Isinbaeva championne du monde à Moscou
Une Tsarine ne meurt jamais, elle dort. Depuis 2008 et son deuxième titre olympique à Pékin, Yelena Isinbaeva ne s'était plus imposée dans un concours en plein air de grands Championnats. Onzième des Mondiaux de Berlin en 2009 puis 6e de ceux de Daegu en 2011, les heures de gloire de la perchiste de 31 ans semblait derrière elle. Malgré un record du monde battu à Zurich le 28 août 2009 (5,06 mètres), la reine de la discipline n'était plus la cannibale qu'elle fût au début de sa carrière. Sacrée dans toutes les catégories de jeunes, la native de Volgograd gagne tout entre 2003 et sa couronne olympique chinoise : trois championnats du monde en salle, deux Mondiaux en plein air, l'or européen en salle puis en extérieur et deux titres olympiques, rien n'échappe à celle qui gagne le surnom de "Tsarine", en référence au "Tsar" Sergueï Bubka intouchable quinze ans durant.
Isinbayeva a tout gagné
Son palmarès complet et fourni, la protégée de Yevgeniy Trofimov peine à se motiver, si ce n'est pour battre des records du monde qu'elle martyrise à 28 reprises. A 27 ans, elle décide de se retirer un temps afin de retrouver l'envie de gagner. De retour en 2011, la Russe est hors du coup aux Mondiaux de Daegu mais laisse présager un retour au premier plan lorsqu'elle s'impose aux Mondiaux en salle d'Istanbul en mars 2012. Sa troisième place au concours des JO de Londres éteint quelque peu ce fol espoir. Sauf pour la principale intéressé. "Je n'aime pas perdre, je suis très orgueilleuse et perdre me rend malheureuse", avoue la reine déchue. Sur le sautoir du stade Loujniki ce mardi, Yelena Isinbaeva se présente avec la troisième meilleure performance de la saison grâce à un bond à 4,78 mètres. Trop loin semble-t-il de la Cubaine Yarisley Silva, détentrice du saut le plus haut de la saison à 4,90 mètres.
Revenue de loin
Un premier échec sur son essai inaugural à 4,65 mètres refroidit quelque peu un stade Loujniki enfin décidé à s'embraser, d'autant que l'Américaine Jennifer Suhr, 2e femme la plus haut perchée cette saison, passe aisément 4,75 mètres. Logique respectée, les trois femmes sont les seules à franchir 4,82 mètres. La Tsarine décrochera minimum une quatrième médaille mondiale. Reste à en connaître le métal. Le public tout acquis à sa cause pousse son héroïne vers les sommets. En passant 4,89 mètres à sa première tentative, Isinbaeva met ses deux adversaires sous pression. La jeune Silva, 25 ans, est la première à craquer. Championne olympique en titre, Suhr est la dernière à pouvoir éteindre Loujniki. Il n'en est rien. Dans une enceinte en fusion, Yelena tente une barre à 5,07 mètres, synonyme de record du monde. Trois échecs n'entament pas son bonheur rayonnant.
"Je ne suis pas arrivé avec la meilleure performance mondiale, je n'ai pas eu de grande victoire cette saison au contraire des autres filles qui avaient eu de grands résultats cette année. Mais en venant ici au stade Luzhniki, je savais que la foule serait derrière et que ça m'aiderait (...) C'est ma maison, c'est comme si j'étais chez moi", a-t-elle confié. A 31 ans, la Russe est championne du monde pour la troisième fois. Elle compte désormais se retirer pour fonder une famille. Et revenir en 2015 aux Mondiaux de Pékin? "Je suis vraiment fier d'avoir montré que Yelena Isinbaeva est de retour, et que ce n'est pas fini", a lâché l'athlète de la Volga. Rien ne semble pouvoir arrêter la marche royale de la Tsarine.
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