Roland-Garros 2023 : "J'avais fait une promesse, je me sentais en mission"... Dans les coulisses d'une première finale de Grand Chelem
C'est une étiquette qui ne la quittera jamais. Victorieuse d'Aryna Sabalenka en demi-finales de Roland-Garros, Karolina Muchova a rejoint le club très fermé des finalistes en Grand Chelem. Une terre inconnue pour la joueuse de 26 ans qui défie, samedi 10 juin, la tenante du titre Iga Swiatek (trois finales pour autant de victoires). Avant elle, d'autres champions sont passés par là. Certains n'ont pas eu de seconde chance quand d'autres les ont collectionnées par la suite.
La tête dans la tempête
L'atmosphère d'une fin de Majeur reste unique. Justine Henin se souvient pour francetvsport. "Le vestiaire est assez calme. On sent qu'on arrive au bout. Il y a d'ailleurs la tristesse d'une fin de tournoi quand ça se vide même si c'est magnifique d'être encore en lice", décrit l'ancienne numéro 1 mondiale. Sa première finale à Roland-Garros, la Belge en garde un souvenir intact. "Il y a le rêve de petite fille qui est là, mais il faut que ça soit une inspiration plus qu'un frein."
Ce rêve, ou plutôt cette promesse, c'est celle que fait Justine Henin à sa mère en 1992 dans les tribunes du court central devant la finale entre Steffi Graf et Monica Seles : celle d'être à leur place un jour et de s'y imposer. Françoise décède trois ans après cette promesse. "Je me sentais en mission par rapport à ce que j'avais promis. J'avais ressenti cette envie d'écrire ce moment-là.", explique Justine Henin qui sort gagnante de son duel 100% belge face à Kim Clijsters.
"J'ai gaspillé mon énergie. Si on ne gère pas les émotions, on se retrouve acculé. Ça a été mon plus gros défaut."
Henri Leconteà franceinfo: sport
Son adversaire d'alors, Kim Clijsters, esquisse un demi-sourire. Le temps est passé depuis cette finale perdue en 2003. D'autant qu'il s'agissait de son deuxième échec après sa défaite en finale de l'édition 2001 face à Jennifer Capriati. "C'était tellement différent des autres finales que j'ai pu jouer après. Quand j'étais jeune, l'atmosphère était... oppressante."
Finaliste à l'Open d'Australie en 2001, Arnaud Clément n'a pas été submergé avant son ultime rencontre face à André Agassi. "J'étais calme, plein de confiance. Le matin, je me suis dit : 'Aujourd'hui je peux gagner un Grand Chelem'. J'étais beaucoup plus tendu quelques jours après pour mon premier tour de Coupe Davis face à un Belge, Christophe Rochus. J'étais mené deux sets à zéro et j'étais pétrifié", explique le consultant franceinfo: sport, avant d'ajouter : "Jouer une finale à Melbourne, ce n'est pas la même que si vous jouez une finale de Wimbledon ou une finale de Roland-Garros si vous êtes un Français."
La pression de jouer à domicile, Henri Leconte l'a ressentie de plein fouet en 1988 quand il a atteint la finale porte d'Auteuil pour la première et unique fois de sa carrière en simple. "J'avais joué plusieurs fois le match, la nuit d'avant. Je n'avais pas un entourage extraordinaire à ce moment-là. Ils célébraient plus ou moins tous le fait que je sois en finale alors qu'ils auraient dû le faire après", explique l'ex-5e joueur mondial.
Le poids des mots
Tous les moyens sont bons pour ne pas sortir de sa bulle. "C'est beaucoup de travail de visualisation, des exercices de respiration. Il faut aussi trouver un mot ou une phrase à se dire dans les moments difficiles. Je peux penser en une demi-seconde à mon chien pour me détendre ou me faire sourire et ça me donne un break mental", explique Mary Pierce qui a remporté deux titres du Grand Chelem à l'Open d'Australie (1995) et à Roland-Garros (2000).
"Ma foi m'a beaucoup aidé, comme effectuer une prière avant les matchs."
Mary Pierce, consultante France Télévisionsà franceinfo: sport
L'expérience d'une finale ne s'anticipe cependant pas à tous les niveaux. Sa première finale, Mary Pierce en garde un souvenir amer. "J'ai perdu une finale en 1994 ici, à Roland-Garros. J'étais très tendue par rapport à mon discours à faire en français après. Je n'étais pas aussi à l'aise qu'aujourd'hui. Je pensais beaucoup à ça... que je gagne ou que je perde, je savais que j'aurais à le prononcer", se souvient la Franco-américaine qui a grandi outre-atlantique. La barrière de la langue, Arnaud Clément a su passer outre en 2001. "Comme je ne parlais pas anglais, j'ai préparé un discours où j'aurais un mot à changer si je gagnais ou je perdais", explique malicieusement le consultant franceinfo: sport.
Cette expérience a cependant servi à Mary Pierce. Six mois plus tard, elle a empoché l'Open d'Australie. "Je me suis rappelé que ce que j'avais fait ne m'avait pas aidé. J'ai eu une approche différente, j'ai pensé à autre chose la veille du match", détaille l'ex-joueuse de 48 ans. Quant à Justine Henin, sa victoire l'a libérée. "On prend conscience qu'on l'a fait une fois, donc on est capable de le refaire." Karolina Muchova est prévenue.
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