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Roland-Garros 2023 : après l'ère Serena Williams et la vacance du pouvoir, Iga Swiatek a-t-elle l'étoffe pour régner durablement ?

La n°1 mondiale polonaise affronte la Brésilienne Beatriz Haddad Maia en demi-finale de Roland-Garros, jeudi.
Article rédigé par Emmanuel Rupied, franceinfo: sport - À Roland-Garros
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Iga Swiatek face à Cristina Bucsa durant le premier tour de Roland-Garros, le 30 mai 2023. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Cette année, Iga Swiatek a décidé de se lancer dans la collection de roues de vélo à Roland-Garros. Celle qui défie Beatriz Haddad Maia en demi-finale, jeudi 8 juin, a collé à quatre reprises un 6-0 à une adversaire depuis le début du tournoi, en cinq rencontres. À Roland-Garros, la n°1 mondiale est une patronne incontestée avec ses deux titres remportés sur l'ocre parisienne en quatre ans.

Ses succès, quinze trophées en carrière dont notamment l'US Open, ont permis à la Polonaise de s’imposer au sommet mondial depuis désormais un an sans interruption. De quoi s’installer durablement ? D’autres prétendantes s’y sont cassé les dents. 

Un trône intermittent

"Le pouvoir ne se partage pas", disait Jacques Chirac à propos de sa rivalité avec François Mitterrand quand il était Premier ministre et ce dernier président de la République au début des années 80. En politique comme en sport, la réalité est souvent plus brutale. Viktoria Azarenka, Naomi Osaka, ou encore plus récemment Ashleigh Barty, aucune d'elles n’a réussi à garder le pouvoir sur la longueur, avant l'avènement de Swiatek, et les tâches ont dû être partagées.

La Biélorusse est celle qui a été la plus proactive avec 21 titres dont trois en Grand Chelem sur le circuit avant de se mettre en retrait pour des raisons familiales. Le train est passé. C'est même un TGV en la personne d’Osaka qui a remporté quatre titres majeurs et fait une entrée fracassante, avant de se retirer un temps pour préserver sa santé mentale. L’usure, c’est aussi ce qu’a invoqué Ashleigh Barty quand elle a décidé de prendre sa retraite à seulement 26 ans en mars 2022 après avoir passé trois saisons de suite, presque sans interruption, comme n°1 mondiale et trois trophées en Grand Chelem glanés.

"Il n'y a pas de secret. Tu ne peux pas être au sommet si tu n'es pas totalement dévoué à ton sport tous les jours. Tu dois avoir envie d'apprendre, de travailler dur. C'est un travail de tous les instants."

Kim Clijsters, ancienne n°1 mondiale

à franceinfo: sport

La dernière patronne a mis fin à sa carrière il y a quelques mois. Serena Williams a régné sur le tennis mondial pendant près de quinze ans et mis son empreinte dessus pendant durant presque trois décennies. Avec 73 titres dont 23 Majeurs et une flopée de records, l'Américaine de 41 ans a été d'une régularité hors-norme.

Swiatek, la tête et les épaules

Cette constance, Iga Swiatek la travaille depuis désormais trois ans. "Quand on l'a découverte, elle était déjà très forte mais pas sur toutes les surfaces et elle manquait de stabilité sur l'ensemble d'une saison. Elle a progressé énormément partout", explique Arnaud Clément, consultant franceinfo: sport. Une régularité qu'elle cultive aussi sur le terrain. "Elle est en permanence en train de s'accrocher, elle ne lâche pas un match. Elle se rapproche du caractère de Rafael Nadal car elle a cette même discipline de se battre sur chaque point, quel que soit le score."

"D'autres avant n'ont pas eu cette stabilité, pour différentes raisons. Certaines, c'était dans la tête, d'autres dans le travail. Quand on la voit jouer, on sait qu'il y a une volonté de s'inscrire sur le long terme. On a pu se tromper chez certaines mais, je crois vraiment en elle."

Arnaud Clément, consultant franceinfo: sport

à franceinfo: sport

Propulsée à la place de n°1 mondiale il y a un peu plus d'un an en raison de la retraite surprise de Barty, la Polonaise a dû appréhender un nouveau rôle. Un défi relevé immédiatement. Swiatek s'est offert le luxe de remporter coup sur coup Roland-Garros et l'US Open pour écarter le doute quant à sa capacité à assumer ce nouveau statut. Face à l'ivresse des sommets, la joueuse de 23 ans a aussi mis très tôt en avant la question de la santé mentale et se fait accompagner dans tous ses déplacements depuis 2019 par sa coach mentale Daria Abramowicz

Sur le toit du monde, Iga Swiatek n'est cependant plus totalement seule et la concurrence veille, Aryna Sabalenka en tête. La Biélorusse s'est qualifiée pour les demi-finales des quatre derniers Majeurs qu'elle a disputés et a remporté l'Open d'Australie en début d'année. Celle qui est mathématiquement susceptible de chiper le trône à la Polonaise à la fin de la quinzaine, pourrait retrouver Swiatek en finale. Un 9e duel potentiel aussi explosif qu'essentiel pour la Polonaise. "Quand vous atteignez des sommets, il faut trouver une motivation en permanence pour aller au-dessus. Et sur le long terme, c'est compliqué. Se challenger avec de la concurrence, c'est excitant", détaille Arnaud Clément.

L'Américaine Coco Gauff peut en témoigner. Face à la Polonaise,en quart de finale de Roland-Garros, mercredi, la tête de série numéro 6 disputait son sixième face-à-face. Mais un an après sa finale perdue face à Swiatek porte d'Auteuil, la native d'Atlanta n'a toujours pas trouvé la clé et a dû rendre les armes après deux sets rapides (6-4, 6-2). "On a tellement joué les unes contre les autres que tactiquement on connaît le jeu des autres, mais il faut donc parfois trouver des solutions différentes, ce qui est assez passionnant", expliquait Iga Swiatek, le sourire aux lèvres. Pas de doute, elle s'est prise au jeu et ne compte pas lâcher son trône de sitôt. 

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