"Ce qui était compliqué, c'était l'impossibilité de se projeter", se souvient Renaud Lavillenie un an après le premier confinement
À l'époque, comment avez-vous vécu l'annonce du premier confinement ?
Renaud Lavillenie : "De manière assez bizarre, parce que lorsque l'on a annoncé le confinement, c'était le jour où j'étais censé reprendre les entraînements. C'est à ce même moment que tout s'est arrêté. Il y a eu pas mal de surprise. Ensuite, il a fallu attendre et comprendre ce qui nous arrivait. On était tous conscients que la situation était plus que dramatique. Après l'annonce, je me disais 'ok on est confiné, mais comment ça va se passer maintenant ?' Surtout, je me demandais comment on allait pouvoir avancer lors des semaines à venir, sachant que pour nous, sportifs de haut niveau, les échéances à venir étaient très importantes.
Ainsi, on ne pouvait pas être libérés et sereins dans notre préparation, par rapport à ce qu'on a l'habitude d'avoir. Il fallait trouver des solutions de secours en attendant de voir comment les choses allaient évoluer. Comme pour moi, il s'agissait de la reprise, j'y suis allé de manière un peu plus légère que si j'étais retourné au stade tous les jours. Et dès qu'on a su que les Jeux olympiques allaient être repoussés, j'ai tout de suite levé le pied, et je me suis posé beaucoup moins de questions."
Entre restrictions sanitaires, annulations et reports de compétitions, incertitudes, comment avez-vous vécu l'année 2020 dans son ensemble ?
RL : "Ça a été une année très particulière. D'un point de vue privé, j'ai pu passer beaucoup plus de temps avec ma fille et ma femme, avec ma famille, ce qui n'était pas négligeable. Mais à côté de ça, ce qui était très compliqué, c'était l'impossibilité de se projeter. Pour nous en tant que sportif, on a besoin d'avoir un calendrier assez cadré. Pour ma part, généralement, je sais quand et où je serai sur les six mois à venir. Là, on ne pouvait pas avancer de cette manière. Donc l'incertitude, ajoutée à toute la peur engendrée par le virus, tout ce contexte n'a pas aidé à être serein au quotidien."
A-t-il été difficile de reprendre la compétition après cette longue interruption ?
RL : "Non, c'était vraiment la délivrance. Dès qu'on a pu s'entraîner à nouveau, ça a vraiment fait du bien. On a pu revoir nos collègues d'entraînement, même si on restait à distance. Mais au moins on pouvait discuter entre nous, en direct, ce qui était quand même très appréciable. Ensuite, quand on a pu reprendre les compétitions, on ne regardait pas la performance mais plutôt le fait de pouvoir ressortir, d'aller dans un stade, de retrouver ce qu'on aimait au quotidien."
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Un an après le début de la crise sanitaire, avez-vous le sentiment d'être ressorti de cette année plus fort sportivement et mentalement ?
RL : "Oui et non… Sportivement, je pense en être ressorti un peu plus fort car le confinement m'a obligé à rester calme, à moins m'entraîner sur une période qui a été assez importante, ce qui m'a permis de réduire les nombreux pépins physiques que j'avais. Ainsi, cela m'a permis ensuite de retravailler et de retrouver un rythme assez conséquent. Mais à coté de cela, mentalement, je dirai que je n'en suis pas forcément ressorti plus fort, parce qu'on est toujours dans l'incertitude aujourd'hui, et cette incertitude ne nous aide pas au quotidien. C'est assez paradoxal."
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