Ahmad Wais, des bombes de Damas aux Mondiaux de cyclisme
Il sera le premier à s'élancer ce vendredi sur les 31 kilomÚtres 700 du contre-la-montre d'Imola. Floqué dans son dos : son pays, "Syrie". Ahmad Badreddin Wais porte les couleurs de la Syrie mais n'y vit plus depuis 2014. A l'époque, il avait 27 ans et terminait ses études à Damas. Le cyclisme, il l'avait déjà dans la peau. Il faisait partie des plus prometteurs de la région, et avait notamment participé aux mondiaux de contre-la-montre junior à Moscou en 2009, d'aprÚs des propos rapportés par le média indien New Indian Express. Il en voulait tellement que lorsque ses parents ont décidé de quitter le pays en 2012, voyant la révolution des étudiants de 2012 dériver dangereusement vers la guerre civile, lui décide de rester. Pour continuer à s'entraßner.
Mais en 2014, lorsque le régime de Bachar Al-Assad se met à bombarder l'est de Damas, il se résout à suivre le chemin de ses parents. "Je savais que je devais partir", souffle-t-il au New Indian Express. "C'étaient des moments trÚs, trÚs difficiles de ma vie", poursuit-il. Il veut rejoindre Lausanne, mais les lignes aériennes sont coupées. Il doit donc traverser le Liban, prendre le bateau avec plusieurs autres migrants en Turquie pour rejoindre les cÎtes grecques. Il finit par y arriver, malgré des problÚmes de passeport en Turquie.
Trois ans sans courirÂ
Mais le voyage ne le laisse pas indemne. Il met sa carriÚre entre parenthÚses entre juin 2014 et septembre 2017. D'abord parce qu'administrativement, il est bloqué : "je ne pouvais pas faire grand chose pendant de longs mois au début, sans papier". Ensuite car il lui a fallu du temps pour retrouver ses sensations et atteindre de nouveau un niveau international. Une fois le statut de réfugié obtenu, il a pu reprendre la route de l'entraßnement, et progressivement revenir à son meilleur niveau. En 2017, il finit à une honorable 60e place aux mondiaux (seniors cette fois) de Bergen. Interrogé cette année-là  par l'AFP sur son sentiment de porter les couleurs d'un pays dont il a fui les atrocités, il a affirmé : "Je fais ça pour dire aux gens que la Syrie, ce n'est pas que la guerre. C'est aussi du sport, de la réussite.
Depuis 2017 et sa 60e place, il progresse un peu plus chaque année : 53e à Innsbruck en 2018, 50e à Harrogate l'an dernier. Il faut dire qu'il a trouvé en Suisse les infrastructures et l'environnement qu'il faut pour s'épanouir dans son sport. "J'ai refait ma vie ici pour le moment puisque c'est ici que j'étudie et que je pratique ma passion du cyclisme. J'ai d'abord appris l'Allemand à l'école. Maintenant, j'essaie de travailler un petit peu aussi en attendant d'intégrer l'Université à la rentrée" avait-il déclaré à Direct Vélo en 2018.
Ahmad Wais n'est plus rentrĂ© en Syrie depuis son dĂ©part de Damas en 2014. Il est "recherchĂ©" par son pays pour avoir "manquĂ© son service militaire". En Syrie, les hommes de 18 Ă 42 ans doivent obligatoire effectuer leur service. Si bien soit-il Ă Lausanne, il n'oublie pas ses racines et espĂšre que l'environnement sera vite de nouveau propice Ă son retour. "Peut-ĂȘtre qu'un jour, je retournerai en Syrie mais pour le moment, c'est vraiment dangereux".Â
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