F1 : Alpine lance un programme pour se féminiser et trouver la championne du monde 2030
L'écurie franco-anglaise Alpine lance, jeudi, un programme visant à accroître la place des femmes ingénieures et pilotes.
La F1 est un sport mixte, sur le papier. Dans les faits, en 72 ans, seules deux femmes ont pris le départ d'un Grand Prix, Maria Teresa de Filippis en 1958 et Lella Lombardi de 1974 à 1976. Face à ce déséquilibre, les écuries commencent à bouger. En lançant son programme "Rac(H)er", jeudi 30 juin, Alpine entre dans la course. Auparavant, en 2021, Ferrari avait notamment accueilli une première jeune femme dans sa prestigieuse académie, la Néerlando-Belge Maya Weug, rejointe en 2022 par l'Espagnole Laura Camps Torras. La Britannique Jamie Chadwick, vainqueure de son deuxième titre en W Series, aspire également à trouver un baquet.
Avec "Rac(H)er", traduction mêlée de "pilote" et de "elle", Alpine veut "faire tomber les barrières sociétales et les clichés" qui empêchent les femmes d'accéder à l'élite du sport automobile, explique à l'AFP son PDG Laurent Rossi.
Introducing Rac(H)er, an ambitious programme for equal opportunities in motorsport and the automotive industry. #RacHer
— BWT Alpine F1 Team (@AlpineF1Team) June 30, 2022
Concrètement, l'écurie va lancer dans les prochaines semaines un appel à candidature pour recruter quatre ou cinq adolescentes de dix à douze ans, douées pour le karting, où tous les pilotes font leurs classes. L'objectif : mener au moins une pilote à faire partie des 20 de F1 d'ici huit ans, le temps estimé pour les former et grimper les échelons.
Suivre l'exemple des femmes astronautes
"Il faut vraiment qu'on puisse dès le plus jeune âge pouvoir détecter le potentiel et suivre le programme d'entraînement", explique Claire Mesnier, directrice des ressources humaines d'Alpine. La marque dieppoise veut d'abord démonter une vieille croyance et montrer que "les femmes sont au moins aussi capables que les hommes de conduire des F1", explique Rossi. Il prend l'exemple des "femmes qui pilotent des avions de chasse, qui sont astronautes, qui encaissent des G (accélération) autrement plus violents, certes potentiellement un peu différents".
Alpine va travailler avec "l'Institut du cerveau sur la partie cognitive, des physiothérapeutes et kinés sur la partie physique, un thésard sur la partie émotionnelle", abonde Claire Mesnier, pour "rechercher si sur ces différentes composantes il y a des différences ou pas" entre hommes et femmes. Les résultats serviront à affiner l'entraînement, à le rendre plus spécifique. La marque sportive du groupe Renault promet aussi le lancement d'un fonds pour financer les talents féminins.
Passer de 12% à 30% d'ingénieures Alpine
Au-delà des aspects physique et financier, le plafond de verre serait surtout culturel. La sous-représentation féminine en sport automobile découle de celle du secteur de l'ingénierie. En France comme en Angleterre, où se situent les deux usines "moteur" et "châssis" de l'écurie, ces filières comptent respectivement 32% et 23% d'étudiantes, pour encore moins d'ingénieures diplômées, rappelle Claire Mesnier.
"Et dans des écoles très pointues, spécialisées, comme l'Estaca (École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile), qui est une des écoles cibles, il n'y a que 8% d'étudiantes", regrette-t-elle encore. Alpine, qui ne compte que 12% d'ingénieures, se fixe pour objectif d'arriver à 30% en cinq ans, en instaurant la parité dans le recrutement.
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