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40 ans de la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros : "Les gens crachaient leur lave, le stade était en éruption", se souviennent les commentateurs Jean-Paul Loth et Hervé Duthu

Hervé Duthu et Jean-Paul Loth ont assisté à la victoire de Yannick Noah en finale de tennis Roland Garros, le 5 juin 1983. Le premier commentait le tournoi de tennis, le second était entraîneur de l'équipe de France. 40 ans plus tard, ils gardent un souvenir intact de cette journée.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Yannick Noah après avoir battu le Suédois Mats Wilander et remporté les Internationaux de France de tennis, à Roland-Garros à Paris, le 5 juin 1983. (AFP)

"Ce jour-là, j'étais plus supporter que commentateur", se souvient dimanche 28 mai dans le Club Info de franceinfo le journaliste Hervé Duthu qui commentait la finale de Roland-Garros entre Yannick Noah et Mats Wilander, en 1983 sur TF1. "J'avais demandé à m'échapper de la cabine maudite pour aller voir Yannick transpirer sur le bord du court", ajoute son complice au commentaire, l'ancien directeur technique national (DTN) et entraîneur de l'équipe de France Jean-Paul Loth. Ensemble, ils ont vécu le titre de Yannick Noah dans "un stade en éruption"

franceinfo : Vous commentiez ensemble ce Roland-Garros 1983 mais pour cette finale, Jean-Paul Loth, vous n'étiez pas à l'antenne ?

Jean-Paul Loth : On a commenté des milliers de matchs ensemble, je n'allais pas encore me faire embêter par Hervé pour une finale qui allait être gagnée par un Français ! J'ai lui ai donc demandé s'il voulait bien me permettre de m'échapper de sa cabine maudite pour aller sur le bord du court et voir mon Yannick à trois mètres. Je voulais le voir transpirer ! En tant que DTN et capitaine de l'équipe de France, je voulais être sur le court.

Hervé Duthu, vous vous êtes donc retrouvé seul au commentaire. Comment avez-vous pu mettre la distance nécessaire alors que vous étiez très proche de Yannick Noah ?

Hervé Duthu : Très honnêtement, difficilement ! C'est plus facile à deux. Pendant des années, on commentait plutôt seul et puis, lors d'un US Open où il y fallait commenter plus de 10 heures d'affilée, Jean-Paul m'a donné un coup de main et le duo est resté. Commenter cette finale seul ne me posait pas de problème particulier si ce n'est que j'étais proche de Yannick et de sa famille. Je me suis donc contenté d'accompagner le score et d'avoir peur dans ma cabine. Ce jour-là, j'étais plus supporter que commentateur.

Quels souvenirs gardez-vous des heures qui ont suivi ?

Jean-Paul Loth : Le premier souvenir, c'est de voir le stade en éruption. Les gens crachaient leur lave et sont venus sur le terrain. À ce moment-là, j'ai réalisé qu'on avait accompli ce que j'avais promis au président de la Fédération. En tant que DTN, je m'étais imprudemment engagé sur des victoires en Coupe Davis et en Grand Chelem. Quand Yannick a gagné, il nous a sauvé la vie parce que sinon il nous aurait éjecté de la Fédération. On s'est ensuite rendu compte du monument que ça représentait.

Hervé Duthu : C'était une nuit de chant. Il y avait le groupe Téléphone et beaucoup d'amis. Puis le travail a vite repris. On me demandait de faire venir Yannick Noah au journal de 13h. C'était très compliqué parce qu'il n'aimait trop pas les sollicitations à ce moment-là.

Avec cette fresque inaugurée ce dimanche sur le bâtiment des joueurs rebaptisé "Yannick Noah 1983", la Fédération française de tennis a-t-elle tardé à rendre hommage à Yannick Noah ?

Hervé Duthu : Oui ça a beaucoup tardé. D'autant qu'il y a très peu de vainqueurs français. Avant Yannick, c'était Marcel Bernard en 1946. Il y avait eu des célébrations des Quatre Mousquetaires, de Suzane Lenglen, ou encore de Simonne Mathieu (qui a donné son nom au dernier grand court inauguré à Roland-Garros, en 2019, ndlr.). Mais ce court-là aurait dû s'appeler Yannick Noah. Il aura fallu attendre pas mal d'années pour que Gilles Torreton, élu président de la FFT [Fédération française de tennis] il y a deux ans, décide qu'on célèbre la victoire de Yannick. C'est très important pour lui qu'il y ait à Roland-Garros quelque chose qui reste de lui et de ceux qui l'ont accompagné.

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