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Xavier Dorfman : "Les Japonais ont une propension à la résilience"

L’été 2020 devait marquer la fin d’une olympiade forcément à part pour Xavier Dorfman. Installé à Tokyo depuis 2016, l’actuel Responsable du Haut Niveau de l’aviron japonais essaie de rester le plus zen possible face au report des Jeux. Il se dit prêt à prolonger l’aventure d’une année.
Article rédigé par franceinfo
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Célia Dorfman se souviendra longtemps de son 18e anniversaire. Plus tard, elle pourra raconter que ce 24 mars 2020, elle était à Tokyo avec son frère et sa mère quand Shinzo Abe, le Premier ministre japonais, a annoncé le report des Jeux. Son père, lui était plus au sud, avec ses rameurs sur l’île de Kumamoto. C’est de là qu’il nous a raconté ces dernières heures où tout a basculé.

Tête dans le guidon

"On était en plein processus de sélections, il nous restait 3 jours pour  faire les courses en double et valider la meilleure embarcation. Les rameurs étaient vraiment la tête dans le guidon. Quand on leur a annoncé, je les ai senti abasourdis par l’info, même s’ils s’ y attendaient un petit peu. J’ai tout de suite tenu un discours très positif.
C’est normal que ça les secoue, il va falloir du temps pour récupérer mais je leur ai dit que l’équipe du Japon d’aviron progresse d’année en année. Si on décale d’un an c’est plutôt positif pour nous, contrairement aux grosses équipes qui sont plus en difficulté car elles étaient déjà prêtes, avaient tout planifié. Les grosses écuries auront peut-être du mal à durer un an de plus, ça m’embête pour eux mais on ne peut rien y faire"
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On faisait semblant

Le stage est annulé, tout le monde mis au repos. Le champion Olympique des Jeux de Sydney en 2000 n’imaginait pas un autre dénouement.
"J’attendais que l’annonce arrive, je savais que ce n’était pas possible d’organiser les Jeux. C’est un soulagement, moi je n’y croyais plus, on faisait semblant avec les athlètes. On va prendre le temps afin de se préparer le plus sereinement possible. Ma priorité, c’est les athlètes, mettre en place la meilleure stratégie possible pour bien préparer 2021, essayer de trouver des compétitions à l’automne même si ce n’est pas gagné".

Quatre années passées dans l’archipel, ça vous change un homme. Le rameur fougueux s’est assagi. Il parle japonais, s’est familiarisé avec la culture du pays, a appris à connaître ses habitants.

Surcoût pharaonique

"J’ai l’impression que les Japonais ont une propension à la résilience. Ils se doutaient. Ils sont accros aux infos internationales et se sont bien rendu compte que ça dégénérait partout, pas seulement en Europe, mais aussi aux Etats-Unis et en Afrique. Ici, on n’est pas encore en confinement mais les choses évoluent très vite. Dans ces conditions, il était impossible d’organiser les Jeux dans les meilleures conditions. 
La 2e phase va arriver, comment faire pour décaler les Jeux d’un an ? Je suis inquiet pour l’équilibre budgétaire du Japon, le surcoût va être pharaonique, j’espère qu’il y aura une solidarité internationale pour faire en sorte que ça reste une grande fête"
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Bien que rien ne soit pour l’instant notifié, Xavier Dorfman devrait prolonger d’un an sa mission. D’autant qu’avec sa famille il ne se voit pas "revenir maintenant en France pour se retrouver enfermer dans une maison et péter les plombs".  C’est pourtant ce qui pourrait leur arriver ces prochains jours dans la capitale nippone. Pour l’heure, seule sa fille Célia a prévu de rentrer pour poursuivre ses études en France. Elle fêtera ses 19 ans loin de Tokyo, en espérant que les Jeux s’y tiennent vraiment.

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