Alexeï Kravets, le SDF des Jeux de Sotchi
Il ne sourit jamais, il n'a pas le coeur à cela. En regardant la mer, le regard d'Alexeï Kravets s'assombrit un peu plus. Il y a encore un an et demi, sa maison était là, sur trois niveaux, là où se trouve désormais le parking de la nouvelle gare d'Adler. La mer Noire était son quotidien, aujourd'hui il broie du noir.
"Pour moi, les JO me rappellent que je n'ai plus de maison, plus de famille. Ma vie est détruite" (Alexeï Kravets)
Le cas d'Alexeï Kravets est symbolique des sacrifices endurés par une partie de la population de la région de Sotchi, pour accueillir les Jeux olympiques amenés ici par Vladimir Poutine, affaire d'honneur pour le président. Comme des centaines d'autres habitants, il s'est vu proposer une compensation à son expulsion, en 2011. Une possibilité d'expulsion "express" autorisée par une nouvelle loi, la loi 310, votée à la Douma pour les JO. Mais la somme lui a paru si ridicule qu'il a décidé de lutter. D'autres ont accepté de partir.
Un recours devant l'Europe
Après une année de procédures comme autant de défaites, les bulldozers ont arraché la maison qu'Alexeï avait toujours connue, c'était en octobre 2012. Depuis, il vit seul, sans son fils de 15 ans aujourd'hui, resté avec sa mère. Il est obligé de payer un loyer démesuré pour un petit appartement.
"Je reviens ici chaque soir, je ne sais pas pourquoi. C'est dur..."
Désormais, son seul espoir réside dans ce recours qu'il a déposé, lui l'ancien juriste, devant la Cour européenne des Droits de l'Homme. Il ne sait pas ce qu'il fera en cas de refus. Mais il l'assure, en attendant, hors de question pour lui de regarder une seule épreuve de ces Jeux olympiques qui ont ruiné sa vie.
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