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Ça s'est passé un 13 mai 1950 : le premier Grand Prix de Formule 1 de l'histoire à Silverstone

Le Grand Prix de Grande-Bretagne 1950 est la manche inaugurale du tout premier championnat du monde de Formule 1. Le samedi 13 mai 1950, une bataille entre 21 pilotes fait rage devant des spectateurs venus en masse pour la toute première course de l'histoire. Elle verra l'Italien Giuseppe Farina s'imposer devant son compatriote Luigi Fagioli et l'Argentin Reg Parnell, tous trois dans une Alfa Romeo.
Article rédigé par Paul Giffard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (LAT / LAT PHOTOGRAPHIC)

Ce n'est pas un hasard si Silverstone est la capitale de l'automobile et l'Angleterre le berceau de la F1. En ce samedi 13 mai 1950, et non un dimanche (les Britanniques étaient très à cheval sur le repos dominical), 200 000 personnes se donnent rendez-vous sur la base aérienne de la Royal Air Force pour assister au tout premier Grand Prix de l'histoire de la Formule 1. Désignée "Grand Prix d'Europe", la première manche du championnat du monde va être le théâtre d'un défilé royal. Le roi George VI, accompagné de la reine Elisabeth et de la princesse Margaret ont fait le déplacement. 

Une vaste campagne de communication qui a commencé dès 1945

S'il y a quelques années, au même endroit, des avions britanniques étaient construits pour lutter contre l'Allemagne nazie, le paysage est tout autre ce 13 mai. La guerre est terminée, et la base militaire a laissé place à un circuit automobile. Les mécaniciens automobiles ont remplacé leurs homologues de l'aéronautique. Une troisième révolution industrielle est en marche. Les bolides sortent de terre rapidement et des garages où sont conçues les Alfa Romeo, ERA, Ferrari, Talbot-Lago et Maserati se transforment en véritables écuries.

Dans le même temps, la Commission sportive internationale (CSI) de la FIA mène une vaste campagne de communication. La toute première course de l'après-guerre a lieu dès septembre 1945 au bois de Boulogne. Elle suscite admiration et intérêt. Malgré des règles de sécurité quasi inexistantes à l'époque, le sport auto est l'une des disciplines qui illustre enfin le retour à la vie "normale".

Avant d'être un championnat, la F1 était une catégorie

Au départ, tous les types de véhicules s'affrontaient sur le circuit causant parfois des accidents en raison de la grande disparité des performances. C'est pourquoi la CSI a décidé, progressivement, de clarifier la situation en classifiant les cylindrés. Naissent ainsi en 1948 la Formule 3 (monoplaces propulsées par des moteurs de moto de moins de 500 cm3) et la Formule 2 (celles plafonnées à 2000 cm3). Quant à la catégorie reine, la Formule 1, les véhicules sont équipés de moteurs atmosphériques de 4,5 litres et d'une position de pilotage centrale. Une décision qui est une véritable aubaine pour la marque italienne Alfa Romeo, qui développe ce type de modèles depuis 1938. 

Après avoir crée les catégories, les commissaires se penchent donc sur la structuration d'un calendrier. Il est donc composé de 7 manches en 1950 dont certaines déjà légendaires (Spa-Francorchamps, Monza et Monaco) et une seule hors du continent européen, les 500 Miles d'Indianapolis (avec un règlement technique différent) qui donne au championnat son caractère "mondial". Pour ouvrir le bal, les pilotes se rendent à Silverstone.

Ferrari, le grand absent

Très rapidement et logiquement, Alfa Romeo annonce qu'elle sera présente avec ses trois pilotes phares, surnommés les "3F" : Juan Manuel Fangio, Giuseppe Farina, Luigi Fagioli. Le constructeur transalpin est accompagné par son homologue Maserati ainsi que des écuries britanniques, ERA et Alta. La France est également représentée par Talbot-Lago. 

En revanche, le grand absent de cette première est : la Scuderia Ferrari. Le fondateur de la marque italienne Enzo Ferrari estime que les primes de départ qui sont offertes, ne lui correspondent pas. Doutant fortement du succès du premier Grand Prix de l'histoire en Grande-Bretagne, il décide d'envoyer ses voitures concourir, le même week-end, à Mons, en Belgique. Mais contrairement à ce que pouvait penser le patron italien, Silvertsone 1950 est un véritable succès et Alfa Romeo domine nettement ses concurrents en qualification.

L'avocat Giuseppe Farina s'impose

Samedi, c'est le Jour J. Dès l'extinction des feux, Alfa Romeo donne une leçon de conduite. C'est ce que raconte Marcel Reichel, envoyé spécial pour L'Équipe : "Quant à la lutte, qui eût pu être meurtrière pour les machines, elle n'eût pas eu lieu. Alfa fit une course d'équipe dans une parfaite discipline et, si Fangio dut abandonner à huit tours de la fin, c'est que cette journée n'était pas celle de sa chance."

Le reste appartient à l'histoire. Giuseppe Farina s'impose en 2 h 13 min et 23 sec 6, et devient le premier vainqueur d'un Grand Prix de Formule 1. "Nino" a effectué 70 tours à une vitesse moyenne de 146,378 km/h, bien loin des 226,420 km/h de Lewis Hamilton lors de l'exercice 2019. Avocat la semaine, il remportera deux nouvelles courses et deviendra champion du monde cette saison, devenant ainsi le premier pilote de l'histoire à inscrire son nom au palmarès du plus prestigieux championnat automobile. 

Cette première course à Silverstone fait le tour de l'Europe, si bien que Ferrari annoncera sa présence, huit jours plus tard, au rendez-vous suivant à Monaco. La célèbre écurie rouge ne manquera plus un seul Grand Prix. Depuis Farina, 32 pilotes ont inscrit leur nom au palmarès de la F1.

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