Pascal Martinot-Lagarde : "Je ne vais pas m’arrêter là"
Pascal, quelle performance ! Pensais-tu vraiment passer sous les 13 secondes sur ce meeting monégasque ?
Pascal Martinot-Lagarde : "Je pensais plutôt réaliser une grosse performance sur les championnats de France. Tout simplement parce que les gros objectifs de la saison sont les championnats, pas les meetings. Aux France, je fais un très très beau 13"10, très relâché, très propre. J’ai abordé ces championnats en me disant que j’étais seul, que j’avais une marge. Je pouvais essayer de faire une course catastrophe, de chercher des trucs que je ne faisais jamais. Mon état d’esprit, c’était : « Ca va passer quand même, et je vais voir ce que ça donne ». Finalement, ça a donné un truc dégueulasse (sic). J’ai fait 13"22. C’est un excellent chrono mais j’ai tapé énormément, je me suis crispé. En finale, j’ai fait tout le contraire. Je me suis relâché, j’ai fait une course très cool pour claquer 13"10. Ca a été limite une révélation pour moi. Les courses relâchées et nerveuses, c’est les meilleures. Il n’y a pas besoin de se crisper, de mettre sa tête dans les épaules, de vouloir trop en faire. J’ai vraiment essayé de reproduire ça à Monaco pour casser ces 13 secondes".
Essayer de mettre de l’intensité tout en étant relâché, c’est ça le secret de la réussite ?
PML : "Exactement. Tous les grands champions le disent. A chaque fois que tu vois une très très belle performance, ça a toujours l’air d’être facile. Quand tu es relâché, tu es précis. Et tu es plus disponible. Quand tu es crispé, tu mets un peu de ton énergie à droite, à gauche, et ça ne va pas dans le sens de la course".
Est-ce que tu pensais franchir un tel palier cette année ?
PML : "Ca faisait longtemps que j’attendais de claquer cette grosse performance. J’en avais besoin. On me promettait souvent un avenir très beau sur le 110 m haies mais c’est seulement cette année que je suis sur mes deux jambes. Mais déjà la saison dernière j’avais claqué un très beau 13"12 au Stade de France. On pouvait déjà se dire que j’allais approcher des très très beaux chronos. Mes cette année je suis sur mes jambes de A à Z. J’ai fait un très bel hiver avec notamment un chrono à 7 »45 sur 60 m haies. Ca s’est répercuté sur cet été avec ce record de France".
Tu réalises que tu es le 12e meilleur performeur de tous les temps ?
PML : "Oui (sourire). Je suis à seulement quatre centièmes de Colin Jackson, le recordman d’Europe (9"91). Je suis le deuxième meilleur performeur européen de tous les temps mais je ne m’en rends pas forcément compte. Je me dis surtout que ce n’est pas fini. Je ne compte vraiment pas m’arrêter à 12"95. Ca peut paraître prétentieux de dire ça mais c’est évident pour moi que je ne vais pas m’arrêter là. Je sais ce que je fais et j’ai vu ma course de Monaco. Je la reproduis dans ma tête et je sais où grappiller encore quelques centièmes. Si j’arrive dans le même état de fraîcheur aux championnats d’Europe, je pense pouvoir faire 12"90. Ou en tous cas lors des meetings de Bruxelles ou Berlin. Ce sera pour 2014, c’est certain".
Avant cela, il faut faire redescendre la pression…
PML : "Exactement. J’ai décidé de concentrer quasiment toutes mes compétitions avant le championnat de France. Là, il n’y a plus rien. Je reviens juste à l’entraînement. Jusqu’à l’Euro, je ne coure pas. Je vais vraiment me concentrer pour régler les petits problèmes techniques afin d’être au top le jour J".
Surtout que la hiérarchie du 110 m haies fluctue chaque saison…
PML : "Je fais partie de la discipline où il y a le plus d’athlètes de haut niveau. La densité est énorme. Quand tu remontes des années en arrière, on avait souvent un gros Ladji Doucouré. Il était énorme, faisait de super performances mais il était tout seul. Maintenant, ça cavale derrière avec des Français en moins de 13"30. C’est super d’voir cette émulation car on peut s’attendre à ramasser plusieurs médailles dans la même discipline à Zurich. On en a déjà pris deux cet hiver, l’argent et le bronze (pour Garfield Darien, NDLR). Maintenant, pour moi, il y a à chaque fois une marche à franchir. J’ai réussi à conquérir la France. La prochaine marche, conquérir l’Europe. Puis les Mondiaux et les JO de Rio. Souhaitez-moi bonne chance (éclat de rire)".
Vidéo: Pascal-Martinot-Lagarde invité de TLS, samedi 19 juillet
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