24h dédiées aux "héroïnes de l'ombre"
"Vous la connaissez, c'est difficile de lui dire non !", concède Najat Vallaud-Belckacem, ministre du Droit des femmes, au bras de Christine Kelly. Dieu sait qu'on la comprend. L'ancienne journaliste, tirée à quatre épingles, affiche un très large sourire, et est familiarisée aux rouages de la communication. En bref, Christine Kelly sait séduire. Elle a également convaincu l'éloquent Pape Diouf, ancien président de l'Olympique de Marseille, d'annuler un déjeuner d'affaire ce lundi matin pour se joindre à la présentation de son épineux combat, ce lundi matin au Comité Supérieur de l'Audiovisuel.
De même que la basketteuse Céline Dumerc, la volleyeuse Victoria Ravva, l'ex-escrimeuse Laura Flessel, le président du CNOSF Denis Masseglia, la ministre des Sports, de la Jeunesse, de l'Education populaire et de la Vie associative Valérie Fourneyron... Bref, que du beau monde, mais qui ne sera pas de trop. Car si Christine Kelly sait convaincre, elle s'est attaquée aujourd'hui à la question complexe de la parité médiatique dans le sport. Avec comme idée directrice, l'énonciation d'une injustice :"Pourquoi lorsque la performance est là chez les filles, les médias la passent sous silence ?"
Le chiffre : 7% du sport diffusé est féminin
Pour Najat Vallaud-Belckacem, porte-parole du gouvernement, cette journée de présentation des "24h du sport féminin" ne pouvait tomber plus à pic. Vendredi, la benjamine du gouvernement s'était félicitée du large accord autour de son projet de loi pour l'égalité hommes-femmes, qui témoigne l'ambition réaffirmée de renforcer la parité dans tous les domaines (politique, publique, économique et social).
Ce n'est en tout cas pas la parité dans le sport - à proprement parler - qui pose souci aujourd'hui. Parmi les licenciés, toutes fédérations sportives et françaises confondues, plus de 50% sont des femmes. Là où le bât blesse, c'est lorsque l'on aborde la question médiatique. Olivier Schrameck, président du Comité Supérieur de l'Audiovisuel, a vilipendé ce matin le déficit de visibilité des femmes sur les chaînes de radios et de télés, brandissant une statistique éloquente :"le sport féminin ne représente que 7% du volume global des programmes sportifs diffusés dans les médias". Pire encore, "95% de cette offre n'est visible que sur les chaînes payantes", renchérit le boss du CSA.
Une véritable "injustice", selon Valérie Fourneyron, qui veut prendre le problème à "bras le corps" : "En terme de carrière et de palmarès, la basketteuse Céline Dumerc n'a rien à envier à Tony Parker. Pourtant, elle ne bénéficie pas de la même renommée dans la presse. Nous voulons donner au sport féminin la place qu'il mérite". Pour apporter sa pierre à l'édifice, la ministre des Sports a annoncé qu'un million d'euros sera mis à disposition des fédérations sportives dans les prochaines semaines, "pour alléger les coûts de productions relatifs à la diffusion des programmes sportifs dans les médias".
Les "24h du sport féminin", une opération pour "donner l'impulsion"
L'ambition de Christine Kelly et de ses ambassadeurs est claire comme de l'eau de roche : il leur faut séduire et convaincre les journalistes de les suivre dans leur combat. Une bataille déjà partiellement gagnée, puisque samedi 1er février, à l'occasion des "24h du sport féminin, Eurosport, Sport + et France Télévisions, en tête, joueront le jeu et diffuseront des manifestations sportives féminines toute la journée. Le groupe public diffusera, entre autres, du football avec la rencontre PSG/Montpellier (France 4, 18h30), du rugby avec une confrontation France-Angleterre (France 4, 20h45), ainsi que plusieurs focus sur le sport féminin dans les magazines de France 2/3 (Tout le Sport et Stade 2) et France ô (Couleurs Sports).
Christine Kelly confie se "réjouir d'une mobilisation déjà importante". Mais elle le sait, la lutte sera sempiternelle, et cette journée consacrée au sport féminin ne constitue en aucun cas l'aboutissement de son combat. A l'issue de la présentation, Anne Fourcade, présidente de l'équipe de Volley du Racing Club de Cannes, s'empare du micro, s'adressant aux journalistes :"Je pensais que ce combat était complètement perdu. Ne nous oubliez pas en route".
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