Roland-Garros 2024 : deux joueurs en deuxième semaine, des têtes d'affiches tombées tôt... Quel bilan tirer des performances des Français ?
Il n'y a plus de Français engagés à Roland-Garros. Mais cette fois-ci, le plaisir a duré jusqu'au début de la deuxième semaine, avec les huitièmes de finale de Corentin Moutet et Varvara Gracheva. Les Français étaient nombreux à être alignés : 28 en tout (17 hommes et 11 femmes). Si les favoris et favorites ont déçu, quelques petites lueurs d'espoir ont émergé lors de cette édition, à deux mois des Jeux olympiques qui se joueront sur l'ocre parisienne.
Cette édition restera surtout comme celle qui a mis fin à une série embarrassante. Cela faisait trois ans qu'il n'y avait plus eu de Français en deuxième semaine du tournoi, avant que Varvara Gracheva et Corentin Moutet ne stoppent l'hémorragie. "C’est le meilleur résultat qu’on pouvait espérer de toute façon", estime Henri Leconte, finaliste des Internationaux de France en 1988. Leur performance n'est pas historique, mais signe un rebond par rapport à l'édition 2023. Le public de Roland-Garros a eu droit à quatre matchs gagnés de plus par les joueurs français qu'en 2023 (14 contre 10), l'une des deux pires années de l'histoire du tennis français porte d'Auteuil, avec 2021, sans aucun joueur au 3e tour.
"Je ne vais pas vous dire que je suis ravi ou content, tempère Guy Forget, directeur du tournoi de 2016 à 2021. On est tous un peu tristes mais pas autant que [les joueurs et joueuses]. Quand on a des espérances et qu'on se fait sortir prématurément, ça fait un peu mal au ventre." A y regarder de plus près, les parcours de Varvara Gracheva et Corentin Moutet sont des exploits inattendus en forme d'arbres qui cachent la forêt. "Ce qu'ils ont fait est vraiment très positif, et d'ailleurs nous n'avions pas forcément prévu de tels résultats [les concernant]" admet Ivan Ljubicic, ancien coach de Roger Federer et Directeur technique national chargé du haut niveau à la FFT depuis 2022.
La jeunesse doit franchir un cap
A l'inverse, ceux qui généraient le plus d'attentes ont connu une élimination précoce. Des quatre têtes de série engagées dans les deux tableaux, seule Caroline Garcia (n°21) a dépassé le premier tour. Chez les hommes, Ugo Humbert (n°17), Adrian Mannarino (n°22) et Arthur Fils (n°29) ont été éliminés dès leur entrée en lice. "Pour nos deux mieux classés, la terre battue n'est pas leur meilleure surface, on le sait. Mais ils vont être très bons sur le gazon, puis ensuite sur dur", assure Arnaud Clément, consultant pour franceinfo: sport.
D'après lui, le tirage au sort a été particulièrement corsé pour les joueurs français cette année : "Ils n'ont pas été protégés des têtes de série. Ils sont dépendants des tableaux et ont globalement perdu contre plus forts qu’eux. Il n’y a pas eu de surprise, ni dans un sens, ni dans l’autre". Toujours est-il qu'une progression était attendue chez les jeunes espoirs tricolores, d'Arthur Fils (19 ans), Clara Burel (23 ans), Luca van Assche (20 ans) ou encore Giovanni Mpetshi Perricard (20 ans) et qu'ils ont tous quitté le tournoi après un seul match.
"Une nouvelle génération émerge, petit à petit (...) et même si j'aurais préféré les voir gagner des matchs, ils continuent de progresser donc nous allons poursuivre nos efforts et travailler, encore et encore, pour atteindre le plus haut niveau" a promis Ivan Ljubicic.
"Arthur Fils a progressé très vite l’année dernière, un petit peu moins en début de saison. Il y des bases à solidifier, mais il n’y a pas d’inquiétude particulière", relativise Arnaud Clément. "On a des jeunes joueurs et des jeunes joueuses qui vont encore bien progresser, qui sont encore bien perfectibles. C’est le côté encourageant. Essayons de voir le verre à moitié plein", positive Guy Forget.
Depuis les retraites de deux des quatre mousquetaires, Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon, et celle toute proche de Gaël Monfils (37 ans) et Richard Gasquet (38 ans le 14 juin), la France a perdu ses locomotives à Roland-Garros. Pour Henri Leconte, il faudra s'armer de patience avant de voir des Français rejouer les premier rôles dans leur Grand Chelem national : "On parlait de l’ancienne génération, de Jo-Wilfried Tsonga, de Richard Gasquet... et on disait : 'Ils n'arrivent pas à gagner.' Mais eux, ils allaient en demies ou finale de Grand Chelem (...). Il faut bousculer un peu les codes et remettre les choses à plat pour trouver dans quelques années quelqu’un qui peut aller en quarts, en demies, en finale."
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