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24 Heures du Mans : Iron Dames, le programme qui promeut la place des femmes dans le sport automobile

L'équipage Iron Dames, qui dispute ce week-end les 24 Heures du Mans pour la quatrième fois, travaille pour mettre en lumière les profils de femmes engagées en sport automobile.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
La voiture Iron Dames n°85 sur la piste du Mans, début juin 2022. (ALEXANDRE GUILLAUMOT via AFP)

Sur la piste, les couleurs rose et noire sont facilement repérables. Ce sont celles de la voiture Iron Dames n°85, engagée sur la 90e édition des 24 Heures du Mans, samedi 11 et dimanche 12 juin. Au volant, Rahel Frey, Michelle Gatting et Sarah Bovy constitueront, pour la quatrième année consécutive, son équipage 100% féminin. Une vitrine pour la place des femmes en sport automobile.

Le projet Iron Dames est né en juin 2018, sous la houlette de Deborah Mayer, entrepreneure et passionnée de sport automobile. Il s’appuie sur l’équipe de compétition Iron Lynx, fondée un an plus tôt notamment par Deborah Mayer et son compagnon Claudio Schiavoni. "Le but, c’est de donner la possibilité de promouvoir la place des femmes dans le sport automobile, d'offrir le cadre le plus approprié et le plus performant à des jeunes femmes talentueuses pour qu’elles expriment toutes leurs capacités et leur potentiel", explique-t-elle. Un projet nourri par sa propre expérience, elle qui s’est souvent sentie esseulée dans sa passion et sa vie professionnelle.

Des pilotes, mais pas que

Quelques pilotes sont recrutées, et l’aventure démarre. Parmi elles, la Suissesse Rahel Frey, qui travaillait avec Audi Sport, démarchée pour son expérience en endurance. L'initiative et son engagement lui ont plu immédiatement. "C’est à nous d’essayer de changer, de bien communiquer, de faire un bon travail sur et en dehors du circuit, c’était aussi une motivation pour moi", raconte-t-elle. Les Iron Dames passent ensuite à la vitesse supérieure en 2019 avec les premières compétitions, dont la 87e édition des 24 Heures du Mans.

L'équipage Iron Dames sur le podium des 4 Heures de Portimao, le 24 octobre 2021. (JOAO FILIPE / DPPI via AFP)

Les pilotes en sont les figures de proue, mais le projet Iron Dames englobe toutes les femmes impliquées dans le sport automobile : ingénieures, mécaniciennes, responsables de communication ou de marketing, la liste est longue. "Les femmes pilotes ne sont que la pointe de l’iceberg", explique Deborah Mayer. "Le sport automobile offre des possibilités de carrière et de développement personnel à tellement de femmes, quel que soit leur âge, leur situation." L’équipe d’Iron Dames est ainsi composée d’une trentaine de femmes qui travaillent au quotidien à tous les postes.

Fonction de soutien et de transmission

Le programme sert aussi de cadre de transmission d’expérience entre les pilotes et les générations. Au sein des Iron Dames se côtoient en effet des pilotes confirmées, à l’image de Rahel Frey, et de jeunes espoirs de la piste, comme Maya Weug (18 ans) ou la Française Doriane Pin (18 ans). "C’est primordial d’avoir des personnes de référence qui agissent comme des mentors", affirme Deborah Mayer. "Celles qui ont déjà de l’expérience, qui sont déjà avancées dans leurs carrières, doivent apporter du soutien aux plus jeunes. Il faut une transmission générationnelle d’informations, de savoirs, et d’expériences."

"C’est aussi notre rôle de transmettre l’expérience et d’aider les nouvelles pilotes qui arrivent", approuve Rahel Frey, du haut de ses 36 ans et quinze années de carrière. Un soutien dont elle n’a pas forcément bénéficié à son arrivée dans la discipline. "Durant mes premières années, on ne parlait pas vraiment de la question des femmes dans ce sport. Donc c’est important d’aider, d’en parler, de créer un projet comme celui-là."

Toujours dans cette optique de soutien, Iron Dames s’est associée avec le programme Girls on track de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) et de la Ferrari Drivers Academy, l’académie de formation de la Scuderia, dont la jeune Maya Weug, qui roule en Formule 4, fait partie depuis 2021. "Le programme est dynamique, toujours en mouvement. Nous souhaitons nous développer et accueillir de nouvelles femmes talentueuses", ambitionne Deborah Mayer, qui est aussi présidente de la commission "Femmes dans le Sport automobile" de la FIA.

Des résultats sur la piste

Depuis 2018, le programme a pris de l’ampleur. Cette année, dans son giron, huit pilotes sont engagées dans plusieurs championnats, de l’endurance à la formule de promotion en passant par le GT. Les Iron Dames se font leur place sur la piste, avec quelques podiums à la clé, le dernier en date en Gold Cup du GT World Challenge Europe, début juin au Castellet. Depuis deux saisons, l’équipage dispute également le WEC, le championnat du monde d’endurance, dont fait partie l’épreuve des 24 Heures du Mans. 

Cette année, sur le circuit des 24 Heures, Rahel Frey et ses copilotes visent la 5e place dans la catégorie GTE Am, ce qui représenterait leur meilleur résultat. "Nous sommes vraiment bien préparées, on connaît la voiture et son rythme. Le top 5 est vraiment atteignable, sans erreur et sans malchance", pronostique la Suissesse. Le trio a déjà réussi à hisser sa voiture parmi les six plus rapides de sa catégorie, pour prendre part à l’Hyperpole jeudi soir.

Les mentalités progressent, mais la route est encore longue pour changer les choses et ouvrir la voie à plus de femmes. Cette année, les trois Iron Dames font partie des cinq pilotes féminines qui prendront le départ de la course, sur 62 équipages. "C’est un processus de longue haleine, ce n’est pas tout blanc ou noir", relativise Deborah Mayer, pleine d'ambition. "Le programme s’inscrit dans la durée, le but est qu’il perdure et se développe."

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