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Viktor Ahn, le grand absent que la Corée attendait

Il devait être l'une des stars de ces Jeux Olympiques de PyeongChang. Viktor Ahn ne sera pas de la partie, emporté par le tourbillon du rapport McLaren et du dopage présumé d'Etat lors des Jeux de Sotchi 2014. Rendez-vous manqué donc pour le Coréen devenu Russe en 2010.
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Je me prépare à ces Jeux depuis quatre ans, je ne peux pas laisser tomber”, avait assuré Viktor Ahn au quotidien coréen, le Korea Herald. Las, il semblerait que les échantillons du patineur russe aient été manipulés en 2014 pendant les Jeux de Sotchi. Ce qui devrait le faire perdre ses trois médailles d’or et celle de bronze obtenues il y a quatre ans. Ceci l’empêche aussi de fait de participer aux Jeux de PyeongChang. Les Jeux qui devaient lui permettre de revenir chez lui, en Corée du Sud, puisqu’avant de devenir Russe, Viktor Ahn était Coréen.

Ahn Hyun-soo devenu Viktor Ahn

Jeux Olympiques 2006, Turin, un athlète sud-coréen écrase les compétitions de short track. Ahn Hyun-soo remporte l’or sur le 1 000m, le 1 500m et le relais, échouant “seulement” à la troisième place sur le 500m. Douze ans plus tard, à Sotchi, un Russe répondant au nom de Viktor Ahn réussit le même exploit, dont on connaît désormais les secrets, trois médailles d’or (500m, 1 000m et relais) et une en bronze (1 500m). Ahn Hyun-soo et Viktor Ahn sont la même et unique personne.

Pour comprendre, l’histoire du changement de nationalité de Ahn Hyun-soo, il faut remonter à la fin des années 2000. Meilleur patineur aux JO 2006, Ahn Hyun-soo est victime d’une blessure au genou et manque la qualification pour les Jeux de Vancouver. Malgré des résultats plus que probants lors de son retour, la fédération sud-coréenne refuse de le qualifier. Pour la petite histoire, la Corée du Sud passe de six titres en 2006 à deux en 2010 et de dix médailles à huit. L’athlète entre alors en guerre avec sa fédération et cherche à changer de nationalité pour bénéficier de structures d’entraînement développée et de moyens plus importants. La Russie et les Etats-Unis tentent alors de l’attirer mais le pays de Vladimir Poutine met (beaucoup) plus d’argent sur la table. “La Russie m’offrait de meilleures conditions dans tous les domaines, disait-il à l’époque au Washington Post. J’avais besoin de m’entraîner et de vivre dans une atmosphère tranquille. J’ai trouvé ça ici”. Ahn Hyun-soo devient Viktor Ahn grâce à un décret signé de la main du Premier ministre en poste, Dmitri Medvedev.

Viktor pour Victoire

Pour confirmer son changement de nationalité, le nouveau Russe a donc changer de nom. Mais pourquoi celui-ci ? Viktor Ahn l’a expliqué pour le site de la fédération russe de patinage : “Premièrement, Viktor vient du mot ‘victoire’. C’est symbolique, je veux que ce prénom m’apporte de la chance. Deuxièmement, je connais un Coréen prénommé Viktor qui était très populaire en Russie et très connu en Corée, Viktor Tsoy (un chanteur de rock). Et troisièmement, on m’a dit que les commentateurs russes se souviendraient facilement de ce prénom”.

Et comment oublier ce patineur à la vitesse à peine croyable et à la maîtrise parfaite dans une discipline si aléatoire que le short track ? Pour la Russie, Ahn a donc déjà apporté trois médailles d’or olympiques mais aussi deux titres mondiaux (en 2014). Depuis, il apparaissait en revanche plus en retrait puisqu’il avait terminé seulement cinquième (son meilleur résultat) du 1 500 mètres aux Mondiaux 2015 avant de déclarer forfait pour une blessure au genou en 2016. De plus, il est loin d’avoir brillé en Coupe du monde cette saison. Alors qu’il avait annoncé sa probable retraite après les Jeux de PyeongChang, Viktor Ahn ne bénéficiera même pas d’un ultime tour de piste dans son pays natal.

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