Zurich: Lesueur, le sprint comme moteur
Avec Renaud Longuèvre, son entraîneur depuis dix ans, Eloyse Lesueur explore de nombreux horizons. Objectif, gagner les derniers allongements du corps afin d’atterrir plus loin dans le bac à sable. Travail d’étirement au niveau de la posture du pied et du bassin, massages profonds selon la technique Mézières, la Parisienne prend hors de la piste des méthodes pour briller dessus. Cette saison, elle a tranché avec cette habitude, non sans continuer d’innover. "L’an dernier, j’ai eu un problème au pied et je ne pouvais plus impulser. On a donc tourné ma préparation vers le sprint pour moins solliciter cette partie du corps et éviter d’atteindre la douleur", explique Lesueur. Handicapée par un kyste au pied, l’athlète de Saint-Denis est revenue à ses premières amours : le sprint. Plutôt que de la freiner dans sa progression, ce changement l’a propulsé dans une nouvelle dimension.
Lesueur: "Faire du sprint, une très bonne option"
Jusque-là cantonnée à l’Europe, sa domination s’est étendue au globe. A Sopot en mars, Lesueur est devenue championne du monde en salle. Longuèvre reconnaît les bienfaits de ce retour aux sources : "Travailler le sprint donne beaucoup plus de vitesse d’approche et quand elle ne l’utilise pas, ça lui donne une réserve. Lorsqu’elle n’est pas à 100%, elle a beaucoup plus de disponibilité et de contrôle. Avant, pour arriver sur la planche à 37 km/h, elle était comme ça (il replie ses épaules sur son buste). Maintenant, elle est toute relâchée et elle peut impulser". Un progrès technique auquel son entraîneur associe un atout mental. "Elle est plus confiante en ses muscles, dans le fait de pouvoir donner la pleine mesure sans risque de blessure". Résultat, en se posant à 6,92 mètres lors du dernier meeting Areva, Eloyse Lesueur a battu son record personnel. "Cet hiver je n’ai sauté que deux fois plus une à l’entraînement. Et j’ai ressenti un manque, explique l’ancienne vice-championne d’Europe juniors. Du coup, quand j’ai repris, c’était top. Je voulais vraiment sauter et prendre du plaisir. Faire beaucoup de sprint était une très bonne option".
Les qualifs, preuve de sa confiance
Avec cette nouvelle corde à son arc, l’athlète de 26 ans se sent mieux armée que jamais. "Personne ne m’arrêtera, sauf moi. J’ai confiance en moi, en mon entraîneur, sur tout le travail qu’on a pu faire à l’entraînement. Tous les indicateurs qu’on a relevé ces derniers temps montrent que je suis en forme ce qui me permet d’avoir confiance en moi et en ce que je fais. Tout montre que je suis la bonne voie pour être régulière à 6, 80 m". Poussée au deuxième essai après avoir mordu le premier hier en qualifications, la championne d’Europe en titre n’a jamais paniqué. "A l’échauffement, tout se passait bien, donc il n’y avait aucune raison que ça se tourne mal par la suite. Je me suis dit qu’il fallait que je reste dans mon concours et que je sorte le saut qu’il fallait sur le deuxième. La course d’élan est pourrie, le saut aussi, mais ça passe : 6,72 mètres, contrat rempli".
Conscient des qualités de sa protégée et du travail effectué à l’entraînement, Longuèvre ne l’entend pas de la même oreille. "Le but était d’être dans les 12, elle y est, donc on passe à demain (aujourd’hui). Mais arriver sur la planche en décélérant, ce n’est pas bon. Quand tu es championne du monde en salle et que tu gagnes le meeting Areva devant la championne olympique, tu ne viens pas pour te rassurer. Tu dois être actrice". Comme une sprinteuse, son élève attend la finale pour tout montrer.
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