Usain Bolt est-il sur le déclin ?
Le champion jamaïcain remet ses titres de champion du monde en jeu à Pékin, mais il n'est pas au mieux de sa forme.
"Plus je cours, mieux je me porte." A en croire ses déclarations, reprises par le journal autrichien Kurier, le sprinter jamaïcain Usain Bolt n'est pas au mieux de sa forme, avec quatre malheureuses petites courses de préparation avant le 100 mètres des championnats du monde de Pékin, dimanche 23 août. Le recordman du monde assure qu'il sera au rendez-vous du stade du Nid d'oiseau, théâtre de son premier sacre olympique, en 2008. Et pourtant, à tout juste 29 ans, tout indique qu'il a entamé un (relatif) déclin.
Il doit manger ses cinq fruits et légumes par jour
Le régime alimentaire d'Usain Bolt aux Jeux de Pékin – des nuggets matin, midi et soir – est entré dans la légende en même temps que son record du monde sur la piste. Le sprinter a vieilli de huit ans, et ne peut plus se permettre les mêmes écarts. Depuis plusieurs années, il s'est vu imposer un cuisinier par son coach. "Et un cuisinier que je ne peux pas corrompre", ironise Bolt, qui n'a plus mangé de KFC "depuis janvier". "Et ça me tue", reconnaît-il dans une interview au magazine Runner's World.
Son hygiène de vie n'est pourtant pas optimale : Bolt a fait les gros titres en juin dernier, quand la compagne du rappeur Sean Paul s'est fendue d'une diatribe contre son voisin trop bruyant. Usain Bolt organisait des fêtes avec des motos qui vrombissent dans son jardin jusqu'à l'aube. Contactée par le Daily Mail, la police de Kingston s'est défendue de tout laxisme et a affirmé avoir remonté les bretelles de l'icône nationale.
Il n'a pas un physique facile
Contrairement à l'impression qu'il donne sur la piste, le corps d'Usain Bolt n'est pas une machine huilée qui ne se dérègle jamais. Le sprinter jamaïcain souffre d'une scoliose (déformation de la colonne vertébrale) et a une jambe plus longue que l'autre de 1,5 cm, ce qui nécessite des exercices spécifiques, la présence d'un masseur à ses côtés et de fréquentes visites à son médecin-gourou, le sulfureux praticien allemand Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt, adepte d'injections de sang de veau et autres crêtes de coq écrasées.
En 2010, Bolt n'avait pas couru du tout, après deux années au sommet. Ce qui tombait bien, puisqu'il n'y avait pas de grande compétition cette année-là, qualifiée d'"année de maintenance", comme il l'expliquait dans El Pais. Rebelote en 2014, lorsque le champion jamaïcain s'était fait rare sur les pistes, après une opération au pied gauche. "Les deux dernières années ont été particulièrement dures, reconnaît son entraîneur, Glenn Mills, cité par Reuters. Mais Bolt est un champion qui se sublime dans les grandes compétitions."
Seule la peur de l'échec le fait sortir du lit le matin
Usain Bolt l'a reconnu : il a eu du mal à trouver un nouvel élan après ses fantastiques Jeux olympiques de Londres en 2012, où il a fait le triplé 100 m, 200 m et 4x100 m. Sa nouvelle motivation : écrire sa légende. "Un jour, quelqu'un battra mes records du monde. Mais personne n'effacera ma légende, si je gagne toutes les médailles d'or. C'est ce qui me fait sortir du lit chaque matin, confie-t-il à Runner's World. La peur de l'échec reste un levier puissant." Jamais Bolt n'a été battu dans un grand championnat depuis 2008 – hormis son faux départ en finale du 100 mètres aux Mondiaux de Daegu, en 2011. Et, sur un malentendu, il est tout à fait capable d'améliorer ses chronos sur 100 et 200 m. Lors de sa course en 9"58 de Berlin – record du monde –, son coach a détecté plusieurs erreurs techniques qui lui ont fait perdre un temps précieux. Un peu comme en finale des Jeux d'Atlanta en 1996, quand l'entraîneur du Canadien Donovan Bailey a lâché à son champion qu'il avait fait "une course épouvantable", rappelle le Scotsman. Bailey venait de battre le record du monde…
Ses sponsors font la pluie et le beau temps
Usain Bolt pensait prendre sa retraite en 2016, après les Jeux de Rio. Mais ses sponsors l'ont convaincu de rempiler une année de plus, a reconnu la star. Notamment Puma, qui a étendu son contrat après cette date, et qui lui verse 9 millions de dollars par an, note ESPN. Pratiquement la moitié de ses revenus annuels, estimés à 20 millions. Le champion a participé à plus d'événements publicitaires (tournages de spots, signatures de son livre, dédicaces de chaussures) qu'à des événements sportifs.
Mi-champion, mi-bête de foire, Usain Bolt est assailli de questions saugrenues à chaque conférence de presse. Lors des Jeux du Commonwealth, à Glasgow, on lui a demandé son avis sur le port du kilt, son vote au référendum sur l'indépendance de l'Ecosse… et son opinion sur la situation de la bande de Gaza (une question qu'il a prudemment esquivée). C'est le seul sprinter à déclencher un tel engouement. Son compatriote Yohan Blake, champion du monde du 100 mètres en 2011, a lancé un regard incrédule à la journaliste japonaise qui lui demandait ce qu'il avait mangé la veille au soir, raconte Der Spiegel. Seul Usain Bolt répond à ce genre de questions.
Pour autant, il ne faut surtout pas enterrer le sprinter. En Jamaïque, on l'avait catalogué "espoir déçu" après des Jeux d'Athènes 2004 complètement ratés. A l'époque, Bolt avait été la cible d'une virulente campagne de presse, et on se moquait de lui dans la rue. "Les gens colportaient de méchantes rumeurs sur moi, affirmant que j'étais paresseux ou que je sortais trop, se souvient Bolt dans le Telegraph. Ils disaient même que ma carrière était finie." Grossière erreur.
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