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Athlètes à vendre !

Après Romain Mesnil qui avait couru nu pour lancer un appel à des sponsors, c'est maintenant Ladji Doucouré qui tente de récolter des fonds afin de financer sa saison et préparer sereinement les prochains JO de Rio de 2016.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

L'image avait fait le tour du monde en peu de temps. Mesnil, vice-champion du monde à la perche, courant nu dans les rues de Paris sur un air de piano était en mars 2009 à la recherche d'un sponsor. Grâce à cette vidéo-buzz, l'athlète était parvenu à faire parler de lui, et surtout à trouver un parrain financier (la société "on vous héberge: OVH").

A l'heure où les partenaires financiers délaissent de plus en plus les athlètes, c'est au tour de Ladji Doucouré de lancer un appel aux sponsors. Cette fois, le champion du monde du 110m haies (2005) a gardé ses vêtements, mais a pris l'initiative de lancer une grande collecte via Internet. A la manière des jeunes chanteurs ou de réalisateurs en manque de moyens pour financer leur projet, le hurdleur désormais exilé aux Etats-Unis a misé sur le financement participatif (crowdfunding).

Défier un champion du monde pour 250 €

C'est ainsi que pour 30 euros versés, vous aurez droit à voir votre nom sur le maillot du champion de 31 ans. Pour 150 euros, le contributeur recevra une paire de chaussures de sprint (à pointe) dédicacée. A 250 euros l'honneur vous sera donné de le défier sur un 60 mètres, avec pour vous l'avantage de courir sans les haies… Le but ultime est de financer une saison, estimée à 8000 euros.

Ladji Doucouré aux JO de Pékin (2008)

 Après avoir longuement hésité, l'athlète a finalement décidé de lancer cette sorte d'appel aux dons. "Ce n'est ni de l'argent de poche, ni une rémunération", a expliqué  Doucouré dans un entretien accordé à L'Equipe. Je pourrais prendre en charge mes billets d'avion pour aller sur certaines compétitions, me payer l'entraînement et être à l'aise sur le plan médical", a précisé celui qui avait atteint les demi-finales des JO de Londres.

La crise est passée par là

Doucouré est malheureusement loin d'être le seul sportif de haut niveau à être contraint d'utiliser ces méthodes de financement. Le skieur de fond Maurice Manificat attend actuellement toujours des dons de ce type, le lugeur Morgane Bonnefoy et le skieur de bosses ont quant à eux déjà trouvé leur financement. Cette situation s'explique notamment par la situation économique toujours instable qui pousse certaines grosses entreprises à retirer leurs différents partenariats, ces derniers faisant souvent partie des premiers serrage de vis financiers.  

Avec le départ d'Adidas après 40 ans de partenariat avec la Fédération française d'athlétisme (FFA) en 2012, de nombreux athlètes se sont retrouvés le bec dans l'eau. Comme d'autres, Yohann Diniz s'est retrouvé sans sponsor du jour au lendemain. Jusque là, la marque aux trois bandes assurait en effet un contrat à 75 athlètes tricolores, ce qui n'est désormais plus le cas avec le nouvel équipementier de la FFA, le Japonais Asics. Etre athlète de haut niveau aujourd'hui est donc devenu très compliqué.

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