu Dhabi. Là, le fait que ce soit tellement disputé crée probablement un peu de doute chez lui, ce qui ne peut jouer qu'à l'avantage de Max.
Sur ce circuit, la pole position est-elle particulièrement déterminante ?
Je pense qu'effectivement le samedi et le premier virage, puis le premier freinage de dimanche seront très importants. Mais on aurait aussi pu dire ça de Jeddah, sachant que cela déclenchera quand même moins de drapeaux rouges à Yas Marina. Dimanche dernier, on savait qu'un incident provoquerait un drapeau rouge, un nouveau départ et donc de nouvelles opportunités de premier virage et de premier freinage. On peut s'attendre à un Grand Prix dont l'issue sera fortement déterminée par celui qui vire en tête après le premier virage, donc en grande partie par les qualifications.
"Je vois bien un Lewis en pole mais un Max qui arrive à se refaire au premire virage"
Quel pilote a l'avantage en qualifications selon vous ?
Sur la qualif, je fais un petit pari sur Lewis qui est quand même robuste, très propre. On a vu l'erreur de Max en Q3 la semaine dernière, même s'il allait battre Lewis car ses deux premiers secteurs étaient meilleurs. Sur la course, ce sera une autre paire de manches. Je vois bien un Lewis en tête sur la grille mais un Max qui arrive à se refaire au premier virage. Puis ensuite, il restera quelques tours…
Peut-on imaginer que les coéquipiers, Sergio Perez pour Red Bull et Valtteri Bottas pour Mercedes, jouent un rôle dans ce duel ?
Enormément. Ils ont déjà un rôle pour le championnat constructeurs qui est aussi important même s'il est moins médiatisé. Il est non moins important notamment sur les aspects financiers car la redistribution financière l'année d'après se fait sur la base du championnat constructeurs et non sur celui des pilotes. Deuxièmement, ils sont aussi importants pour le championnat pilotes. Disposer de deux voitures, c'est extrêmement important. L'idéal, c'est d'être deux contre un, ça permet de mettre une pression stratégique sur le pilote seul. Deux contre deux, cela se neutralise. Mais il faut surtout avoir les deux pilotes très proches. Ils ont un rôle énorme à jouer.
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