Roland-Garros 2023 : service, gestion de la pression... Les clés du choc tant attendu entre Novak Djokovic et Carlos Alcaraz
Une finale avant l'heure. Espérée dès le tirage au sort de cette édition 2023, la demi-finale entre Novak Djokovic et Carlos Alcaraz aura bien lieu, vendredi 9 juin, sur le court Philippe-Chatrier. En l'absence du maître des lieux, Rafael Nadal, le Serbe et l'Espagnol comptent profiter de leur deuxième duel en carrière pour atteindre la finale de Roland-Garros. Ils briguent, respectivement, une 23e couronne, qui serait un record en Grand Chelem, ou un premier sacre sur la terre battue parisienne. "C'est le match que tout le monde voulait voir, et moi je voulais le jouer parce que pour être le meilleur, il faut battre les meilleurs", affirme Alcaraz. "Il est sans aucun doute l'homme à battre, donc j'ai hâte de l'affronter", répond Djokovic. Pour franceinfo: sport, notre consultant tennis, Arnaud Clément, évoque les principaux enjeux de cette bataille qui s'annonce de haute volée.
La gestion des moments clés
La principale clé de cette demi-finale sera la capacité des deux joueurs à faire plier leur adversaire dans les moments où cela compte le plus. "Il va forcément y avoir des passages tendus, des fins de sets accrochés et Alcaraz doit arriver à rester juste car on sait que Djokovic a tendance à serrer le jeu quand il le faut", note Arnaud Clément. Depuis le début du tournoi, "Nole" a parfois été bousculé – que ce soit par Alejandro Davidovitch Fokina ou encore Karen Khachanov, qui lui a pris un set – mais il est toujours parvenu à remporter tous les jeux décisifs disputés (5/5 depuis le début de la quinzaine).
"Surtout, il n'a concédé aucune faute directe en cinq jeux décisifs disputés, souligne le finaliste de Melbourne en 2001. Alcaraz sait faire énormément de choses, il a une variété dans son jeu assez extraordinaire. Mais son plus gros défi, c'est d'arriver à utiliser les bons coups au bon moment". D'autant plus que le Murcien a montré qu'il pouvait être victime de petites déconcentrations, comme face à Stefanos Tsitsipas.
"Toute déconcentration se paie cash face à Djokovic. Il est capable de gagner des matchs en étant moins fort que ses adversaires."
Arnaud Clément, consultant pour franceinfo: sportà franceinfo: sport
"Il s'est un peu égaré alors qu'il pouvait gagner le match très très facilement, poursuit le consultant. Ce qui était intéressant, c'est que Carlos a prouvé sa capacité à se ressaisir immédiatement pour conclure sans trembler en quarts. Mais il faut faire attention à ce genre d'erreurs contre Novak car cela pardonnera beaucoup moins : il a une concentration hors du commun, décuplée en Majeur."
La bataille du service
Pour autant, le "Djoker" a des failles, notamment sa mise en jeu. Hormis lors de son huitième de finale contre Juan Pablo Varillas, il n'est jamais pavenu à passer plus de 66% de ses premières balles. "Le rapport de force va dépendre en partie de sa capacité à se protéger lorsque sa première ne passe pas parce que derrière, il risque de se faire agresser par l'Espagnol", prédit Arnaud Clément, pour qui Djokovic a aussi pu se permettre d'avoir du déchet, sachant qu'il avait de la marge contre des adversaires plus faibles.
Côté Alcaraz, la mise en place tactique au service était maîtrisée à la perfection face à Stefanos Tsitsipas, un adversaire contre qui il était en confiance, dans la mesure où il l'a toujours battu. "Il a énormément appuyé sur le revers du Grec mais là, il va devoir trouver autre chose. Avec Djokovic, il va tomber sur le meilleur revers du circuit : un revers à deux mains, capable de prendre les balles plus tôt, au sommet du rebond". Ce sera donc à celui qui saura le mieux s'adapter à son adversaire au fil du match.
La maîtrise psychologique de l'enjeu
Sur le plan psychologique, Carlos Alcaraz peut capitaliser sur le fait qu'il a remporté son unique duel face à Novak Djokovic. C'était en 2022, déjà sur terre, en demi-finales du tournoi de Madrid dans une partie extrêmement serrée. Mais comme il l'a lui-même reconnu après sa qualification, mardi, le contexte est très différent. "C'est toujours bien d'avoir l'historique en sa faveur mais je ne pense pas que cela influence le match d'aucune manière, approuve Arnaud Clément. Au contraire, tous les joueurs sont conscients que battre Djokovic en deux sets, ce n'est pas comme le faire au meilleur des cinq manches".
À commencer par le natif d'El Palmar et son entraîneur, Juan Carlos Ferrero. Selon lui, son poulain est "persuadé de pouvoir gagner contre Djokovic". "Encore heureux, il est numéro 1 mondial quand même, répond Arnaud Clément. Ces déclarations laissent à penser que même Alcaraz ne se voit pas en favori". Pour l'ancien capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis, cette demi-finale décidera "officieusement du statut de meilleur joueur du monde". À ce petit jeu, l'expérience du Serbe qui dispute sa 45e demi-finale en Grand Chelem, contre deux petites pour "Carlitos", est un élément important. "On sait comment Djokovic peut répondre lorsque la pression est maximale. Pour Alcaraz, c'est encore un peu l'inconnu." Une chose est sûre, le vainqueur de la confrontation se présentera comme le principal prétendant à la Coupe des Mousquetaires, dimanche.
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